2. Le Sanctuaire de Delphes

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Sanctuaire de Delphes

« Quelque chose me dit que tu n'auras pas la réponse tant attendue par Corinthe de la part de la Pythie. », commenta Isaak en regardant les ruines noircies de ce qui avait été le Sanctuaire de Delphes. Face à eux, le monde semblait apocalyptique, et sans partager l'intégralité des croyances grecques, le jeune homme savait l'importance de ce lieu pour toutes les cités.

« Oui. Ils n'avaient pas menti en disant qu'ils avaient tout détruit. », grommela Kanon, ennuyé par la situation qui annonçait l'échec de la mission qu'il avait acceptée auprès du Roi de Corinthe. Et une mission non remplie signifiait surtout de ne pas être payé, ni lui, ni ses hommes.

Et un soupir échappa à Kanon. Son regard bleuté se posa sur ce qu'il restait du célèbre Sanctuaire de Delphes, un des lieux les plus sacrés du monde grec. Les citoyens de la cité voisine ne leur avaient guère menti. Des temples et des bâtiments sacrés, il ne restait que des ruines noircies par les flammes qui avaient dévoré les lieux durant de nombreuses heures. Et s'il se fiait à ce qu'on leur avait raconté, l'attaque avait été nocturne, rapide et d'une rare violence. Les guerriers responsables de cette destruction avaient été précis dans leurs actions, n'épargnant rien, ni personne. Ils avaient même piller le trésor sacré d'Apollon. De plus, ils s'étaient acharnés à défigurer et détruire les statues des Olympiens présentes en ces lieux sacrés et de culte, quand ils ne les avaient pas juste emportées pour leur valeur marchande. Après tout, les représentations divines étaient souvent réalisées en ivoire, argent, or et pierres précieuses montrant ainsi la valeur que les Grecs accordaient à leurs Dieux et Déesses. Rien n'était trop beau ou trop cher pour une Déité. Mais pour des barbares, cela devait avoir une certaine valeur marchande. En tout cas, les pilleurs ne redoutaient guère la colère d'Apollon, ni celle d'Athéna et de Dionysos. Sinon, ils auraient épargné les Temples, demeures des Olympiens. Kanon eut un autre soupir. Et il avança lentement de quelques pas tout en observant les ruines. Cet événement aurait un retentissement dans toute la Grèce. Delphes était un des Sanctuaires les plus sacrés existants.

« Les Dieux ne pardonneront point cette offense. », grommela Kanon avec une grimace ennuyée. « Ni les cités grecques d'ailleurs... »

« Tu penses à une guerre ? », questionna Isaak en fronçant des sourcils. Cela n'augurait rien de bon pour personne, pas même pour eux qui vendaient leurs services au plus offrant au gré de leurs errances.

« Peut-être... Va savoir ce que les dirigeants des cités peuvent décider en représailles. Cela étant, ils ne pourront guère demander les conseils de la Pythie. », ironisa Kanon avec un haussement d'épaules fataliste.

Isaak roula des yeux au ton employé par son chef. Kanon était fidèle à lui-même et il semblait peu ému par les faits survenus quelques jours plus tôt. En tout cas, il était moins secoué et moins choqué par ce qui s'était passé en ces lieux sacrés que les citoyens qu'ils avaient pu rencontrer en arrivant à proximité du Sanctuaire. C'était presque étonnant au vu du traumatisme que cette destruction semblait faire naître chez chaque Grec. Mais au fond, Isaak savait assez peu de choses de son chef. Et il n'avait jamais vraiment posé de questions. Kanon le payait bien et il n'avait aucun problème avec ses origines non grecques. Tout ce qui comptait pour son aîné était ses habilités guerrières et sa connaissance de la navigation. De plus, travailler avec Kanon permettait à Isaak de voyager par la mer ou la terre. C'était dans son esprit encore jeune comme vivre une épopée digne des héros mythiques, dont on racontait l'histoire en guise d'enseignement aux enfants. Mais en cet instant, en observant les ruines de Delphes, il comprenait l'agacement de son chef. Leur mission, plutôt simple et très bien payée, consistait à venir consulter l'Oracle de Delphes au nom du roi de Corinthe, inquiet du silence des Dieux. Chose, qui par l'action des Barbares, était devenue totalement impossible.

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