Chapitre 4

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Ce matin, je me réveille avec difficulté, épuisé après avoir travaillé tard sur mes tableaux. Je me prépare rapidement et enfile mon uniforme pour aller au lycée. Arrivé là-bas, je retrouve les garçons qui m'assaillent de questions sur Manon, la fille rencontrée lors de la soirée. J'essaye de leur faire comprendre que je n'ai pas donné suite, mais ils continuent à me taquiner avec elle.

En entrant au lycée, nous nous dirigeons vers les filles, mais Léna n'est pas encore arrivée. Elle a souvent des périodes de retard. Nous avons décidé de ne pas évoquer la soirée pour éviter les complications. On parle de notre week-end, mais les filles ne s'attardent pas trop sur moi, comme si je n'étais pas important ou intéressant à leurs yeux. Elles font plus attention aux autres membres du groupe. Instinctivement, je me braque lorsque les mecs me posent des questions sur mes dernières créations.

Je repense à notre groupe : Léo, Léna et moi, amis depuis la crèche. Léo est tout le contraire de Léna et moi, il est comme un livre ouvert. Il est comme un frère pour moi, je sais qu'il sera toujours là pour moi. Avec l'arrivée de Luc, notre trio s'est agrandi. Luc est venu me parler en premier malgré ma timidité, il a réussi à me faire parler. Il est drôle et avenant, il a une vision de la vie qui m'a toujours plu. Sa bonne humeur constante l'a rapidement intégré parmi nous. Léo, de son côté, s'est lié d'amitié avec Hugo et Paul. Au début, j'ai eu du mal avec Paul et son aura imposante. Il aime être le leader, montrer qu'il est le meilleur, mais au fil du temps, j'ai découvert une facette plus complexe que je n'imaginais. Il est un peu comme tout le monde, il essaye de trouver sa place. Hugo, quant à lui, est une véritable boule d'énergie. Maladroit mais adorable, il est le rayon de soleil de notre groupe.

Léna, de son côté, s'est rapprochée de Lola, Jade, Jazz et Clara. Au début, je m'entendais bien avec elles, surtout avec Clara, qui partageait ma timidité et mon introversion. Nous nous comprenions et nous soutenions mutuellement. Mais en arrivant au collège, la dynamique de notre groupe a changé. Les filles, à l'exception de Léna, semblaient me considérer comme de trop. Au début, elles m'envoyaient des piques, mais les garçons et Léna sont intervenus pour les calmer. Depuis, soit elles sont indifférentes, soit elles me tolèrent.

Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle, et malgré toutes ces années, cela continue de me blesser. Finalement, Léna arrive en courant, me sourit et salue tout le monde. Elle me taquine et me décoiffe avant que nous nous dirigions vers nos cours.

À la cafétéria, nous nous retrouvons tous pour discuter. Léna est assise à côté de moi. La conversation s'anime, on débat sur des séries et des films. Léna et moi construisons des théories que les autres détruisent. Nous défendons nos idées les plus farfelues, tandis que les autres nous contredisent. Nous nous amusons à faire ça.

« Lola : C'est rare d'entendre Edward parler autant. 

Léo : Mais Lola, tu es la reine et c'est pour ça qu'Ed te laissait la parole en se retirant en silence. Lola : C'est vrai Ed ? 

Moi : Non, souvent je n'ai rien à dire. 

Lola : Tu sais c'est mieux quand tu te tais. 

Hugo : Pourquoi tu l'attaques ? Il ne t'a rien fait, arrête de te la jouer. 

Léna : Tu n'es personne avec nous, on te connaît depuis que tu es toute petite, sois sympa. 

Paul : N'est-ce pas toi qui voulais sortir avec lui à un moment ? 

Lola : OK, ok, désolé. 

Jade : Mais pourquoi Edward ne se défend-il pas lui-même ? Il nous parle à peine, il a l'air toujours ailleurs. C'est un fardeau... 

Léna : Arrête de dire des bêtises, il a autant sa place que toi. Vous quatre à part rabaisser, que faites-vous ? Quand votre méchanceté n'est pas là, il parle et il est drôle. 

Paul : Ed fait partie de notre groupe depuis toujours. En plus vous êtes bien hypocrites, depuis des années qu'on est amis avec lui, vous vous plaignez que maintenant. S'il vous dérange, libre à vous de partir. 

Hugo : Et d'ailleurs, samedi soir Edward était le roi de la fête, on s'est amusé comme des fous avec lui et... »

Léo, Léna et moi le regardons avec de gros yeux, et Lola bouillonne de colère.

« Lola : C'était Léna qui a organisé cette fête sans nous inviter ? 

Léna : Il y avait des gens que vous n'appréciez pas et que vous ne comprenez pas, vous êtes trop fermées. Je ne voulais pas leur faire subir votre présence. 

Jazz : N'importe quoi.

 Clara : On ne juge pas les gens sur leur style de vie. 

Léna : Excuse-moi ? 

Moi : Vous vous rappelez cette fille que vous avez constamment critiquée au point qu'elle a dû changer de lycée ? 

Jade : Oh, désolée, c'était ta pote ? 

Moi : Non, mais vous jugez les gens sans rien savoir. Vous cherchez la popularité en rabaissant les autres. Vous manquez tant de confiance en vous à ce point ? 

Lola : Edward, tu vas trop loin.

Luc : Il n'a pas tort, on essaie de vous recadrer parce qu'on tient à vous. Bon, on arrête cette discussion maintenant, elle ne mènera nulle part. »

Les mots de Lola et Jade me blessent plus que je ne veuille l'admettre. Léna, sentant mon agitation, me caresse doucement le dos pour m'apaiser. Tandis que je repense à leurs paroles, je me demande s'il n'y a pas un fond de vérité dans leurs propos. Perturbé, je décide de m'isoler. Je me dirige vers le stade et m'assois dans les gradins, allumant une cigarette en quête de calme.

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant