𝐗|𝐒𝐨𝐫𝐞𝐧

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Soren

Cette expérience restera gravée dans ma mémoire. Je me demande toujours si ce n'était pas Anaïs qui était derrière tout ça, ou bien la personne qui la harcèle. Après tout, elle reste une victime. Quand tout le monde rentre chez soi, je me sens inquiet pour Serena et décide de la raccompagner. Nous marchons en silence, côte à côte. Elle tient le carnet qu'Anaïs lui a confié, un carnet aux pages jaunies et usées. Une part de moi brûle de savoir ce qu'il renferme, mais je me contente de la regarder. Son visage est marqué par une panique persistante ; elle mordille légèrement sa lèvre inférieure et je sens ses tremblements lorsque sa main effleure la mienne.

Nous arrivons enfin à l'arrêt de bus et je scrute l'écran : le bus ne devrait pas arriver avant 15 minutes. Le temps semble interminable alors que le ciel se teinte de plus en plus sombre, annonçant la nuit imminente.

Assis côte à côte sur un banc, le froid commence à nous envelopper. Je regarde Serena, qui fixe le sol, perdue dans ses pensées. Soudain, elle relève la tête et, sa voix tremblante brisant le silence, elle demande :

- Dis, Soren.

- Oui ?

- Tu penses qu'on est en sécurité ?

Un frisson me parcourt. La question est chargée de doute et d'angoisse. Je prends une profonde inspiration, scrute notre environnement et hésite avant de répondre :

- Hum... à vrai dire, je ne sais pas.

Serena soupire et baisse la tête, ses épaules s'affaissant sous le poids de l'incertitude. Le silence entre nous devient lourd, presque suffocant. Le bruit distant des voitures et le frémissement des feuilles sous le vent ajoutent à l'atmosphère pesante. Je m'approche d'elle et la prends doucement dans mes bras. Au début, elle semble surprise, son corps se tendant légèrement, mais elle finit par se détendre et accepter mon étreinte.

Les minutes passent lentement, chaque seconde s'étirant en une éternité. Je sens le souffle irrégulier de Serena contre mon épaule et murmure doucement :

- Peu importe ce qui arrivera, on fera face ensemble.

Elle lève les yeux vers moi, une lueur de gratitude éclatant dans ses prunelles sombres. Le bruit d'un moteur se fait entendre au loin, signalant l'arrivée du bus. Nous nous levons, prêts à affronter ce qui nous attend, ensemble.

Le bus arrive enfin. Nous montons à bord et nous dirigeons vers le fond. Les minutes passent, et nous discutons de tout et de rien, comme d'habitude. C'est agréable de parler avec elle sans la présence de Lysandre. D'ailleurs, où est-il en ce moment ?

Finalement, nous arrivons chez Serena. Nous descendons et poursuivons notre conversation jusqu'à arriver devant le restaurant de son père. En m'approchant, je distingue une silhouette devant le restaurant. En observant de plus près, j'ai l'impression de reconnaître la femme que Serena m'a montrée plus tôt. En scrutant son visage, je vois que celui de Serena devient pâle, comme si elle avait vu quelque chose d'horrible. Arrivées face à cette femme, Serena reste silencieuse, tout comme la femme étrange. Soudain, Serena brise le silence :

- C'était bien toi. Dégage d'ici.

- Écoute, Serena, laisse-moi t'expliquer... dit la femme, désespérée.

- Je ne veux rien entendre. Pourquoi es-tu venue ici ? Oh, je vois que tu sais toujours parler, même avec tes putains de drogues.

- J'ai arrêté. Je suis extrêmement désolée de ne pas avoir été sympa avec toi et ton père.

- "Pas sympa" ? Tu te moques de moi ? Tu m'as pourri la vie. J'ai encore les cicatrices de ce que tu m'as fait. Tu as bien fait de partir. Voir ta gueule me dégoûte.

- Serena...

- Non, stop. Si c'est tout ce que tu as à dire, tu peux partir maintenant. Va retrouver ton amant et ta fille.

- Mais tu es aussi ma fille. Est-ce que ton père est là ?

- Je suis ta fille ? Ce n'est pas ce que j'avais entendu il y a deux ans. Et peu importe s'il est là ou non, tu ne le verras pas. Je te l'interdis.

- J'ai quelque chose de très important à lui dire...

- Non, dis-le moi et je lui transmettrai.

- Non, je dois le voir ! crie la femme, le désespoir dans la voix.

- Oh, ton côté violent ressort enfin. Tu es comme ça avec ta petite Nova aussi ? D'ailleurs, c'est bien elle, l'enfant que tu as eue avec l'homme avec qui tu as trompé mon père ?

La mère de Serena reste silencieuse, les yeux rivés sur Serena. Elle commence à pleurer, puis pose ses mains tremblantes sur les épaules de sa fille.

- Je veux revenir avec vous ici. Je regrette tellement de vous avoir laissés pour cet homme violent, qui m'a maltraitée, moi et ma fille. Je sais que je vous ai causé beaucoup de douleur, mais je suis prête à tout pour réparer les choses.

Serena, les larmes aux yeux, rétorque :

- Un homme violent ? Mais tu l'étais aussi ! Je me souviens des coups, des cris... J'aurais bien aimé voir ton sale visage couvert de bleus, comme le mien avant. Tu penses vraiment pouvoir tout effacer d'un coup de sentimentalisme ?

- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, mais j'ai changé. Je ne peux pas effacer le passé, mais je veux essayer de le réparer.

- Réparer quoi ? Tout ce que tu as détruit ? Tu as fait assez de dégâts comme ça.

- Même pour ta demi-sœur, tu nous laisses...

- Je ne connais pas cette personne maintenant. Au revoir.

Serena me tire par le bras vers l'intérieur du bâtiment et ferme la porte à double tour. Elle s'assoit à la table, posant une main sur son front, le coude sur la table. Elle souffle profondément avant de me dire :

- Purée, j'ai honte que tu aies vu ça... ce spectacle ridicule. Désolée.

- Euh, non, ne t'inquiète pas. Ça doit être... compliqué entre vous.

- Ah, c'est clair. Bon, tu veux quelque chose à boire avant de repartir ?

- Non, merci. Il faut que j'envoie un message à Nia pour savoir si elle est bien rentrée.

Je sors mon téléphone et envoie rapidement un message à Nia. Je continue de discuter avec Serena, mais je ne reçois aucune réponse de sa part. Elle répond toujours très rapidement normalement. Peut-être est-elle simplement occupée, ça arrive.

Soudain, je remarque le carnet que Serena tenait plus tôt. Je le fixe, intrigué, et demande :

- Hé, le carnet, il y a quoi dedans ?

Serena se retourne vers le carnet, l'ouvre et le feuillette rapidement. Son visage se trouble alors qu'elle se tourne vers moi.

- Ah, il y a des dates, des croquis et...

Son expression devient de plus en plus confuse, ce qui me rend anxieux.

- Quoi ? Dis-moi !

- Il y a des prénoms... Daniela, d'autres filles, dont Nia et moi aussi...

- Quoi ? Passe-moi ce carnet.

Je prends le carnet des mains de Serena et commence à le feuilleter frénétiquement. Les noms des filles sont tous listés avec des dates à côté. Je m'arrête sur celui de Daniela : la date indique le jour de sa disparition. Mon cœur s'emballe alors que je passe à la date de Nia : c'est aujourd'hui.

Je deviens de plus en plus pâle, les yeux écarquillés de peur. Cela signifie que Nia vient de disparaître aujourd'hui sans que nous nous en rendions compte. Je me sens coupable et terrifié. Je décide de vérifier la date de Serena, mais il n'y a aucune date inscrite. C'est étrange et inquiétant.

- Pourquoi il n'y a pas de date pour toi ? Qu'est-ce que ça signifie ?

Serena semble désemparée, ses mains tremblent.

- Je ne sais pas. Ce carnet... il doit y avoir une explication. Mais en ce moment, je suis aussi perdue que toi.

La tension est palpable. Je suis à bout de nerfs, la situation devient de plus en plus compliquée pour nous.

𝐆𝐇𝐎𝐒𝐓𝐄𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant