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Les yeux dans ceux du garçon, Jeonghan avait déjà les mains tremblantes sous l'œil confus de l'américain qui secoua doucement son épaule, comme si son ami était bloqué dans un rêve.

— Tout va bien ? demanda-t-il tandis qu'il voyait le jeune garçon comme pausé vers quelqu'un.

— C'est lui... fit-il dans un souffle, commençant à tout corréler dans sa tête alors que le garçon sortait de sa vue. — C'était lui...

— Lui de quoi ? Qui ça "lui" ? ajouta Jisoo, une peur grimpante dans les yeux.

Jeonghan semblait avoir perdu la faculté de parler aussitôt la question posée, ce fut donc Seungcheol qui y répondit pour le plus jeune, dans un souffle désolé.

— Celui qui l'a agressé.

Un blanc s'imposa entre eux tous, aucun n'osant prendre la parole après l'atroce révélation.

— Je vais le défoncer. fit Jihoon en commençant à se lever, vite rassis par le plus vieux du groupe.

— Non, tu vas défoncer personne. On ira chez le proviseur expliquer la situation, et si rien ne se passe, on ira au commissariat. Il s'en tirera pas comme ça.

— C'est pas la peine de faire autant... souffla le jeune Yoon, toujours à moitié tourné vers l'endroit où le garçon était passé.

Tous les regards se tournèrent vers celui qui venait de prendre la parole, sourcils froncés.

— Tu plaisantes, pas vrai ? demanda Seokmin, aussi confus qu'inquiet.

Jeonghan secoua la tête, récupérant par cette action des visages surpris, mêlés à l'incompréhension.

— Tu te rends compte de ce qu'il a fait ? Faut faire quelque chose, tu l'as dit toi-même que la situation n'avait jamais été pire ! 

Personne ne comprenait le soudain refus de Yoon, mais celui-ci semblait serein avec son avis, ce qui marqua l'inquiétude plus profondément dans chaque visage. Le groupe ne put renchérir que la sonnerie pour poursuivre la journée de cours retentit. Jeonghan restait dans sa bulle la plupart du temps, des mains sales sur lui qu'il ne pouvait retirer de son esprit, le faisant frissonner par moment, pendant de longues heures qui semblaient passer si lentement aux yeux du jeune garçon, la seule envie de s'enfuir parcourant son cerveau. Il ne voulait que retrouver sa chambre, son cocon, l'endroit ou personne ne verrait ses larmes. Qu'est-ce qu'il luttait pour retenir l'eau qui menaçait de couler de ses yeux mais malheureusement, il ne put se contenir indéfiniment, laissant tomber une goutte sur la chaussée alors qu'il fuyait au galop le lycée derrière ses pas.

Il courra longtemps, jusqu'à sa maison, devant laquelle il s'arrêta un instant pour souffler et sécher ses joues pas mal inondées. Avant même d'appuyer sur la poignée, il entendit des cris à travers les murs, fronçant les sourcils tandis qu'il s'aventura dans l'entrée. Il y découvrit ses deux parents, debout au milieu du salon, se criant dessus sur un sujet que le jeune homme semblait connaître. La mère se tourna vers la porte qui s'ouvrit pendant que le père était trop occupé à souffler, une main sur le front, comme si le monde lui tombait dessus.

— Tu te fiches de son bonheur ?! hurla la femme en pointant Yoon de ses dires, celui-ci avec les yeux humides.

— En quoi ces conneries peuvent-elles lui apporter du bonheur ? Croire être un garçon avec ce corps, quelle bêtise... souffla-t-il, désemparé.

Sans même chercher à en entendre plus, Jeonghan accourut jusqu'à sa chambre, le sanglot à la gorge qui s'échappa une fois la porte fermée dans son dos. Sa respiration s'accéléra, vite, bien vite, trop vite. Il se laissa tomber contre sa porte, pleurant à s'en couper la respiration, l'accumulation de la journée accentuée par ce qu'il entendait au dehors de sa chambre. Il avait le regard vide de sens et la tête endolorie, il avança à quatre pattes jusqu'à son lit et saisit son oreiller dans lequel il s'empressa d'étouffer ses sanglots bruyants. Ses pleurs n'étaient pas la seule chose qu'il étouffait, lui aussi, commençait à le faire, toussant contre le tissu gris à s'en faire cracher. Yoon était inarrêtable. Les minutes s'ajoutèrent au compteur et, rapidement, une heure passa, puis une seconde avant qu'il ne finisse par se calmer, comme s'il n'avait plus d'eau à verser.

𝗇ꪮ𝗍 𝗍𝗁ꫀ 𝗌ꪖ𝗆ꫀ 『𝗒.𝗃ꫀꪮ𝗇𝗀𝗁ꪖ𝗇 & 𝖼.𝗌ꫀ𝗎𝗇𝗀𝖼𝗁ꫀꪮ𝗅』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant