Chapitre 9

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      « Qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi ? Pourquoi était-ce plus fort que moi de me retenir de détruire les autres ainsi que moi-même ? Me suis-je demandé à chaque instant de mon existence où je m'observais m'enfoncer dans ce labyrinthe d'émotions perfides et hideuses.

Qu'ai-je fait qui n'ai pas plu à l'éternel pour qu'il mettre en moi le démon, le mal ? Aussitôt le pardon était réclamé que je pêchais à nouveau... et de la pire des manières possibles.

Ils ont dit que j'étais malade et incurable, que normalement ce n'était pas dangereux mais mon cas était spécial.

Quand je me rappelle ces actes répréhensibles commis envers ma sœur Nevie, ces femmes, j'ai honte. Cependant aucune quantité de culpabilité ne peut changer le passé.

Je ne regrette pas de m'en aller... non je suis persuadé de faire le bon choix.

Car si je répondais devant la justice de ce monde de la manière la plus sévère possible, je recommencerai. Je suis incorrigible.

J'ai lu quelque part que se pardonner c'était faire la paix avec soit même. Si cela signifie de mettre fin à la guerre alors je ne lutterais plus contre mes démons, je leur donnerais le libre arbitre et serais condamné à rester ce montre sans mœurs.

J'ai préféré la lâcheté et la paix au courage et au conflit.

Je n'exige pas la clémence de mes victimes mais leur paix intérieure.

Réan. »

Au lieu de l'amertume, ce fut l'ambiguïté qui prenait place. Tassie ne sut quoi imaginer. À quoi son frère faisait-il référence en évoquant sa maladie ou ses victimes. Avait-il donc vraiment assassiné leur sœur ?

Elle relisait encore et encore le document manuscrit pour déceler le piège, la plus mineur des farces. Le déni était indescriptible.

Les heures passèrent sans que rien ne lui parvienne. Se saurant cru dans une fiction affabuler de toute pièce. Pourquoi l'univers s'amusait-il à s'acharner ?

Effondré dans son lit elle pleurait son malheur, sa colère, son désespoir et de surcroit sa défaite. Que lui échappait-il ?

En l'espace de cinq ans sa sœur était devenue droguée, dépendante, asthmatique et dépressive. Réan, un criminel maladif. Et Néthis... ?

Dire qu'elle avait mal serait un euphémisme. Son cœur courrait littéralement la pleine rupture. Rien ne lui manquait plus que la sensation de dorloter les cheveux de sa sœur, de l'écouter bavarder des heures sur n'importe quel sujet. Comment avait-elle pu se passer aussi longtemps de leur présence ?

Des coups synchroniques s'abattirent sur la porte.

« _ Fiches-moi la paix !

Tassie savait que c'était Néthis. Mais l'envie de le voir n'y était pas.

_ L'auto châtiment n'est pas une solution mûre Tassie. Malgré les murs qui les scindaient, sa faible voix déguisée lui parvenait. Ça fait deux maudits jours que tu es enfermé là-dedans. Sois raisonnable Sissi.

_ Ne m'appelle pas comme ça. Je te l'interdit.

Elle brailla d'une voix abîmée. Sissi était le surnom que lui délivrait Nevie surtout pour l'attendrir, elle seule en avait le droit. Et encore comment avait-elle pu s'en passer aussi longtemps ?

_ Ouvre-moi s'il te plaît. J'ai besoin d'être conforté. »

Tassie avait conscience de son caractère abominable avec sa propre personne et de ses incontinences.

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