Un seul regard peut métamorphoser un cœur

Chapitre 2 :L'Amour Illusoire

Le sentiment amer de cette nuit de décembre ne m'a jamais vraiment quitté. Malgré les mois qui passaient, je pouvais encore ressentir la douleur cuisante de la trahison, comme une plaie ouverte qui refusait de cicatriser. Pourtant, la vie continuait, et avec elle, de nouvelles expériences et rencontres.

Pendant mon année de première, j'ai retrouvé un garçon que je connaissait déjà il était extrêmement gentil et attentionné. Il était toujours là pour écouter, offrir son soutien et apporter des sourires dans les moments sombres. Sa douceur et sa sincérité faisaient de lui une personne réconfortante et agréable à côtoyer. Nous avons partagé des moments pleins de chaleur et de complicité. Mais au fond de moi, je savais que je n'étais pas réellement amoureuse de lui. Ce n'était pas sa gentillesse ou sa beauté intérieure qui me captivaient, mais plutôt l'idée d'une relation stable et réconfortante qui me rassurait. Mon cœur, encore blessé par la trahison passée, cherchait une béquille plus qu'une véritable connexion.

L'hiver enveloppait la ville d'un manteau de neige, et chaque flocon tombant semblait murmurer des promesses de renouveau. C'est dans cette ambiance feutrée que je retrouvai Kyllyan, un garçon que je connaissais déjà, mais qui prenait tout son sens pendant cette année de première.

Un après-midi, après une journée de cours épuisante, je me rendis chez lui. La chaleur de son appartement m'accueillit, et je le vis, debout dans la cuisine, une tasse de café fumant à la main. Son sourire illuminait la pièce, et je me sentis instantanément réconfortée.

— Tiens, pour toi, dit-il en me tendant la tasse, le regard pétillant.

Je pris la tasse avec gratitude, me délectant de l'arôme qui s'en échappait. Nous parlions, riions, nos éclats de rire résonnant comme une douce mélodie, dissipant les ombres qui planaient sur moi. Kyllyan avait ce don rare de rendre chaque instant plus léger, même les plus sombres.

Après un moment, il se leva pour me raccompagner. Nous marchions dans la neige qui crissait sous nos pas, le silence enveloppant nos échanges. Je savourais la douceur de sa présence à mes côtés, l'écho des mots que nous partagions.

Arrivés devant chez moi, une tension délicate s'installa. Il s'approcha, son regard cherchant le mien. Je pouvais sentir l'électricité entre nous, comme un fil invisible qui nous reliait.

— Merci de m'avoir raccompagnée, dis-je, un sourire timide sur les lèvres.

Sans un mot, il se pencha et m'embrassa. Ce geste, si tendre, me prit par surprise. J'éprouvai une chaleur dans ma poitrine, mais en même temps, une angoisse sourde s'infiltra en moi. Ce n'était pas ce que je cherchais, du moins pas de cette manière.

Les jours suivants, je l'attendais souvent après les cours pour rentrer ensemble. À l'arrêt de bus, nous partagions nos pensées, nos rêves, et nos rires. Un jour, alors que nous étions assis côte à côte, observant les gouttes de pluie s'écraser contre la vitre du bus, il brisa le silence.

— Qui sait... peut-être que dans dix ans, on se retrouvera et on finira notre vie ensemble, lança-t-il avec un sourire rêveur.

Sa phrase flottait dans l'air, me laissant figée. Une promesse d'avenir, un doux rêve teinté d'une naïveté désarmante. Je l'observai, me demandant si son cœur battait aussi fort que le mien. Je lui répondis par un sourire, mais une partie de moi savait qu'il y avait un décalage entre nos aspirations. Ce n'était pas un "nous" que je voyais, mais l'idée d'une relation stable, réconfortante, quelque chose pour combler le vide laissé par une trahison passée.

Puis, il y avait ces soirées où, après une sortie, il m'accompagnait chez moi. La nuit était calme, et les étoiles brillaient comme des diamants dans le ciel obscur. Nous marchions lentement, chaque pas résonnant dans le silence. Kyllyan parlait de ses rêves, de son avenir, sa voix emplie d'une confiance qui me touchait profondément.

Arrivés devant chez moi, je le remerciai, la voix tremblante d'émotions contradictoires. Avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il s'approcha, son regard intense planté dans le mien, et m'embrassa à nouveau. Ce baiser, imprévu et doux, fit vibrer quelque chose en moi, mais il ne fit que renforcer ma certitude : ce n'était pas la profondeur de mes sentiments qui était en jeu, mais un besoin désespéré de réconfort.

Pourtant, tout était tellement beau, si léger. Les rires, les promesses murmurées, la chaleur de ses bras autour de moi. Mais, comme une bulle de savon, cette magie était vouée à éclater. Un jour, tout s'arrêta brusquement. Kyllyan, emporté par ses propres incertitudes, prit ses distances, comme un nuage s'éloignant du ciel.

C'est dans ce silence soudain que je réalisai la vérité : ce que je croyais être de l'amour n'était en réalité qu'un apaisement temporaire, un remède à mes blessures non cicatrisées. La douceur de sa présence m'avait comblée un temps, mais au fond de moi, je savais que ce n'était pas ce grand amour que je cherchais. C'était un répit, une béquille pour traverser une tempête intérieure.

Je restai là, à contempler les souvenirs, le cœur lourd, consciente que les plus beaux moments peuvent parfois masquer une vérité douloureuse. Et je compris, enfin, que l'amour véritable ne se limite pas à la douceur des gestes ou à la chaleur des mots, mais réside dans une connexion plus profonde, une résonance authentique entre deux âmes.