Chapitre 27 : Goliath

9 0 0
                                    

Goliath

Je crois que je n'ai jamais autant couru de toute ma vie, je suis épuisé. Mes muscles brûlent, mon souffle se fait court, et chaque battement de mon cœur résonne douloureusement dans ma poitrine. Une envie irrésistible de m'allonger par terre dans ce décor sableux me prend soudain, une envie de tout abandonner, de fermer les yeux et de laisser ce désert m'engloutir. Mais je ne peux pas. Pour Cyrielle, pour ce monde, pour tout ce que nous avons encore à sauver, je dois tenir. Désormais, nous marchons côte à côte, comme deux âmes égarées dans cet océan de sable. Nous avons réussi à semer nos ennemis, et c'est déjà un bon point pour nous. Une petite victoire dans cette guerre sans fin.

Nous avons à peine quitté le Monde du Cocatrix, où le danger nous guettait à chaque coin d'ombre, que nous avons foncé dans celui en face, non peuplé. Le paysage désertique s'étend à perte de vue, une vaste étendue aride baignée par la lumière crue du soleil. Le sable, d'un beige doré, forme des dunes majestueuses qui ondulent doucement sous l'effet du vent, créant des motifs complexes et éphémères. Les dunes, certaines hautes comme des collines, se dressent et s'abaissent en vagues harmonieuses, leur surface striée par les ombres longues et étirées.

Là, où la terre devient caillouteuse, le sable cède la place à des étendues plates parsemées de rochers polies, des pierres si anciennes qu'elles semblent porter en elles le souvenir d'un temps révolu. Ces rochers, taillés par les vents incessants, portent les cicatrices du temps. Les vents hurlants ont creusé dans la roche des formes étranges, des sculptures naturelles qui ajoutent au mystère de ce lieu. On dirait presque que ce désert a une âme, qu'il murmure des secrets oubliés à ceux qui osent le traverser. De temps à autre, un buisson d'acacia solitaire brise la monotonie, ses branches épineuses tendues vers le ciel comme des bras suppliants. Leurs feuilles sont rares, petites et coriaces, adaptées à cette sécheresse implacable, comme si chaque plante, chaque pierre, se battait pour survivre dans cet environnement impitoyable.

L'air est sec, brûlant, et chaque respiration semble aspirer l'humidité du corps. Chaque inspiration est une épreuve, une douleur. Je sens ma gorge se serrer, mes lèvres se craqueler sous l'effet de la chaleur. Au loin, les mirages tremblent à l'horizon, faisant danser des reflets argentés qui promettent des étendues d'eau illusoires. Parfois, une tempête de sable surgit, un mur tourbillonnant de particules fines qui obscurcit le ciel, transformant le jour en crépuscule orange. Ce sont des monstres, ces tempêtes. Elles surgissent de nulle part, prêtes à nous engloutir, à nous étouffer sous leur rage. Pourtant, il y a une beauté dans cette violence, une sorte de danse macabre qui captive l'esprit.

Dans cet endroit, le silence est total, à peine perturbé par le souffle du vent ou le cri lointain d'un aigle planant haut dans le ciel, à la recherche de proies inexistantes. Par endroits, des formations rocheuses se dressent, sculptées par les éléments en formes fantastiques : arches naturelles, colonnes et piliers qui semblent défier le temps. Elles évoquent des ruines d'une civilisation oubliée, comme si ce désert avait autrefois été habité, avant que le sable n'engloutisse tout.

La nuit, le désert se métamorphose. La chaleur accablante cède la place à un froid mordant. Le ciel, d'une clarté absolue, se couvre de milliers d'étoiles, un manteau scintillant qui éclaire faiblement le sable endormi. Chaque étoile semble suspendue dans l'air, si brillante qu'on pourrait croire qu'elles sont à portée de main. La lune, lorsqu'elle est pleine, projette des ombres argentées, créant un paysage presque irréel, où chaque détail se dessine avec une netteté surprenante. La lumière de la lune transforme le désert en un royaume d'argent, où chaque grain de sable semble briller de sa propre lumière.

— J'aimerais tellement pouvoir sauver mon royaume, gémit soudainement la princesse fée, sa voix brisant le silence de la nuit.

Ses mots sont chargés de désespoir, une peine que je ressens jusque dans mes os.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant