4. Se laisser aller - partie 2

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« L'esprit humain a un mécanisme primitif de défense de l'égo qui nie toutes les réalités qui produisent trop de stress pour que le cerveau puisse les gérer. Cela s'appelle le déni. » - Dan Brown.

Musiques conseillées : In My Room - Chance Pena, Night like these - Benson Boone

Bon chapitre !

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Une étoile. Cela faisait 10 minutes que Jordan reposait sur un transat planté sur l'immense terrasse du loft. Deux étoiles. Il regardait le ciel. C'était sa manière à lui de se focaliser sur la réalité et de retrouver un semblant de lucidité. Trois étoiles. Il comptait les astres comme on comptait les moutons, cela dirigeait ses pensées confuses ailleurs. Quatre étoiles. Mais pourquoi s'était-il rendu sur la piste de danse comme un adolescent de 16 ans ? 6 étoiles. Et pourquoi avait-il... Non non, stop, stop. 7 étoiles, 8 étoiles, 9 étoiles. Il avait simplement trop bu. Et quand on boit trop, on fait n'importe quoi. Voilà pourquoi il ne se laissait jamais aller. C'était ridicule, il était ridicule. 10 étoiles. Il espérait sincèrement pouvoir oublier cette soirée en se réveillant le lendemain. Que l'alcool ingurgité serve au moins à quelque chose. 11 étoiles.

- Et bah dit-donc, il a l'air de complètement t'hypnotiser !

Bardella reconnut la voix de Bellamy. Son collègue était visiblement sorti pour fumer. Le député RN fronça les sourcils, se pourrait-il que son comportement déconcertant ait été remarqué sur la piste ?

- Quoi ? Qui ?

- Et bien... Le ciel. Quoi d'autre ?

Jordan souffla du nez, mi-gêné, mi-soulagé. Il laissa cependant la question de son collègue en suspend. En fait, il n'avait rien à répondre. La fatigue et l'alcool avaient complètement raison de lui et les regrets qu'il avait ressenti en entrant dans le loft revenaient au galop. Il n'aurait jamais dû se rendre ici. La soirée avait été sympa, il ne pouvait pas le nier, mais il se détestait vraiment lorsqu'il buvait. C'était un peu comme si les barrières qu'il s'instaurait continuellement explosaient.

- Je vais rentrer. Il se fait tard, dit-il seulement en se levant de son assise, merci pour la soirée.

Il tapota légèrement l'épaule de François, qui hocha la tête et lui souhaita également une bonne soirée, puis il quitta la terrasse. Il ne marchait pas bien droit mais avait au moins repris ses esprits. En descendant les escaliers, il pria pour ne pas tomber sur les autres et pouvoir ainsi se frayer un chemin hors de l'appartement sans qu'on ne le remarque. Il y arriva finalement sans trop de soucis, tous semblaient encore s'amuser sur la piste et la petite foule qui les entourait aidait à sa discrétion. Il se hâta de rejoindre la sortie et quitta l'immeuble. En bas, il sortit son téléphone pour commander un taxi. Le premier pouvait arriver d'ici 40 minutes. Il calcula rapidement son trajet sur Google Maps : 30 minutes à pieds. Il posa le pour et le contre puis se mit finalement en marche. Après tout, ça n'allait pas le tuer.

Au bout de 5mn (pendant lesquelles il luttait contre l'envie de se coucher dans un coin et dormir), une voiture le dépassa, puis s'arrêta à quelques mètres de lui. La vitre arrière de la berline s'affaissa pour dévoiler, avec horreur mais sans grande surprise, le visage de Gabriel.

- Vous faites du tourisme à 2h du matin Bardella ?

- Si c'était le cas, qu'est-ce que cela pourrait bien vous faire ?

Jordan ne s'arrêta pas de marcher. Gabriel fit un signe de la main à son chauffeur pour lui demander de le suivre.

- Allez, montez. Nous pouvons vous déposer à votre hôtel.

Le temps d'une cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant