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Durant les mois qui suivirent, la vie à Ljuba se fit assez morose. Poseide était dans un équilibre précaire, aussi Lanz envoya un régiment de Guerriers pour leur prêter main-forte. Shan lui-même se rendit sur le champ de bataille, accompagné de Soska et de son armée. Le Seigneur se battit maladroitement avec son stylet... mais il était là.
Hélas, Poseide tomba au bout d'une soixantaine de jours de rudes combats. D'après les nouvelles que l'on put avoir, Avec et Argantel défilèrent en héros dans la ville, pendant que Hazel était conduite — par demande du peuple — tant bien que mal à Pta, la capitale militaire, considérée comme une place forte. On fit également parvenir une missive à Lanz annonçant la mort de son frère Lazar. Son corps avait été consumé par le bûcher des assaillants de Clan de l'Eau en même temps que tant d'autres cadavres et de ruines. Son cercueil de marbre, reposant dans le grand tombeau de sa famille, les AzHimel, serait donc vide, ses cendres reposant à tout jamais dans la fosse commune.
Les mois suivants, Lanz s'enferma de longues heures pour penser aux disparus. Flamel semblait de plus en plus mal, il faisait peine à voir. Ces comportements ne leur ressemblaient en rien, mais ils semblaient réellement dévastés par la situation.
Irwin devait avouer qu'il ne se sentait pas si bien non plus. Toutes ces morts commençait à lui peser, et son tempérament sensible n'aidait en rien. De plus, Laszlo s'était lui aussi enfermé dans sa chambre et n'en sortait jamais. Karel passait ses journées à la bibliothèque en compagnie de Pjotr, ne sachant trouver d'autres occupations.
Angela avait, quant à elle, repris son entraînement. Clim, son Mentor, n'avait pas survécu aux Batailles de Poseide, la froide Howela se chargeait à présent de son éducation. L'elfe assurait donc les cours, de façon dure, mais juste et patiente. Elle était avare en compliments autant qu'en critiques négatives : elle ne disait que ce qui lui semblait nécessaire dans l'absolu.
Mais leur existence manquait cruellement d'action, ce que certains avaient du mal à supporter.
— Sérieusement ! d'exclama Karel, un soir, dans la bibliothèque. On ne pourrait pas partir en excursion sur le territoire du Clan de la Terre ? Je serais curieux de voir à quoi ressemblent leurs bicoques, si ça se trouve elles sont faites en boue. Me faites pas croire que Lanzi a pas assez d'argent pour financer un petit congé.
— Crois-moi, il n'y a rie de spécial à voir là-bas, répliqua Leno qui détaillait un atlas elatheois. Et certainement pas de maison faites en boue.
— Ils s'appellent Clan de la Terre, pas Clan de Briques, rétorqua Karel. Ils pourraient faire un effort, ces nuls. Qu'est-ce qu'il y a, au-delà de l'Océan Elatheois ?
— Personne ne le sait ? répondit Leno.
— Ce doit être passionnant d'aller faire un petit tour là-bas, soupira Karel.
— Ça, je n'en doute pas une seule seconde, fit Leno.
— On devrait bien trouver un petit Titanic pour aller faire naufrage sur les côtes d'un continent caché. Bref bref.
Il sauta par-dessus une table et lança :
— La la la schtroumpf la la !
— C'est bon, Karel, on n'a pas besoin de profiter de tes immenses talents de chanteur, le rabroua Angela.
— Saviez-tu que j'étais le descendant de Mozart la grosse mozzarella ? questionna l'interpellé.
— Je te crois sur parole, fit Angela d'un ton cinglant. Et apprends à conjuguer tes verbes, par pitié.
— Oh là là, j'adore la confiance que les gens ont envers moi, ironisa Karel. Et le respect, surtout. On n'en accorde plus autant à Karel le Magnifique.
— Oh, c'est pas vrai, il recommence ! se plaignit Pjotr.
— Oh, c'est pas vrai, il recommence ! le singea Karel d'une voix de fausset. Oh, god damn, for goodness sake ! Seigneur, je défaille !
— Ça suffit ! s'écria Pjotr.
— Je suis Karel le Magnifique, je te rappelle. Alors retourne manger le purin avec les autres fous du village, et parle-moi po-li-ment.
— Ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse, dit sagement Irwin. Confucius.
— Ça n'a rien à voir ! rétorqua Karel.
— Il veut dire que tu devrais arrêter d'être vulgaire et d'avoir aussi peu de tact ! lança Angela.
— Mais j'ai plein de Tic tac, fit Karel. Ils sont chez moi, c'est tout.
— Regardez ! s'exclama Pjotr, désireux de conduire la discussion sur des eaux moins agitées. J'ai trouvé un livre sur les dragons ! Les dessins sont juste magnifiques !
— Tu as raison, approuva Karel.
Pjotr ne répondit pas, sentant que son ami avait laissé sa phrase en suspense.
— On dirait que c'est moi qui les ai faits, précisa Karel.
— Pas du tout, répliqua Pjotr. Si c'était toi qui les avais fait, on aurait sans doute dit des moutons plutôt que des dragons.
— Dis-moi, Pjotrinet le Pjotrounet à sa maman, coupa Karel, si tu devais sauver trois personnes sur toutes celles que tu connais, ce serait qui ?
— Pas toi, déjà, répliqua Pjotr. Ni toi — il regarda Angela —, ni même toi — il se tourna vers Irwin —, non, je pense plutôt au Sardiomage, à Breshka et à Eszter Kaiser.
Karel poussa un juron en allemand si grossier qu'Angela, la seule qui parlait assez bien cette langue pour le comprendre, sursauta violemment.
— Mais... ça ne va vraiment pas, là-dedans ! s'écria-t-elle.
— Ça va, y a pas mort d'homme, grogna Karel en rougissant.
— Non, mais y a presque eu mort de femme, fit Pjotr.
— Je ne sais pas ce que tu as dit, Karel, dit Irwin, mais je crois qu'il vaut mieux ne pas savoir.
— Allez-y, critiquez-moi, lança Karel. Je sais bien que personne ne m'aime, ici.
— On n'a jamais dit ça, dit Pjotr.
— Puisque c'est comme ça, je vous mets au défi de jouer à Titanic avec moi, fit Karel. Comme je suis aussi beau que Leonardo di Caprio, si ce n'est plus, je peux aisément le jouer. Pjotr, tu es trop moche pour faire Kate Winslet, et toi aussi, Irwin. Ce qui ne nous laisse plus qu'un choix : Angela ! Viens, on va cracher par la fenêtre.
Il prit une longue inspiration et cracha au-dehors.
— Tu es répugnant ! s'exclama Angela.
— Tu ne connais pas bien tes répliques, le réprimanda l'interpellé. D'ailleurs, c'est ma sœur qui m'a appris à cracher comme ça, c'est donc elle qui est répugnante. Sauf qu'on n'insulte pas les sœurs des gens.
— Il n'y a que toi pour cracher comme ça, rétorqua Pjotr.
— Tu serais surpris du nombre de choses que ma sœur fait, fit Karel.
— Oh ! s'écria Angela. Regardez !
Ses amis s'approchèrent d'elle : des soldats se dirigeaient vers Ljuba, dans leurs armures miroitantes. Ils s'agissaient d'Inconnus et de combattants divers.
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Le visage de l'homme masqué
FantasyLe Livre de Leno - Tome 2 - Le visage de l'homme masqué /!\EN COURS/!\ Quatre amis trouveront un nouveau chemin vers un monde parallèle pour sauver un auteur disparu. ***** Depuis neuf longs mois, Irwin, Karel, Angela et Piotr coulent des jours pai...