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Chapitre 40

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Bonne lecture !

* * *

Taehyung avait l'air nerveux.

Jungkook le connaissait bien, maintenant, et même si ce n'était pas perceptible au premier abord, il le remarquait dans les petits détails ; la façon dont il baissait les yeux régulièrement vers sa pizza, la façon dont il donnait des coups de couteau un peu trop brusques, la façon dont il agitait sa jambe sous la table ou la façon dont il buvait un peu trop vite ses verres de vin.

Et si Taehyung était nerveux, eh bien - Jungkook était terrifié.

En apparence, c'était un repas normal entre deux amis. Ils avaient commandé leur pizza (Jungkook avait choisi la pesto-poulet-parmesan qu'il affectionnait tant), ils avaient discuté, Jungkook avait parlé de ce que ça faisait de revenir au travail après une si longue absence (le médecin ayant jugé qu'il était apte à reprendre, il n'avait pas renouvelé son arrêt maladie), Taehyung avait parlé de la difficulté qu'il avait à se remettre au boulot, lui aussi, puis ils avaient enchaîné sur Hoseok et son bras dans le plâtre, sur Namjoon et Seokjin qui pensaient déménager dans un appartement plus grand, sur Yoongi qui leur avait confié qu'il envisageait de demander Jimin en mariage, et finalement, à la fin de la pizza, Jungkook ne savait toujours pas pourquoi Taehyung l'avait fait venir.

Lorsque leur dessert arriva, Taehyung sembla brusquement deux fois plus nerveux, à en croire la façon dont il renversa son verre d'eau sur la nappe rouge à carreaux blancs.

- Merde, grommela-t-il. Désolé, Jungkookie.

- Pas grave, répondit doucement celui-ci. Ça va ?

- Oui, oui, ça va.

Voyant qu'il ne rajoutait rien, Jungkook décida de prendre le taureau par les cornes.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? Tu as dit que tu voulais me parler de quelque chose ?

- Euh... oui...

Brusquement, Jungkook sentit ses mains se remettre à trembler. Taehyung n'avait pas l'air enchanté de la conversation à venir, soit parce qu'il s'apprêtait à dire quelque chose que Jungkook n'allait pas aimer entendre, soit parce qu'il avait peur.

Doucement, il avança la main sur la table, son bras posé sur la nappe mouillée, pour que Taehyung lui prenne la main s'il le voulait, mais il ne le fit pas. À vrai dire, il n'avait même pas l'air d'avoir remarqué.

- En fait... Euh... Jungkookie...

Merde, merde, merde, pensa Jungkook, ne me dites pas que mes pires scénarios sont sur le point de se réaliser, par pitié, je viens juste de sortir de l'hôpital avec un traumatisme crânien et avec la boule à zéro, je ne veux pas que le type que j'aime me dise qu'il ne veut pas de moi...

Pendant un instant, il eut envie de l'interrompre et de lui dire « c'est pas grave, Taehyung, tu n'es pas obligé, je sais déjà que je ne t'intéresse pas, arrête-toi là... ». Mais le moins qu'il pouvait faire, c'était quand même de l'écouter jusqu'au bout.

- Oui ? répondit-il en voyant que Taehyung ne continuait pas.

Il y eut un silence, pendant lequel Taehyung, les yeux baissés, piqua avec force son fondant au chocolat, et Jungkook se demanda combien de temps la torture allait durer ; mais la bouchée de fondant sembla lui redonner des forces, car il releva la tête.

- Je... Je crève de trouille, avoua-t-il avec un petit sourire faible. Mais ce n'est rien face à la trouille que j'ai ressentie quand Hoseok m'a appelé pour me dire que tu avais eu un accident, ou quand j'étais obligé de rester loin de toi et de te laisser tout seul dans cette chambre parce qu'on ne pouvait pas te rendre visite plus de deux heures par jour et j'avais peur que tu t'en ailles sans me dire au revoir, toi aussi. J'ai la trouille, mais cette fois, c'est pour la bonne cause, parce que tu es là, Jungkookie, devant moi, en pleine santé, et c'est un miracle, pour moi, un cadeau du ciel... parce que j'ai vraiment cru que tu allais mourir aussi...