Chapitre 7

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Le choc de la mort de maman s'atténua durant les semaines qui suivirent. Nous commencions tous à faire notre deuil progressivement, retrouvant peu à peu une certaine routine.

Un midi, alors que nous étions tous réunis pour le repas, papa avait pris la parole sur un sujet inattendu :

      — Dante, il serait temps que tu deviennes adulte, avait-il lancé, assis en bout de table, à la place du chef de la famille.

Dante continua de manger, levant seulement les yeux vers son frère en haussant un sourcil. Il devait sûrement se demander de quoi mon père voulait parler.

      — Quand comptes-tu faire ta demande à Luisa ? Avait-t-il ajouté, répondant à la question silencieuse de Dante.

J'avais échangé un regard avec Vittoria assise en face de moi. Nous n'en revenions pas que papa ose demander ça à Dante. C'était à notre oncle de décider quand il se sentait prêt pour un tel engagement, ce n'était pas à notre père de s'en mêler. Surtout que papa n'avait pas montré grand intérêt pour Luisa. Elle n'était venue qu'une seule fois et s'était faite harceler de questions gênantes. Je revoyais ses joues rouges d'embarras, son sourire figé et la manière dont elle semblait chercher du soutien dans nos regards. Je n'étais pas certaine qu'elle voulait à nouveau mettre les pieds chez nous et c'était compréhensible.

Après ce premier repas de rencontre, Dante en avait énormément voulu à ses frères. Leur attitude avait mis mal à l'aise Luisa au point qu'elle avait commencé à douter de leur relation. Il me l'avait avoué quelques jours après. Déjà que ses liens avec ses frères étaient tendue, cet incident avait davantage creusé le fossé entre eux. Dante s'éloignait du manoir plus qu'avant. Je sentais qu'il prenait ses distances chaque jour davantage. Et, s'il y avait bien un membre de la famille capable de partir pour de bon, c'était lui.

      — Nous ne sommes pas pressés, nous sommes encore jeunes, avait t-il répondu.

En effet, à cette époque, mon oncle n'avait que 20 ans et nourrissait de grands rêves pour l'avenir. Il était passionné par ses études en architecture et rêvait de parcourir le monde.

     — J'avais 19 ans lorsque je me suis marié à Penelope, avait répliqué Leonardo. Et Orlando avait ton âge lors de son mariage avec Dolores. Nous nous sommes toujours mariés tôt dans la famille, ça n'a jamais été un problème.

Quand il s'agissait de se liguer contre leur troisième frère, Orlando et Leonardo Esposito, qui ne pouvaient pas se supporter en temps normal, devenaient alors les meilleurs alliés du monde.

      — T'as qu'à marier Ruggero alors, lâcha Dante. Ton fils a 19 ans à ce que je sache. Pourquoi lui vous ne lui demandez pas de le faire ?

Ruggero releva la tête de son assiette, devenant enfin attentif à la conversation lorsqu'il entendit son nom prononcé de la bouche de notre oncle.

     — Pourquoi tu réagis ainsi, Dante ? Avait questionné mon père. Tu aimes Luisa, non ? Je ne vois pas le problème avec le fait de la demander en mariage si vous vous aimez.

Dante soupira, exaspéré de devoir encore se battre avec ses frères.

      — Il faut que tu te responsabilises, avait insisté papa. Demande-lui sa main. Si elle accepte, nous vous aiderons à organiser le mariage.
      — Et puis, comme ça, nous pourrions à nouveau voir la compagne de notre cher frère, ajouta Leonardo. Elle arrêtera peut-être de nous fuir.

Dante éclata d'un rire sans joie.

      — Avec l'accueil que vous lui avez réservé l'autre fois, c'est normal qu'elle ne soit pas revenue.

Endless Hunt [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant