Chapitre 5 : La Chaleur de l'Obscurité

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La nuit était tombée sur le campement viking, enveloppant les tentes et les hommes dans un manteau de ténèbres. Les sons de la forêt anglaise remplissaient l'air : le hululement lointain d'une chouette, le bruissement des feuilles sous le vent léger, et le craquement des branches sous le pas furtif des animaux nocturnes. Les guerriers, épuisés par la journée de marche, dormaient profondément, leurs respirations lourdes et régulières résonnant comme une symphonie de repos.

Aelfwynn, quant à elle, se tournait et se retournait sous sa couverture, incapable de trouver le sommeil. Les événements de la journée repassaient en boucle dans son esprit, son cœur encore battant des frayeurs récentes. La confrontation avec l'homme qui avait tenté de la violenter, l'intervention brutale mais salvatrice d'Eirik, et la colère palpable dans les yeux du chef viking. Tout cela se mêlait en un tourbillon de pensées et d'émotions contradictoires.

Elle finit par s'assoupir, mais son sommeil était agité. Les rêves sombres s'invitaient, transformant le campement en un lieu de terreur. Le visage cruel du viking agressif hantait ses songes, ses ricanements résonnant comme des coups de fouet dans son esprit. Elle revivait encore et encore le moment où elle avait été plaquée contre l'arbre, la sensation des mains brutales sur sa peau, le désespoir montant en elle.

Soudain, Aelfwynn se réveilla en sursaut, un cri étouffé s'échappant de ses lèvres. Son cœur battait à tout rompre, sa respiration était haletante. La tente autour d'elle semblait se refermer, oppressante, et la noirceur semblait vivante, menaçante. Elle sentit les larmes monter, une panique irrépressible la submerger. Elle ne pouvait pas rester seule, pas dans cet état.

Instinctivement, elle se redressa et se dirigea vers la tente d'Eirik. Chaque pas lui semblait une éternité, mais finalement, elle atteignit l'entrée. Hésitante, elle écarta doucement la toile, dévoilant la silhouette imposante d'Eirik, endormi sur une couverture épaisse. Même dans le sommeil, il dégageait une aura de puissance et de protection. Aelfwynn s'approcha, le cœur battant, et posa délicatement une main sur son épaule.

Eirik se réveilla immédiatement, ses instincts de guerrier toujours en alerte. Ses yeux s'ouvrirent d'un coup, se posant sur Aelfwynn avec une lueur de surprise mêlée de confusion. Il se redressa légèrement, scrutant son visage marqué par la peur.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il d'une voix rauque, encore imprégnée de sommeil.

Aelfwynn, incapable de formuler des mots cohérents, se contenta de hocher la tête, ses yeux brillants de larmes. Elle se sentait vulnérable, plus que jamais. Eirik, percevant son désarroi, se radoucit. Il se redressa complètement et tapota doucement l'espace à côté de lui sur la couverture.

« Viens ici, » murmura-t-il, sa voix se voulant apaisante. « Tu es en sécurité maintenant. »

Hésitante, Aelfwynn se glissa à côté de lui, ressentant immédiatement la chaleur réconfortante de son corps. Elle se blottit contre lui, cherchant refuge dans cette proximité inattendue. Eirik, surpris par sa propre réaction, l'enlaça doucement, posant une main protectrice sur son épaule. Il pouvait sentir sa peur se dissiper peu à peu, remplacée par une étrange sérénité.

Les minutes passèrent dans un silence apaisant, seulement troublé par le souffle régulier des deux êtres. Aelfwynn se sentait étrangement en paix, comme si la chaleur corporelle d'Eirik chassait les ténèbres de ses cauchemars. Elle n'avait jamais imaginé trouver du réconfort dans les bras d'un Viking, encore moins de celui qui l'avait capturée. Mais en cet instant, elle ne pouvait nier la sécurité qu'il lui apportait.

Eirik, de son côté, luttait contre des sentiments contradictoires. Le désir de la posséder se mêlait à une envie farouche de la protéger, de veiller sur elle. Il sentait sa douceur contre lui, la délicatesse de son corps contrastant avec la brutalité de son propre monde. Il se maudissait intérieurement de ressentir une telle attraction pour une captive, mais il ne pouvait s'empêcher d'apprécier ce moment de proximité.

Alors qu'il la serrait un peu plus fort, Aelfwynn leva les yeux vers lui, ses lèvres tremblantes de gratitude. « Merci, » murmura-t-elle, sa voix à peine audible.

Eirik répondit par un léger hochement de tête, incapable de trouver les mots justes. Il se contenta de la tenir, laissant sa présence réconfortante parler pour lui. Les pensées troublantes et les désirs qu'il essayait de réprimer restaient en arrière-plan, remplacés par une étrange forme de tendresse.

Peu à peu, Aelfwynn s'endormit, son souffle se faisant plus calme et régulier. Eirik, malgré ses propres tourments intérieurs, se laissa aller à une veille vigilante. Il savait qu'il ne pouvait pas céder à ses désirs, pas maintenant, pas dans cette situation. Il se promit de veiller sur elle, de la protéger des dangers extérieurs et de ses propres impulsions.

La nuit s'écoula lentement, chaque heure marquée par la lutte silencieuse d'Eirik pour maintenir une distance respectueuse tout en offrant le réconfort dont Aelfwynn avait besoin. Et tandis que l'aube commençait à poindre à l'horizon, il réalisa que cette femme avait éveillé en lui des sentiments qu'il n'avait jamais cru possibles. Des sentiments qu'il devait encore comprendre et apprivoiser, pour le bien de tous.

L'Ombre du VikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant