ÂCRE

Chapitre 8

Toms River, New jersey.

Tassie aux côtés de Néthis, endurait les longues minutes devant le logis de leur frère. N'ayant pas pu le joindre de la matinée ils décidèrent d'aller à sa rencontre. La terrible nouvelle du décès de leur sœur était un pavé dans la marre. Et avait fait les grands titres tôt, l'implication de personnes fortunées ameute la presse telle les abeilles sur le miel. Et ils ne désiraient pas que leur frère apprenne la nouvelle ainsi.

Leur relation dégradante ne devait empiéter sur leur rapport avec les autres. Ils se devaient de considérer autrement que leur embrouille. D'où leur laconisme.

Une voix féminine les interpella rompant leur concours tacite du plus impénétrable.

« _ Vous êtres depuis là longtemps ?

Tassie fut stupéfaite de voir Keith, le lieutenant Mayor et un autre homme cheminer dans une égale direction.

_ Qu'est-ce que vous faites ici ? Néthis s'étonna.

_ Nous avons un mandat d'arrêt contre la personne de votre frère. Il est suspecté de meurtre.

Colton agita un papier marqué du cachet du juge.

_ C'est quoi ce torchon ? Vous avez des preuves de ce que vous avancez ? En lui arrachant des mains.

_ Holà ! Calmez-vous monsieur. Nous avons enquêté sur le parcours de Nevie au cours de la journée du samedi, des témoins nous ont affirmé que Réan était en sa compagnie.

_ Non ça n'est pas possible. Je suis allé le voir hier il m'a affirmé ne pas savoir où elle était.

_ Je crains qu'il ne vous ait menti mademoiselle. Demandons-lui face à face ?

Par hasard, Colton actionna la poignée de la porte. A la surprise de tous c'était déverrouillé...

_ Tiens ? C'est curieux.

Les policiers firent signent aux civils de ne pas bouger. Ils sortirent leur armes, sur leur garde poussèrent la porte. Pour eux, un cambrioleur pourrait roder. Il faisait sombre, très sombre et une odeur d'alcool qui piégeait l'atmosphère.

Tassie retint un haut-le-cœur. Pourquoi la maison était-elle libre ? Elle faillit entamer la conversation avec Néthis quand... Subitement, un cri strident retentit.

« _Juste ciel !

Apeuré et prise de court Tassie fonça en trombe dans la maison, avec Néthis à ses trousses. Elle fouilla l'ensemble des pièces à la quête du lieu où le crie surgit. Rien sauf la chambre à coucher où elle tomba nez à nez avec un macchabée.

D'aucun n'aurait envisagé qu'il baignait dans un sommeil éternel. Allongé sur le dos contre son lit, Réan Grams paraissait dormir. Dévêtu à l'exception de son short bleu, son corps enfoncé dans le lit, ses bras pendouillant, ses cheveux ébouriffé, sa couverture parterre.

Le bruit des gants en latex, les pas de Mayor firent battre le cœur de Tassie, amplifiant l'incomparable terreur de la réalité du spectacle déplorable. Colton s'approcha du corps.

_ Il n'est pas mort.

Sa nervosité eut raison d'elle. Colton palpa le cou de Réan, puis secoua la tête.

_ J'aurais voulu le contraire.

Tassie ferma presque immédiatement les yeux. Néthis plongea sa tête dans ses mains. Le désarroi envahi l'air. Le silence régna de longues minutes où l'on pouvait presque entendre l'affliction de leurs larmes coulantes.

Désorienté, la jeune femme mit lentement un pas devant l'autre pour atteindre le lit. Des pilules étaient éparpillées sur le lit et sur le sol. Elle souleva une boîte en carton qui cognait les piédestaux de la table de chevet.

_ Du diazépam 5mg...

Keith qui inspectait les alentours vit un papier reposant sur le bureau de Réan.

_Et une lettre.

Mayor sortit, l'appareil à l'oreille. La cavalerie ne prit pas plus de quinze minutes.

Tassie préféra s'oxygéner sous le poids du choc. Ça faisait deux. Deux de ses proches qui trépassaient en moins de vingt-quatre heures. Un meurtre, un suicide. Comment digérer? Qui était le suivant ?

La sirène de l'ambulance mugissait sans qu'elle ne puisse percevoir. Un tumulte dans son esprit congelait ses sens. Le brancard bariatrique escorta la dépouille.

_ Je crains qu'il ne se soit ôté la vie. J'ai fait une copie.

Keith remettait la lettre couvert d'un sachet à Tassie, tandis que Néthis venait.

_ Ils ont trouvé une ADN étrangère qui ne figure pas dans notre base de données sur elle. Mon équipe et moi allons nous concentrer sur les analyses ADN. Vérifier si ça correspond.

_ Vous n'y pensez pas sérieusement ?

Néthis s'indigna.

_ On a trouvé une seringue et un liquide suspect dans sa cuisine. Et il demeure jusqu'à preuve contradictoire le seul ayant vu la victime dans ses dernières heures.

_ C'est le comble. Dans combien de temps les résultats seront disponibles ?

Tassie nettoya son visage.

_ Au plus grand tard demain...Euh Nevie souffrait-elle d'une maladie respiratoire ?

Les deux parents arquèrent le sourcil.

_ Non jamais. Pourquoi ?

_ Le légiste a conclu une mort par crise d'asthme aiguë. Qui aurait été provoquée par une drogue, le GHB.

_ De l'asthme ? Tassie jeta un regard noir à Néthis. Elle souffrait d'asthme et tu n'en savais rien ?

_ Impossible, elle était en parfaite santé. On a fait un bilan le mois dernier. Son médecin nous a dit que tout était en ordre. Riposta-t-il, dubitatif.

_ Le médecin lui-même ?

Néthis fit quelques pas vers la maison. Il baissa la tête, se pinça l'arête du nez.

_ Ils étaient partis tous les deux. Je n'y étais pas. C'est Réan qui m'a dit que tout allait bien. Et le mois précédent je l'y ai emmené moi-même. Je vous jure qu'elle n'était pas asthmatique.

_ C'est possible de développer la maladie en moins de deux mois ?

_ Oui surtout si on est exposé à ce genre de drogue.

Un rire nostalgique à peine étouffé secoua Tassie, s'empêchant bien que faussement d'houspiller.

_ Je dois rêver. Le frère suicidaire tue sa sœur dépendante au GHB au point d'en devenir asthmatique...

_ Navrée. »