Chapitre 23

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ALANNAH

Assise en tailleur sur le lit, je fixe depuis au moins une bonne vingtaine de minutes le mur devant moi. Les motifs des fissures et des irrégularités de la peinture commencent à me sembler familiers. Mon corps bascule lentement d'avant en arrière, comme un métronome régulier, mais je ne contrôle même plus ces mouvements. C'est mon esprit qui, peut-être, essaie de s'apaiser en imposant à mon corps ce rythme.

Mon cœur, en revanche, refuse de se calmer. Il bat à mille à l'heure, cogne douloureusement contre ma poitrine. Pourtant, ma respiration reste calme, presque déconcertante de régularité. À l'extérieur, je donne l'illusion d'une tranquillité apparente, mais à l'intérieur, c'est une autre histoire. La terreur me dévore de l'intérieur, rongeant chaque partie de mon être.

Cela fait maintenant une semaine que je suis prisonnière de cette pièce, une semaine que je vis avec cet étau invisible autour de moi. Chaque seconde qui passe s'étire en une éternité, et je me surprends à compter les minutes, les heures, sans savoir réellement pourquoi. Les plateaux de nourriture qu'Alex pose sur le bureau sont à peine touchés.

Il entre et sort régulièrement de la pièce, sans jamais dire un mot. Il s'appuie contre le mur, les bras croisés, et dans ces instants la pièce se rempli d'un silence pesant, assourdissant. Au début, je détournais toujours les yeux, incapable de soutenir son regard. Son silence pèse sur moi, plus oppressant que n'importe quel cri.

Mais à force de l'avoir face à moi, chaque jour, j'ai fini par ne plus pouvoir fuir son regard. Après des heures passées dans la terreur, quelque chose a changé en moi. J'ai pris la décision de le fixer droit dans les yeux, de ne plus baisser la tête, de ne plus me laisser écraser par la peur. C'était une petite victoire, certes, mais c'était la seule que je pouvais remporter dans cette bataille. Ses yeux sont froids, insondables, mais je m'y accroche comme à un défi.

J'ignore encore ce qu'il compte faire de moi. Quand il me dit que bientôt je serai libre, une petite partie de moi voudrait le croire, s'accrocher à l'espoir qu'il dit la vérité. Mais une autre partie, plus sombre et plus réaliste, me chuchote que ce sont des mensonges, que la liberté dont il parle n'existe pas.

De l'autre côté de la porte, j'entends des bruits de pas résonner dans le couloir, suivis du cliquetis de la serrure. Mon cœur rate un battement, et je déglutis avec difficulté, attendant patiemment que la porte ne s'ouvre. Mais cette fois-ci, rien ne se passe. Les pas s'éloignent doucement, et la seule chose qui subsiste est un silence oppressant, laissant place à une totale incompréhension.

Je reste immobile, hésitante. Mon esprit se débat entre l'attente et l'action. Je me demande si c'est un piège, si quelque chose m'échappe. Après quelques secondes de réflexion, je trouve enfin le courage de bouger. D'un pas lent et mesuré, presque comme si je testais la solidité de chaque centimètre du sol, je m'approche de la porte.

Ma main, légèrement tremblante, vient saisir la poignée. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, m'attendant à tout moment à être stoppée dans mon élan. Je baisse lentement la poignée, certaine que la porte restera fermée, mais à ma grande surprise, elle s'ouvre sans résistance. Une bouffée d'air froid m'envahit, accompagnée d'une sensation de liberté si soudaine qu'elle me coupe presque le souffle.

Je passe doucement la tête par l'entrebâillement, scrutant le long couloir devant moi. Il est désert, silencieux. L'espace me semble étranger, comme un paysage que je n'avais pas vu depuis des siècles. Après un court moment d'hésitation, je me décide à m'y aventurer. J'avance prudemment, sur la pointe des pieds, essayant d'être aussi silencieuse que possible. Chaque pas me semble lourd, malgré mes efforts pour effacer ma présence.

Lorsque j'arrive au salon, je me fige net. Alex est là. Il est appuyé nonchalamment contre un meuble, un verre à la main. Le bruit de mes pas a dû le prévenir, car son corps se crispe dès qu'il me voit. Un long soupir s'échappe de ses lèvres serrées, comme si ma présence venait briser quelque chose en lui. Sa mâchoire se contracte, et son regard, jusqu'alors indéchiffrable, devient soudain noir, presque menaçant.

Tainted LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant