Chapitre 9

1 0 0
                                    

Au petit matin, vers six heures, le téléphone de Léna sonne.

« Eliott, qu'est-ce qu'il y a ? ... Quoi ? ... Attends, j'arrive. Ed, il faut que tu m'ouvres la porte, c'est urgent. »

J'arrive à peine à me réveiller qu'elle est déjà prête devant la porte. J'ouvre le garage et la laisse sortir. Elle me lance un rapide merci avant de s'élancer en courant. Perplexe, je la regarde disparaître, me rappelant comment elle était partie précipitamment après la fête précédente. J'espère que rien de grave ne s'est produit. Remontant dans ma chambre, j'essaie de me rendormir, mais mes pensées sont entièrement tournées vers elle, une inquiétude grandissante m'envahissant. Incapable de rester allongé, je me dirige vers mon atelier. Là, je commence à la dessiner, encore et encore. Elle est si belle, son âme, sa personne, tout chez elle respire la beauté et la grâce.

Je parcours les messages avec les détails de la soirée, me demandant comment m'habiller. Pas de nouvelles de Léna. J'ai tenté de la joindre, mais elle reste silencieuse, ne répondant ni à mes messages ni à mes appels. Je vais jusqu'à ma voiture quand mon petit frère Loïc m'interpelle.

« Je peux venir avec toi ?

— Non, ce n'est pas une bonne idée.

— Pourquoi ?

— Tu es trop jeune, après papa et maman vont dire que je t'emmène sur la mauvaise pente, que je suis un mauvais exemple, et patati et patata.

— Mais euh...

— Mais euh rien, rentre à la maison et reste le garçon sage, gentil, intelligent et mignon qu'ils adorent. Je dois filer. »

Sans attendre sa réaction, je monte dans ma voiture et pars chercher les garçons. Arrivés près de la plage, les filles ne sont pas encore là. Nous commençons à nous installer, mais l'atmosphère est tendue : Léo et Hugo s'évitent ostensiblement, tandis que Luc et Paul sont absorbés par leurs téléphones. Je m'active autour de la musique, espérant que cela détendra un peu l'ambiance. Lorsque j'ai fini, les filles arrivent, mais Lola se plaint bruyamment.

« Merci, Léna, à cause de toi, on est encore en retard !

— Désolée, problème de voiture, la prochaine fois tu seras le chauffeur, comme ça tu seras contente au lieu de me faire chier.

— Arrêtez, on est là pour s'amuser, normalement. »

Je m'éloigne du groupe et m'assois sur les escaliers de la cabine des sauveteurs, les yeux fixés sur la mer. J'essaie de créer ma propre bulle, loin de l'agitation, partagé entre l'envie de rejoindre les autres et le besoin de m'évader. Alors que je commence enfin à m'isoler, Léna me rejoint, me tendant silencieusement une cigarette. Nous restons là, sans parler, et je ressens sa fatigue et son épuisement.

« Tu n'as pas répondu à mes messages ?

— Désolée, mais j'ai eu une longue journée et je n'ai même pas pris le temps de te répondre. Tu t'es inquiété ?

— Oui, tu es partie comme une furie ce matin sans me donner d'explication...

— Je sais...

— Léna, tu vas bien ?

— Normalement, je t'aurais dit oui, mais je sais que tu ne me croirais pas.

— Parle-moi. »

Elle me regarde, puis inspire profondément.

« Tu sais que je dois gérer mes frères et sœurs pour x raisons.

— Oui, comment vont-ils ?

— Eh bien, ça va être long. Le petit dernier, Théo, va bien. Le seul problème, c'est de trouver une nounou quand je suis au lycée, mais pour l'instant, la voisine le garde. Lia commence à faire des caprices, mais je ne lui en veux pas, elle n'a que 6 ans. Carla commence à faire sa crise d'ado, et les jumeaux, Carly et Elliot, vont bien. Enfin, pour Elliot, je ne sais pas... Il a juste deux ans de moins que moi et à cet âge-là, il a besoin d'avoir un homme à la maison pour le guider, mais bon, mon père... Il est tellement occupé. Avant, on était soudés, on se confiait tout, on n'avait aucun secret, et on s'entraidait. Mais maintenant, il ne veut plus me parler, on n'arrête pas de se prendre la tête et je n'aime pas ça. Elliot est mon pilier dans cette famille, j'ai besoin de lui et il veut juste s'éloigner de moi, et ça me fait mal.

— Laisse-lui du temps, il a besoin de trouver son équilibre, c'est le seul garçon parmi cette grande fratrie féminine. Moi aussi, j'ai un frère du même âge, je peux comprendre. On se connaît déjà, donne-lui mon numéro, on pourra discuter ensemble et il pourra rencontrer Loïc.

— Ça ne te dérangerait pas ?

— Non, j'aimerais que quelqu'un fasse la même chose pour mon frère.

— Merci, Ed, peu de personnes feraient ça.

— C'est normal. J'imagine qu'il n'y a pas que ça qui te tracasse.

— Je ne voulais pas venir, je ne voulais voir personne, je n'ai pas la tête à faire la fête.

— Même pour moi ?

— Arrête, je suis sérieuse. »

J'éteins ma cigarette et j'ouvre mes bras. Elle me regarde en rigolant et se jette dans mes bras. Paul nous regarde, enfin, il regarde Léna pendant que Lola lui tourne autour.

« C'est à cause de Paul ?

— De quoi parles-tu ?

— Tu ne voulais pas venir, c'est à cause de lui ?

— Non, c'est pour d'autres raisons, mais pourquoi tu me parles de Paul ?

— Il est en train de te fixer.

— Ah bon ? »

Elle reste blottie dans mes bras et tourne brièvement la tête vers lui, puis pousse un soupir et revient se caler contre moi.

« Ce n'est pas vrai... Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment, mais il commence à me prendre la tête.

— Il est juste un peu trop protecteur, peut-être ?

— Non, ce n'est pas ça. Il n'est pas habitué à ce qu'une fille ne cède pas à ses avances. Je veux juste qu'il soit mon ami. Je n'ai pas la tête à avoir une relation amoureuse, du moins pas avec lui. »

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant