Chapitre 2

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Léna a rompu avec ma routine ; elle nous a invités, les garçons et moi, à la rejoindre pour un feu de camp. Habituellement, je ne fais pas partie de sa liste d'invités, préférant rester dans mon cocon. Mais cette fois, elle a insisté, affirmant qu'il y avait quelque chose qui pourrait particulièrement m'intéresser. Touché par cette attention, je prends ma voiture pour aller chercher les autres. En nous approchant de la plage, les échos de rires et le crépitement du feu de camp remplissent l'air nocturne. La fête bat son plein, et bien que ce genre d'événement soit loin de ma zone de confort, une part de moi est curieuse de découvrir ce que Léna a à me montrer.

Nous arrivons sur les lieux. Les garçons se dirigent vers le feu de camp et saluent Léna, déjà plongée dans l'ambiance. Moi, je me tiens un peu à l'écart, observant les alentours sans vraiment savoir pourquoi Léna m'a invité. Je m'installe sur une barrière, captivé malgré moi par l'énergie qui émane du groupe. Les rires, les chants, les cris de joie semblent remplir l'air d'une vie que je peine à partager. Plongé dans mon carnet à dessiner les scènes qui se déroulent devant moi, mon regard se pose inévitablement sur Léna. Elle est rayonnante, ses cheveux au gré du vent, sa joie contagieuse alors qu'elle danse et chante avec les autres. Mais c'est elle qui capte toute mon attention. Elle est si naturellement belle, son sourire illuminant la plage. Un garçon s'approche d'elle et joue avec elle. Puis Léna rejoint Léo, et ils entament leur danse traditionnelle autour du feu, un spectacle mêlant rires et complicité. 

Ce sont les deux personnes les plus importantes pour moi. On se connaît depuis longtemps et je ne vois pas ma vie sans eux. Les voir s'amuser ensemble me fait sourire. Le jeune homme de tout à l'heure revient vers Léna et lui offre à boire. Ils s'écartent du groupe, ils discutent, je ne fais pas trop attention. Puis la situation dégénère rapidement. Il devient insistant, essayant de l'embrasser, se rapprochant d'elle de manière intrusive. Léna tente de se dégager, mais il la tient fermement par le bras. Elle lui demande de se calmer, mais il ne l'écoute pas. Sans réfléchir, je me précipite vers eux. Saisissant le type par le col, je l'éloigne d'elle. Il se rebelle, tentant de me frapper, mais je réplique d'un coup de poing qui le renverse au sol. Alors que je m'apprête à enchaîner, Léna me retient par le bras et me dit de laisser tomber. L'homme se relève en m'insultant, Léna sourit et lui demande de partir. Il l'insulte à son tour et quitte la soirée. Léna s'assoit sur le sable, soulagée, et je m'assois à côté d'elle.

« Parfois, je comprends pourquoi tu ne veux pas sortir, les gens peuvent être tellement stupides... Merci d'être venu me sauver encore une fois.

— C'était qui ce con ?

— C'était l'artiste que je voulais te présenter. Malgré son attitude détestable, il a un talent incroyable. J'avais espéré que vous pourriez parler d'art ensemble, mais vu sa véritable personnalité, je doute que ce soit une bonne idée. Viens, je vais te montrer ce qu'il a créé pour ce soir. »

Nous nous levons et nous dirigeons vers un groupe d'arbres ornés de guirlandes électriques multicolores. Suspendues aux branches, il y a une série de photos et de tableaux. Les photos captent des paysages naturels d'une beauté saisissante, dans des couleurs presque surnaturelles, tandis que les tableaux offrent un contraste frappant, dépeignant la réalité sombre de la vie en des teintes obscures, sans trace de blanc. Tout semble froid, presque désolé, en opposition aux paysages éclatants et vivants. Je reste là, captivé par les émotions contradictoires qui se dégagent de chaque œuvre, tandis que Léna me sourit.

« Je me doutais que ça te plairait.

— C'est... incroyable. Comment quelqu'un d'aussi stupide peut-il avoir un tel talent ?

— Tu sais, les gens les plus stupides cachent parfois des trésors insoupçonnés. Mais c'est très rare. »

Je reste captivé par ces œuvres d'art. Mes yeux se détournent un instant vers l'océan, cherchant à rassembler mes idées, quand Léna revient à mes côtés.

« Pourquoi ne viens-tu pas avec nous ?

— Je ne sais pas, je ne me sens pas à ma place.

— N'importe quoi, si je t'ai invité ce n'est pas pour rien, je voulais te voir, on voulait tous te voir alors viens t'amuser avec nous.

— Tu sais que je ne suis pas très sociable, Léna.

— Fais un effort pour moi, s'il te plaît ? »

Son regard suppliant me fait finalement céder. Malgré mon appréhension, elle reste à mes côtés, me rassurant. Elle m'accompagne à ma voiture pour déposer mes carnets. De retour avec les autres, elle me tend un verre. Au début, je me contente de hocher la tête en rythme, puis peu à peu, je me laisse entraîner par l'ambiance avec des gestes encore hésitants. Les garçons se moquent de moi puis me rejoignent dans la danse. Petit à petit, je me détends et me laisse aller à la musique. L'euphorie me gagne, et je sors de ma zone de confort pour discuter avec des inconnus. Léna, non loin, me regarde de manière protectrice, en me laissant m'épanouir à mon rythme. J'ai fait la connaissance de Manon ; on a dansé et discuté ensemble. Elle est sympa, mais je sens constamment le regard de Léna sur moi, empreint d'une émotion que je ne saurais définir. La soirée continue. Finalement, l'alcool se faisant sentir, Léna m'aide à m'installer dans ma voiture, et je m'endors contre Léo qui a bu autant que moi. Malgré mes craintes, je suis content d'avoir participé à cette soirée. J'ai pu m'amuser avec mes amis et je suis impatient de transposer ces souvenirs sur papier.

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