6. Les Amazones (partie 1)

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Plaines de Thessalie

Dissimulées dans les hautes herbes et les arbustes au pied d'un bosquet d'arbres, les Amazones observaient avec curiosité et une légère méfiance l'étrange groupe près du fleuve. Ce dernier était à première vue composé uniquement de femmes, d'enfants et d'anciens, dont un homme étrangement tout vêtu de blanc et qui semblait avoir l'autorité sur le groupe. Le clan était à première vue protégé par deux guerriers, reconnaissables à l'épée qu'ils portaient à la ceinture et à leur arc à flèches. Mais ce qui intrigua June et ses sœurs d'armes, c'était surtout le fait que cette étrange communauté n'était originaire d'aucune région de la Grèce. En tout cas, ils ne parlaient pas grec, ni un dialecte dérivé de cette langue commune à toutes les grandes cités. De plus, leurs vêtements et parures étaient différents de ce qu'on portait dans ces contrées. À première vue, ces étrangers ne représentaient pas une menace pour les Amazones. Pour autant, elles analysaient patiemment la situation, incertaines si avoir un contact avec ces Barbares était une bonne idée.

Quand les Amazones avaient bifurqué de leur route les menant à Athènes, c'était dans l'espoir de venir jusqu'au fleuve pour permettre aux chevaux de s'abreuver et à elles de faire leurs réserves d'eau. Shaina avait même envisagé de camper sur les berges du cours d'eau. C'était un endroit parfait pour passer la nuit, avec une vue relativement dégagée. De plus, cela leur aurait permis de manger du poisson. Ce qui aurait été un petit changement agréable dans le quotidien de leurs repas. Mais la présence du clan sur la rive les toutes avait incitées à la prudence. Elles s'étaient donc parfaitement dissimulées, telles les chasseresses qu'elles étaient, pour observer les inconnus. Cela étant, à première vue, Shaina jugea qu'ils ne représentaient guère une menace pour son propre clan. C'était une petite communauté apparemment de nomades, s'étant sûrement égarée bien loin dans les terres grecques et qui ne leur apporterait aucun problème. Cependant, ses sœurs et elles restaient sur leur garde et vaguement méfiantes. Bien que chez certaines plus jeunes, comme June, c'était surtout la curiosité qui leur faisait tendre le cou pour mieux voir. Ce qui arracha un léger sourire amusé à Shaina quand elle remarqua le manège de sa cadette.

« Que fait-on ? », questionna Marin avec un regard en coin pour Shaina.

« Rien. On attend leur départ. », répondit la reine des Amazones. « Ils ne sont pas un danger pour nous, et il ne me semble pas qu'ils aient l'intention de camper sur la rive. Ils finiront par partir. »

Marin acquiesça simplement de la tête, la jeune femme n'était pas de nature bavarde, et elle était amie avec Shaina depuis suffisamment longtemps pour pouvoir se passer de mots pour communiquer. De plus, les Amazones chevauchaient depuis des jours, ne s'arrêtant que pour le repos nocturne, menées rapidement vers Athènes par leur reine. Car Shaina avait le sentiment qu'elles devaient atteindre la cité le plus rapidement possible, l'impression d'urgence ne la quittant pas. Elle n'avait donc accordé aucun répit à ses sœurs d'armes depuis la vision sibylline de Marin. Ces dernières avaient comme toujours obéi à ses ordres sans mot, malgré la fatigue qu'elles pouvaient ressentir lors de cette course effrénée. Aucune ne s'était une seule fois plainte des repas restreints à celui du matin et du soir, des trop courts temps de chasse ne leur fournissant que le minimum requis pour se sustenter et des nuits devenues bien courtes. Aucune ne remettait jamais en cause l'autorité de celle que les anciennes avaient élue comme reine, obéissant totalement à chaque ordre. Elles avaient donc toutes maintenu le rythme imposé par Shaina. Et la reine amazone pensait que ce soir une pause plus longue ne pouvait être que bénéfique à toutes. Elle comprenait la sensation de fatigue qui devait animer certaines des guerrières sous ses ordres. Et il était inutile d'arriver totalement épuisées et inaptes au combat à Athènes. Elles avaient déjà parcouru une longue distance et étaient maintenant dans le Sud de la Thessalie. En théorie, sans aucun problème, elles franchiraient les portes d'Athènes dans quelques jours. De plus, Shaina comptait toujours camper sur la rive du fleuve. Si elle avait le respect et l'obéissance de ses sœurs d'armes, c'était parce qu'elle était juste, la meilleure combattante mais surtout apte à prendre soin de son clan. Et elle savait écouter les besoins des autres. Et là son instinct lui disait qu'elles devaient toutes se reposer un peu plus longtemps, et si possible profiter d'un bon repas chaud.

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