La crainte du passé

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Barcelone, fin septembre, année 20xx

"Nous sommes arrivés à destination, monsieur ! Ça fera 50 euros !"

Rin passa sa carte sans contact puis sortit du véhicule, ignorant le regard outré du chauffeur Bêta lorsqu'il ferma avec force la porte du taxi, pour récupérer ses affaires dans le coffre. Il se tourna du côté de l'immeuble dès qu'il eut ses bagages, grimaça en sentant son avant-bras droit le tirailler.

Il sortit fébrilement de l'ascenseur lorsqu'il fut au troisième étage, lieu ou se situait leur appartement, pris d'un mauvais pressentiment. Quand il fut parvenu devant la porte, il essaya de nouveau de le joindre, espérant avoir une réponse, cette fois ci.

Son cœur rata un battement lorsqu'il entendit la sonnerie du portable, celle choisi par Meguru pour identifier son numéro, dans l'appartement clos. Il réitéra son appel, certain que son compagnon n'avait pas entendu en dépit du son que faisait l'appareil, lui qui avait le sommeil lourd – encore plus que d'habitude - depuis quelques mois.

Il remit son portable dans la poche, le faisant presque tomber au passage, au bout de la troisième tentative, son inquiétude grimpant en flèche.

"Meguru! s'écria-t-il en frappant plusieurs fois à la porte. Meguru, tu es là !?"

Il n'eut guère plus de chance, qu'importe à quel point il s'acharnait sur la porte (pour le plus grand déplaisir de leurs voisins). Il se décida à la déverrouiller, au prix de quelques efforts de par son état de stress, se précipita à l'intérieur dès que ce fut fait.

Il parcourut toutes les pièces de l'appartement sans cesser de crier de nom de son mari, à la recherche du moindre signe. L'odeur aigre des phéromones de l'Omega, bien qu'à peine perceptible, ne l'aidait pas à se calmer.

Il fini par se diriger du côté de leur chambre, dans laquelle les odeurs d'agrumes et de lait étaient la plus forte, se figea à l'entrée de la pièce, restée grande ouverte.

Il alluma d'une main tremblante la lumière, recula presque en y voyant le chambardement. Après tout, même si Meguru adorait nicher dans leur lit, jamais il n'avait laissé toutes leurs affaires éparpillées ainsi. Il aperçu sur le lit, dépourvu de tout linge, le téléphone de son partenaire. Il s'avança dans la chambre pour le récupérer, s'arrêta à un pas du lit en sentant un craquement, sous son pied.

Il baissa la tête pour voir sur quoi il avait marché, les yeux écarquillés de surprise en voyant qu'il s'agissait de l'iPad qu'il avait offert à son mari, deux années plus tôt. Il s'agenouilla pour l'examiner plus attentivement, interdit, sachant à quel point Meguru en prenait soin, à la vue de l'écran en très mauvais état.

Il alla s'asseoir sur le lit d'un pas lourd, le cerveau bouillonnant à mille à l'heure, incertain de ce qui aurait pu causer un tel manque d'inattention de la part de l'Omega.

Il n'avait pas pu apprendre ce qu'il s'était passé après son dernier match, n'est-ce pas ?

Il fut sortit de ses sombres inquiétudes par la vibration du téléphone de Meguru, sur le lit, signalant la réception d'un message. Il prit sans plus attendre l'appareil dans ses mains, irrité en constatant que le dit message provenait de Isagi (maintenant Kaiser).

Cet idiot l'avait déjà harcelé de messages, principalement des insultes, il fallait maintenant qu'il passe par Meguru ?

Il tapota le code pour débloquer le téléphone coloré - date de leur mariage - priant intérieurement d'avoir le temps de trouver ne serait-ce qu'une explication, au vue du peu de batterie de l'appareil.

Le petit salon de l'écriture : les histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant