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Le lendemain, le petit déjeuner était assez gargantuesque.
— Eh bien, soupira Pjotr, on ne peut pas dire que le repas n'est pas pantagruélique, par ici. La guerre n'affecte pas tout le monde de la même manière.
— 'a 'eut 'i'e 'oi, 'a ? demanda Karel, la bouche pleine de pain.
— J'ai rien compris, rétorqua Pjotr. Ça devait pas être intéressant.
— Ça veut dire quoi, ça ? répéta Karel après avoir avalé sa bouchée.
— Ça veut dire que c'est copieux ! s'écria Pjotr.
— Pas besoin de s'énerver, grommela Karel. Qu'est-ce que j'en sais, moi, petit homme heuristique.
— Tu ne sais même pas ce que tu racontes, lança Pjotr.
— Oh, coupa Angela. Arrêtez de vous disputer pour des broutilles.
— Pardon, Angela chérie d'amour que j'aime à la folie de la grosse folie de la mort qui tue, dit Karel, l'air faussement contrit.
Angela le fusilla du regard.
Irwin profita de ce moment pour entrer dans la pièce et s'installer à côté de Laszlo.
— Je meurs de faim ! s'exclama le nouveau venu. Ça faisait longtemps que je n'avais pas langé un vrai repas.
— Tu pourrais dire bonjour, le pantagruélique de service, répliqua Karel.
— Pardon ? demanda Irwin. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ça signifie abondant, expliqua Pjotr.
— Tu me trouves abondant ? s'étonna Irwin. En quoi ? En charisme ? En intelligence ?
— Tu ne comprends rien ! s'exclama Pjotr. « Pantagruélique » se rapporte au personnage de Rabelais Pantagruel, et...
— Tu devrais te calmer, Pjotr, dit Irwin avec gravité. Je vais finir par croire que j'ai plus d'humour que toi.
— Qui est ce dénommé Rabelais ? voulut savoir Laszlo, l'air fort intéressé.
— Un gars de la Renaissance qui parlait d'une façon très cheloue, genre « je vais t'occire jusqu'à ce que tu trépasses, bougre de diable, manant, espèce de pendard », expliqua Karel.
— Je trouve ce dialecte fort enrichissant, observa Laszlo. Et qui est ce dénommé Pantagruel ?
— Un type qui se torchait avec des oisons, répondit Karel.
— Non, tu confonds avec Gargantua, corrigea Pjotr.
— Non, je confonds avec toi mon Pjotrounet, rétorqua Karel. Tu crois que j'ignore...
— Je pense que vous devriez arrêter cette discussion, remarqua Angela. Où on y sera encore demain matin.
Après le petit déjeuner, Irwin s'éclipsa et ils alla voir Leno.
— Breshka est-il mort ? demanda Irwin.
— Assurément pas, répondit Leno.
— Sais-tu ce qui lui est arrivé, alors ? l'interrogea encore Irwin.
— On dit qu'il s'est réfugié chez le Sardiomage, avec Eszter Kaiser et les Inconnus, répartit Leno.
— Le Sardiomage..., répéta Irwin, réfléchissant à haute voix. Ça signifie qu'ils sont au sud de la Forêt...
Il se mordit la lèvre, confus. Leno n'était pas censé savoir à propos de leur petite escapade chez le dragon et Enoch Ys. Heureusement, Leno, restant délicat, ne posa aucune question.
Ce soir-là, Irwin fut le premier à aller se coucher. Il était absolument épuisé. Il ignora Karel (« Bonne nuit, le pantagruélique ! ») et monta dans sa chambre. Il enfila sa chemise de nuit et s'apprêta à s'étendre sur le lit, quand il marcha sur un petit objet.
— Aïe ! laissa-t-il échapper.
Il se baissa et prit l'objet qui lui avait enfoncé le pied : c'était la bague d'argent sertie d'onyx.
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Le visage de l'homme masqué
FantasíaLe Livre de Leno - Tome 2 - Le visage de l'homme masqué /!\EN COURS/!\ Quatre amis trouveront un nouveau chemin vers un monde parallèle pour sauver un auteur disparu. ***** Depuis neuf longs mois, Irwin, Karel, Angela et Piotr coulent des jours pai...