4. L'éveil des Olympiens

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Cité d'Élis

Serrant le plateau en argent entre ses doigts de nacre, Pandore regarda l'entrée du Temple du dieu Hadès. La nuit avait étiré son voile sombre depuis quelques heures. Et les prêtres avaient pratiqué le rituel d'offrande à l'Olympien, sacrifiant un couple de moutons sous la lumière pâle de la lune. La viande avait été ensuite cuite avec beaucoup de soin sur l'autel, et les plus beaux morceaux avaient comme toujours été réservés pour la Divinité. À côté des morceaux de viande reposaient sur le lourd plat d'autres présents symboliques et précieux, qui devaient apporter à la cité les faveurs de Hadès : des plantes, du parfum, de l'huile, du vin, des statuettes en or décorées de pierres précieuses et quelques bijoux. Rien n'était trop précieux comme cadeau pour une Déité. Tout était enfin prêt pour que Pandore, grande prêtresse de Hadès, entre dans son Temple pour y déposer les offrandes et formuler les prières des habitants d'Élis. Elle aurait droit à une question, qui lui avait été dictée par le roi et les prêtres rejoignant la préoccupation de tous depuis la destruction du sanctuaire de Delphes, à laquelle peut-être l'Olympien accepterait de répondre.

Inspirant profondément et calmement pour diminuer un peu sa nervosité, Pandore avança lentement vers l'entrée. Elle monta les marches derrière l'autel jusqu'à la porte du Temple de Hadès. La jeune femme eut un instant d'hésitation. Vêtue d'une longue toge noire, ses cheveux tressés dissimulés sous un voile aussi sombre que celui de la déesse Nyx, Pandore se fondait admirablement dans les ténèbres s'échappant de l'édifice religieux et l'entourant. Seuls les quelques rares bijoux pendant à ses oreilles et ornant ses bras renvoyaient un éclat doré et lumineux. Lentement, après avoir adressé à l'Olympien une dernière prière, la jeune prêtresse entra dans le Temple et disparut, engloutie par les ombres aux yeux de tous. Elle venait d'entrer dans le Royaume du dieu Hadès. Elle était maintenant seule avec l'Olympien.

Une fois à l'intérieur, Pandore s'arrêta. Elle cligna des yeux pour s'habituer à l'obscurité des lieux, hésitant à avancer jusqu'à l'autel directement pour y déposer les offrandes. Le plateau commençait à peser lourd dans ses mains. Lentement, la jeune femme s'agenouilla et déposa à même le sol le plat en argent recouvert des sacrifices. Et elle prit en main la petite lampe à huile qui éclairait son chemin. Avançant de quelques pas de plus dans le naos, elle alluma les autres lampes à huile présentes dans la vaste pièce rectangulaire. Une fois la pièce éclairée, elle eut un regard circulaire. La lumière traçait un chemin vers l'autel, laissant de nombreuses zones d'ombre derrière les rangées de piliers. Mais Pandore n'avait jamais redouté les ténèbres. Elle se savait protégée par Hadès. Dans le naos, il n'y avait aucune représentation de l'Olympien. À la place de la statue sacrée, qu'on trouvait dans les autres temples, trônait un autel en marbre noir totalement sculpté.

Reprenant son lourd plateau, la jeune femme approcha respectueusement de l'autel, son regard rosé restait fixé sur le sol en pierre polie. Pandore monta les trois marches face à l'autel avant de déposer le plateau en argent sur la table sacrée. Comme à chaque fois, elle constata que les offrandes de l'année précédente avaient disparu. Peut-être que le dieu Hadès venait réellement prendre ce que les habitants d'Élis lui offraient. La jeune prêtresse frotta la table pour s'assurer qu'elle était propre. Puis elle disposa avec soin et selon un ordre précis chaque offrande sur l'autel. Une fois cela fait, Pandore s'agenouilla pour prier. Il était temps de remercier l'Olympien, de lui assurer de la dévotion de son peuple et de lui demander des signes divins pour les guider. Et elle ne pouvait qu'espérer avoir une réponse dans les jours à venir à travers les auspices et autres signes prophétiques envoyés par les Déités.

« Ô Dieu Hadès, protecteur de la cité d'Élis, nous te remercions pour tes bienfaits et ta protection. Nous t'implorons humblement de nous combler à nouveau, pour un cycle d'un an, de tes richesses, de rendre nos terres fertiles et nos murs indestructibles. », pria Pandore avec beaucoup de dévotion dans la voix, les yeux fermés.

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