40. Réunion

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Wendy

Ça y est, le mois de juin commence. Le printemps va laisser place à l'été. Et dire que c'est en avril que la mission a commencé. Et qu'au final on ne sait toujours pas qui est la fameuse personne qui nous en veut. Entre les piratages, les menaces et le vol de la cargaison. On ne sait rien d'autre.

Voilà maintenant une bonne semaine que ma crise d'angoisse suivie de mes révélations sont passées.

Mes révélations. Bordel. Je n'avais jamais raconté ce qu'il m'était arrivé à quelqu'un. J'en avais un peu parlé à mon frère, mais dans les grandes lignes. Là, j'ai VRAIMENT raconté. Et étonnement ça m'a libérée.

Et sa réaction, putain, je ne m'y attendais pas. Mais ça m'a touchée. Beaucoup. Ça m'a donné du courage. Ses mots, on aurait dit qu'ils avaient été choisis soigneusement pour moi.

C'était fort, ce moment.

Mais voilà, dès que ce moment est passé, je suis redevenue cette meuf froide et sans émotions. Je l'ai insulté dès notre réveil à l'hôtel, collés l'un à l'autre, pour lui faire comprendre que ce moment qu'on avait partagé était terminé. Définitivement.

Je ne sais pas pourquoi.

J'ai envie d'être gentille avec lui.

Et c'est bien ça le problème. Je ne peux pas me permettre d'ouvrir mon cœur à quelqu'un pour qu'il le brise plus qu'il ne l'est déjà. Alors je me protège.

Je fuis.

Je redeviens la connasse du début. Pour mettre des distances avec mon cœur.

Je n'avais jamais ressenti le besoin de m'éloigner. C'est surtout parce que je ne m'étais jamais sentie aussi proche de quelqu'un. Mais aujourd'hui c'est différent. Il est différent. Je suis différente.

Je me laisse tomber dans mon lit et je soupire. Mais je me rattrape vite et me relève. Je suis en retard.

On a une réunion avec le gang dans exactement 30 minutes. Je me suis déjà lavée, coiffée. Il me reste à m'habiller et à me maquiller.

En 10 minutes top chrono. Je m'applique à la tâche en vitesse et en 15 minutes je suis fin prête.

Je dévale les escaliers à toute vitesse, sans tomber. Et me plante devant Kyle qui m'attend, habillé d'une chemise beige et d'un short en jeans.

Il me sonde du regard, dévalant ses yeux sur mon corps. Je suis vêtue d'une robe noire, moulante mais pas trop courte. Son décolleté n'est pas très plongeant mais elle me va bien. Je crois.

Il ne fait aucune remarque et se dirige vers la voiture et monte dedans. Je l'imite et nous partons dans la seconde.

Durant le voyage je sens qu'il ne cesse de me jeter des regards. Putain, il m'énerve. J'ai l'impression que depuis l'hôtel, il ne fait que ça. Est-ce de la pitié ? A-t-il peur que je m'effondre à tout moment ? Si oui.

Je déteste ça. Sentir, voir et entendre la pitié des gens envers vous, c'est horrible. C'est en partie pour ça que je ne raconte pas mon histoire aux gens. Ils pensent que je suis fragile et que je peux me casser à tout moment.

Mais non, je me suis relevée et je veux oublier. Je ne veux pas qu'on me le rappelle à chaque regard.

Je ne veux pas avoir marqué sur mon front : victime.

Ce n'est pas moi.

Alors son regard me met les nerfs.

-Bon, putain stop ! Arrête de penser que je suis qu'une petite merde fragile. Je commence à en avoir marre. Regarde ailleurs si j'y suis, pauvre con.

ParassitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant