Chapitre XXIV : Cœur de légume.

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Shoto :

— Tout est allé tellement vite... Je n'ai rien vu venir. Tout était calme, la voiture est arrivée et j'ai entendu sa mère. J'ai juste eu le temps de tourner la tête et de cligner de yeux que s'est arrivé. Je me souviens encore du crissement des pneus, du bruit des carrosseries et le cri... Il a déchiré l'air et mes tympans. Quand je suis descendu, j'ai vu de plus près..., les pares-chocs déglingués et... il y en avait partout... tellement...

La voix de Bakugo tremble. Je lui jette un regard en coin. Il se mord la lèvre inférieure. Ses yeux sont rougis. Il a pleuré. Kirishima passe son bras autour de ses épaules pour le rassurer. Je le vois bien, il essaie de se retenir. Mais au contact de son ami les larmes qu'il retenait coulent sans bruit sur ses joues.

— Il était inconscient..., reprend-il. Le visage presque paisible, c'était horrible. J'ai cru que je l'avais perdu. Quand il est sorti... du bloc, le médecin a dit que ça irait mais comment je peux croire que ça ira ? Je l'ai vu, couvert de sang ! Je l'ai vu les yeux fermés, le visage tranquille ! J'ai vu le sang étalé sur le tableau de bord. Son sang ! Alors comment un seul instant, je peux me dire que tout ira bien ? Comment je peux être rassuré ?

Il parle sur un ton précipité et mâche ses mots. Il ne cache même plus le flot de larmes qui ravage son visage de plus en plus rouge. De ce que j'ai compris, Midoriya a eu un accident de voiture avant-hier, sous ses yeux. Ça le bouleverse énormément. Tant, qu'il en oublie où il est, qu'il en perd sa fierté. Ce serait mentir de dire que je n'ai pas envie de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout ira réellement bien. Mais ce ne serait pas non plus dire la vérité d'affirmer que je ne me réjouis pas de voir ces larmes le ronger. Enfin, cette part-là est, grandement minime. Parce qu'au fond de moi je sais qu'il pleure le garçon qu'il... aime et que, j'aime aussi.

Kirishima tapote calmement l'épaule de Bakugo pendant que Kaminari le rassure à voix basse. Cette vue est brisante. Je préfère me détourner pour me concentrer sur mes nouilles. Je ne vais plus pouvoir rester attentif de toute la journée maintenant.

***

Le reste de la journée était long. En ce moment j'ai l'impression que tout est long. Lentement je prends mon sac et quitte la salle de classe encore animée. Je n'ai pas arrêté de penser au visage larmoyant de Bakugo et à Midoriya dans sa chambre d'hôpital. J'aimerais aller le voir. Mais acceptera-t-il de me voir ?

Alors que le couloir est plus bourdonnant que jamais, je perçois la voix de Bakugo au-dessus des autres. Intrigué, je m'approche. Il est près des toilettes et fait face à à Kaminari qui lui tient le poignet le regard suppliant.

— Kats, écoute, dit-il calmement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Bakugo réfute en secouant la tête.

— C'est douloureux, poursuit Kaminari, je sais ce que je dit. C'est difficile de rester là impuissant, mais aller lui rendre visite te fera tout aussi mal. Si ce n'est plus.
— Tu comprends pas toi, rétorque Bakugo en se mordant la lèvre. J'ai besoin d'y aller, je ne peux pas rester où j'en suis avec ces horreurs en tête. J'ai besoins de m'assurer qu'il va bien, pour moi.
— Alors..., reprend Kaminari après un silence, je peux t'accompagner.

Bakugo semble marquer une pause. Il réfléchit. S'il souhaite aller à l'hôpital, j'irai avec lui. D'un pas léger je m'avance vers eux. Ils ne me remarquent que lorsque je tapote l'épaule de Kaminari. Il sursaute à mon contact puis se retourne vivement. Quand ses yeux croisent les miens, j'y lis quelque chose que je ne peux pas décrire.

Enchaînés OMEGAVERSE (TodoDekuKatsu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant