15. Céder ou résister ?

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Hello !  Vous allez probablement me détester pour ce chapitre, mais je pense qu'il faut en passer par là pour faire réaliser... certaines choses ! 

Musiques conseillées : Ghosts (How can i Move on) - Muse et Life Eternal - Ghost et Bedshaped - Keane

Bonne lecture 

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"Un mystère éternel est une tentation éternelle" - Zhang Xianliang

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Métro, boulot, dodo, telle était la devise du bon parisien travailleur. Pour Gabriel, c'était plutôt métro, boulot, tombeau. Les jours s'enchainaient, encore et encore, mais ne se ressemblaient pas. Depuis la fin de son mandat de Premier ministre, il s'évertuait à prouver qu'il n'était pas obsolète et qu'il était plus que jamais présent sur la scène politique. Cela passait par des réunions à n'en plus finir avec son parti et avec les députés Ensemble dont il était à la tête maintenant. Avec sa rentrée parlementaire revenaient aussi les rencontres avec les militants, ce qui signifiait différents meetings dans toutes les régions de France. Et puis, il gardait un contact étroit avec son Président et avec les ministres encore en place... Enfin, bref, c'était une ritournelle épuisante qui continuait de creuser assidument le dessous de ses yeux. D'un coté, cela lui plaisait un peu. Il était encore plein d'espoir pour la suite, tout le monde connaissait la couleur de ses ambitions, elles tenaient en 4 petits chiffres, une date qui était dans toutes les têtes des hauts dirigeants. Mais d'un autre coté, il était aussi épuisé. Séduire à nouveau les citoyens, comme ses propres collègues et parfois un peu les partis adversaires, cela lui faisait un peu penser à ces nouveaux départs après une histoire d'amour qui avait duré plusieurs années. 

La métaphore n'avait pas été choisie par hasard. Maintenant qu'il n'était plus à la tête du gouvernement, une part de sa vie, longtemps oubliée, lui revenait doucement à la figure : le calme plat de sa vie personnelle. Depuis Stéphane, et cela commençait un peu à dater : rien, 0, nada. Bien que cela l'ait arrangé au début puisqu'il pouvait pleinement se consacrer à carrière, il sentait maintenant le poids de cette solitude lui retomber sur les épaules. Depuis combien de temps ne s'était-il pas réveillé avec la présence d'un homme à ses cotés ? Depuis combien de temps n'avait-il pas souri à l'idée de retrouver quelqu'un le soir, après une dure journée ? 

C'était un amer constat : il était seul, il se sentait seul. Enfin... à une subtilité près. Un charmant détail qui portait le nom d'un politicien insupportable aux idées discutables. Ces dernières semaines avaient été pour le moins... surprenantes. Son rival avait malgré lui éveillé des désirs qu'il n'avait pas ressenti depuis une éternité. Et dans leur intensité, d'ailleurs, jamais. Ce n'était pas tant l'attirance pure, ça, il l'avait bien-sûr connu. C'était plutôt à quel point elle s'enflammait et s'encrait en lui, avec et pour si peu. Au final, à part le contact de leurs mains, ils n'avaient rien partagé de vraiment charnel. Et pourtant, il se sentait en ébullition à chaque regard, chaque sourire, sa présence le déstabilisait et l'apaisait en même temps. Doux paradoxe qui torturait son esprit.

Mais ils se l'étaient dit il y a quelques jours, avec leurs certitudes comme témoin, cela devait s'arrêter là. Il y avait une barrière à ne pas franchir et ils comptaient tous les deux s'y tenir. Et si la vie allait bon train depuis, s'il fumait peut-être toujours trop, si les cafés s'avalaient comme des bonbons, et si le monde continuait de tourner, il se sentait bien vide à l'intérieur. Un vide crée par l'impossibilité d'un plus avec Jordan, ou un vide plus antérieur, celui qui l'amenait à se dire qu'il aimerait juste pouvoir tenir la main d'un homme qui serait sien ?

Peut-être devrait-il être un peu plus ouvert ? Des demandes, il en avait, il n'était pas aveugle. Des hommes gays, dans le placard ou non, il n'en manquait pas au sein du microcosme politique. Des hommes qui pouvaient lui plaire en revanche... Mh. Bof. Gabriel avait besoin de plus que l'illusion fugace d'une attraction physique, il avait besoin d'une réelle connexion. Mais peut-être devait-il changer un peu son état d'esprit, au risque de finir seul et malheureux, avec son chien et L'amour est dans le pré à la télé comme seuls compagnies. Bien qu'il aimait Volta de tout son coeur, il aurait parfois aimé pouvoir partager ses promenades canines matinales avec quelqu'un.

Le temps d'une cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant