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Irwin se redressa dans son lit, en nage. Il s'essuya son front baigné de sueur d'une main moite et tenta de calmer les battements précipités de son cœur.
Cela faisait presque neuf mois que le même cauchemar hantait le sommeil d'Irwin. En réalité, ce n'était pas vraiment un rêve, mais plutôt un souvenir qui revenait quand il dormait... le souvenir de Leno Tampiar se faisant enlever par les troupes de Breshka. Et cet expérience, Irwin la revivait chaque nuit environ.
Il sauta souplement hors de son lit, traversa la pièce pour aller se planter devant le miroir. Il marcha par mégarde sur un objet posé sur le sol et le ramassa : c'était sa montre. Le minuscule cadran indiquait 23h59, et, une seconde plus tard, minuit s'afficha. Une cloche sonna au loin et Irwin se souvint de la date : 17 septembre, le jour de son anniversaire légal. Légal car, en réalité, Irwin savait qu'il avait douze ans depuis bien plus longtemps. Les événements qui avaient eu lieu en décembre dernier avaient en fait duré un an, même si sur Terre il ne s'était pas écoulé une seule seconde.
Irwin releva la tête et vit dans le miroir le reflet d'un garçon de douze ans mesurant un peu plus d'un mètre quarante-cinq. Ses cheveux bruns emmêlés tombaient sur sa nuque, attendant les ciseaux qui viendraient les égaler un peu, et ses iris verts étincelaient dans la pénombre. Ses yeux étaient cernés et l'adolescent remarqua qu'il était blanc comme un linge.
Irwin avait beaucoup changé en l'espace d'une seule année. À onze ans, il était encore plus petit et plus timide, depuis janvier, ses cheveux avaient poussé, prenant quelques libertés, sa peau avait pris plus de couleurs et il se sentait déjà plus confiant.
L'adolescent se détourna et alla s'asseoir devant son bureau en essayant de faire le moins de bruit possible. Il prit un livre au hasard dans l'étagère au-dessus de sa tête, en l'occurrence Le Hobbit de J.R.R. Tolkien, l'ouvrit à la première page et commença à lire sans se concentrer sur l'histoire.
Dans un trou vivait un hobbit...
*
Lorsque son réveil sonna, Irwin se demanda où il se trouvait avant de se rappeler s'être assoupi sur la première page de son livre. Il soupira, éteignit son réveil qui continuait de jouer un air supposé être allègre, piocha quelques vêtements dans son armoire pour dévaler à toute vitesse les escaliers habillé de pied en cap.
Sa sœur Camelia était déjà attablée, plus occupée à regarder ses notifications sur des réseaux sociaux installés sans l'avis de ses parents qu'à avaler son petit déjeuner.
— Bonjour ! s'écria Irwin.
— Irwin ! s'exclama son père d'une voix amusée. Ta mère est en train de dormir, parle moins fort.
— Désolé.
Il s'assit en face de Camelia pendant que son père Cian ajoutait :
— Et pas de téléphone à table.
— Rien à foutre, marmonna Camelia.
— Tu ne réponds pas comme ça à ton père, en fait, répliqua Cian en arrachant le téléphone des mains de sa fille. Mais qu'est-ce que tu as encore installé ?!
— J'ai seize ans, rétorqua Camelia.
Cian haussa les sourcils puis, passant devant son fils, il dit :
— Joyeux anniversaire, Irwin.
— Merci Papa. Eh, Camelia.
— Quoi ?
— C'est mon anniversaire, aujourd'hui !
— Waw, grommela Camelia. C'est fou comme j'en ai rien à foutre.
— Vocabulaire ! s'exclama Cian en lui faisant les gros yeux.
Irwin haussa les épaules, engloutit quelques tartines, alla se laver les dents, se coiffer et s'installa dans la voiture. Camelia tarda à arriver et Cian fut le dernier à se mettre en place.
Plus tard, à la récréation de 10h, Irwin fit une énième fois face à son vieil ennemi German.
— Tu n'as toujours pas réussi à te trouver des amis ? demanda German.
— Moi, contrairement à toi, je choisis mes amis selon leurs bonnes valeurs humaines, rétorqua Irwin, ennuyé. Je ne prends pas les premiers guignols qui passent par là sous prétexte qu'ils ont l'air cool alors qu'en fait ce sont des imbéciles sous leur masque ridicule.
— Des guignols ? répéta German. J'ai très bien vu le genre d'idiots que tu fréquentes. C'est qui cet imbécile aux cheveux bleus ? Je suis sûr qu'il est gay. Et l'autre là, qui se promène avec des bouquins de la taille de la Bible ? Encore un de ces foutus intellos, je parie. Ah, et puis la Boche avec sa grosse tête blonde ?
— Si je récapitule, répliqua Irwin avec froideur, tu as réussi à faire preuve d'homophobie, de racisme et d'hostilité envers les gens intelligents et cultivés en un temps record. Honnêtement, t'en as pas marre de toi-même ? Ah moins que tu ne prépares le concours du nombre de neurones le plus restreint du monde ?
— C'est de moi que tu parles, le débile de service ?
— Ouais, c'est à peu près ça.
— Alors, c'est ce que je suis d'après toi ? Homophobe, raciste et... hostiles à je-sais-plus-trop-qui ? Tu n'as rien à ajouter ?
Irwin fit semblant de réfléchir.
— Si, rebondit-il. Je voulais te dire que si je gagnais un euro à chaque fois que tu disais quelque chose sans réfléchir, je serais riche et déjà installé aux Bahamas.
— J't'en foutrai, moi, des Baha...
— Mais tu sais même pas ce que tu racontes !
— Et toi, t'es vraiment qu'un gamin qui s'la pète.
— Pardon ? Tu es sûr qu'on parle de moi, là ? Pas de toi ?
German grogna, ouvrit la bouche puis la referma.
— C'est un poisson que tu essaies d'imiter ? ironisa Irwin.
German l'ignora puis déguerpit. Seulement, à la sortie des cours, il fit exprès de renverser le sac de classe d'Irwin.
— Oh, mais ça va pas espèce de... papille ano-urogénitale ?! s'insurgea Irwin.
— QUOI... MAIS... JE... COMMENT PEUX-TU OSER..., balbutia German.
— Non mais tu arrêtes de hurler toi ! s'écria un surveillant.
— MAIS IL...
— Tu es sourd ou ça se passe comment ?!
— IL M'A TRAITÉ DE... PAPI AROGÉNITAL !
Le surveillant regarda Irwin sans comprendre.
— Papi arogénital ? répéta-t-il.
— Papille ano-urogénitale, corrigea Irwin. Cours de SVT de 5ème. Maintenant, je suis désolé, mais mon père m'attend.
*
Arrivé chez lui, Irwin déchira le papier du paquet offert par son père dans la voiture : il s'agissait d'Elathe, l'œuvre qu'il préférait sous forme d'album doté de magnifiques illustrations. Sa mère s'étant absentée, les autres cadeaux attendraient me lendemain.
En revanche, une autre surprise l'attendait... lorsqu'il s'apprêta à entrer dans sa chambre, la porte s'ouvrit sur ses trois meilleurs amis : Karel, Angela et Pjotr.
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Le visage de l'homme masqué
FantasyLe Livre de Leno - Tome 2 - Le visage de l'homme masqué /!\EN COURS/!\ Quatre amis trouveront un nouveau chemin vers un monde parallèle pour sauver un auteur disparu. ***** Depuis neuf longs mois, Irwin, Karel, Angela et Piotr coulent des jours pai...