Le temps d'une cigarette

2. Se découvrir

Disclaimer : je pense que vous commencez à en avoir l'habitude mais je préfère le préciser, cette histoire est une fiction et ne reflète en aucun cas des idées politiques. 

🎶 Pour la lecture, je vous conseille We are Golden – Mika pour la première partie. Ensuite, Motel 6 de River Whyless.

"En politique comme en amour, il n'y a point de traités de paix, ce ne sont que des trêves" - Duc de Levis.

_______________________________

Une chose était sûre, Gabriel avait gardé son âme d'enfant. Un fait qui lui avait été souvent reproché d'ailleurs. Son côté presque naïf, parfois même un peu gamin, déplaisait. Dans son univers professionnel, il n'y avait pas la place pour l'espièglerie et la jeunesse passait souvent pour de la candeur et de l'incompétence. Si pour certains, son âge pouvait représenter un certain élan de fraicheur, il avait souvent l'impression de ne pas être pris au sérieux, notamment lorsqu'il devait diriger un gouvernement composé en majorité de cinquantenaires. Avant que Bardella n'apparaisse dans l'échiquier politique, il était d'ailleurs considéré comme le plus jeune à une si haute place. Oui, s'il y avait bien une chose que les deux adversaires partageaient, c'était le poids de leur juvénilité. Et ce d'autant plus quand on était quelqu'un comme Gabriel, solaire, enthousiasme et avec un visage très expressif. On pouvait facilement y lire l'amusement, l'ennui, la fatigue, la colère. Il n'hésitait également pas à user de son sourire en coin narquois et de son bagout naturel. Sa spontanéité lui avait souvent valu plusieurs memes sur les réseaux sociaux, réseaux où il adorait d'ailleurs répondre avec amusement aux commentaires ou bien republier des montages sur lui, quitte à parfois surfer sur les contenus viraux. Il avait même parler des fameux édits entre lui et Bardella, c'était dire.

Que sa jeunesse plaise ou déplaise, ce soir, il s'en foutait. Gabriel était surexcité. C'était l'une des premières épreuves des Jeux Olympiques à Paris, le rugby à 7. Et bien-sûr, il avait tenu à y assister. Dire qu'il était fier de pouvoir participer à un événement de cette ampleur était un euphémisme. Fier des athlètes français, fier de voir que les années de travail pour accueillir ces jeux devenaient concrètes, et surtout, fier de pouvoir être aux premières loges pour les compétitions. C'était donc tout naturellement qu'il s'était retrouvé dans la fanzone, debout face au stade, une bière à la main. Il ne portait pas son traditionnel costard, mais une simple chemise bleue et un jean. Ses deux joues étaient ornées du drapeau français. Un peu de chauvinisme ne faisait pas de mal.

L'espace où il se trouvait, qui surplombait le stade, était majoritairement composée de personnes de son statut, dont la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra ; mais l'accès était plus ou moins libre, bien que réservé à une certaine élite. Il avait reconnu quelques politiques ici et là, de tous partis.

Le sport avait le pouvoir de rassembler. Gabriel n'était pas vraiment un grand sportif lui-même (à part si on considérait les parties de FIFA comme un sport), mais il adorait les émotions que pouvait faire vivre la discipline. Fraternité, joie, entraide, détermination... Chacun vibrait, aux couleurs de son pays, mais tous à l'unisson. Sur place, le premier match avait commencé depuis dix bonnes minutes et Gabriel était déjà dans les starting blocks, les yeux rivés sur le terrain. Focalisé sur le jeu, il ne remarquait pas les allées et venues des autres supporters, enfin... ce jusqu'à ce qu'une figure imposante, en costard cravate, passe juste devant lui. Fronçant les sourcils, il releva son regard et... Surprise. Jordan Bardella se tenait juste devant lui. Il serrait la main d'Amélie, un sourire de politesse sur les lèvres. Manquait plus que ça. Le fauteur de trouble pivota légèrement vers son ainé et lui tendit sa main.

- Attal.

Gabriel cligna des yeux plusieurs fois avant de finalement serrer la main que le plus jeune lui offrait. Telle la pluie à la cérémonie d'ouverture des Jeux, Bardella se pointait pour perturber la fête.