Endless Hunt [en pause]

Chapitre 2

Au départ, la vie après papi était assez similaire à celle d'avant.

Malgré cette apparente continuité, quelques changements avaient déjà commencé à se faufiler dans notre quotidien. L'élément le plus marquant étant la reprise de l'entreprise par papa. Il est devenu le nouveau patron, au grand dam de mon oncle Leonardo qui n'avait jamais caché son désir de reprendre les rênes à la place de papa. Avec la disparition de papi, les rivalités pour le contrôle de la société, qui étaient déjà bien présentes, étaient devenues beaucoup plus palpables au sein du manoir. Je me souviens d'un jour où ils étaient dans le bureau de papi, devenu celui de papa. Alors que je passais pas loin de la pièce, je les ai entendu se disputer. Leurs éclats de voix résonnaient à travers les murs. Papa réprimandait Leonardo pour une affaire financière, l'accusant d'avoir manipulé les chiffres pour son propre gain. Priscilla, ma cousine, est arrivée à son tour, sûrement alertée par les cris.

— Pourquoi papa et tonton se disputent ? M'a-t-elle demandé, son visage reflétant son incompréhension.
— Oh tu sais, des affaires d'adultes. Même moi je n'y comprends pas grand-chose.

Je me suis tournée vers elle et lui ai fait un sourire qui se voulait rassurant.

      — Comment ça se fait que tu n'es pas encore couchée ?
      — J'ai du mal à dormir. Je fais beaucoup de cauchemars depuis la mort de papi.

Mon cœur s'est serré et je me suis approchée d'elle.

      — Je peux te faire un câlin ? Lui ai-je demandé.

Sans un mot, elle m'a prise dans ses bras avant que je ne puisse faire de mouvement. Je lui ai rendu son étreinte, ne portant plus d'attention à la dispute qui continuait de se jouer à côté.

      — Tu voudrais regarder les étoiles ?
      — Regarder les étoiles ? Avait-elle répété, intriguée.
      — Au début j'étais comme toi, j'avais peur. Puis, je l'ai commencé à me dire que papi était dans un monde meilleur à présent. Et maintenant, quand je regarde les étoiles, je me dis que la plus brillante d'entres elles c'est papi.

Elle a levée les yeux vers moi et s'est reculée légèrement puis m'a dit avec un petit sourire :

      — Je veux regarder les étoiles.

Ma cousine était très différente de son frère Ruggero. Alors que Vittoria et moi étions bien loin de prétendre à une place sur la liste de succession de l'entreprise familiale, Ruggero, lui, était l'héritier désigné. Son père ne manquait pas de le rappeler au mien : c'était la descendance de Leonardo qui détiendrait le pouvoir. Quant à celle de papa, elle serait condamnée à disparaître. Ruggero en était conscient également. Un soir, alors que Vittoria et moi montions les escaliers pour nous rendre dans notre chambre, il nous a lancé d'un regard condescendant :

      — Vous devez être rassurées de ne pas avoir à travailler pour l'entreprise, ça aurait été compliqué pour vous deux. Les affaires et la gestion ce n'est pas à la portée de tout le monde.
      — C'est toi qui parle ? Tu ne sais rien faire, Ruggero, et tu veux nous faire croire que nous valons moins que toi. Je te rappelle que ton seul point fort c'est d'être né avec une queue entre les jambes, avait rétorqué ma sœur.

Ruggero avait ri devant sa remarque.

      — Je t'assure que même si tu étais née avec une queue entre les jambes, tu n'aurais pas été qualifié. Ta mentalité bornée est vraiment agaçante, parfois tu devrais te la fermer comme le fait si bien ta sœur.

Alors qu'elle allait à nouveau répliqué, il a quitté la pièce ne lui laissant pas l'opportunité de répondre.

      — Non mais le culot, avait-elle marmonné, exaspérée par le comportement de notre cousin. Et lui il n'est pas borné peut-être ?