L'Ombre du Viking

Chapitre 1 : L'aube du destin

Le ciel gris de l'aube s'étendait au-dessus des côtes anglaises, où les vagues de l'Atlantique rugissaient contre les rochers. Le vent cinglait, froid et impitoyable, tandis qu'une troupe de guerriers en armure s'avançait silencieusement vers le rivage. Leurs drakkars, bardés de têtes de dragon, se balançaient doucement sur les eaux agitées. À leur tête se tenait Eirik, un colosse au regard perçant et à la barbe rousse tressée. C'était un chef redouté, un guerrier légendaire qui n'avait jamais connu la défaite.

Ce matin-là, Eirik menait ses hommes vers une nouvelle conquête. Leur cible était une petite abbaye nichée dans les terres anglaises, réputée pour ses richesses cachées et ses reliques sacrées. L'idée de piller ces trésors excitait ses hommes, mais Eirik avait une autre idée en tête, un désir plus profond qui le rongeait.

Dans la pénombre de l'abbaye, sœur Aelfwynn dormait paisiblement, bercée par le silence apaisant de la nuit. Sa beauté était un secret bien gardé derrière les murs austères de l'église, un éclat de lumière dans un monde souvent sombre. Elle portait pour dormir une simple robe de lin, fine et légère, qui laissait deviner les courbes délicates de son corps sous la lueur pâle des bougies qui vacillaient encore. Ses longs cheveux dorés encadraient un visage d'une douceur angélique, et ses yeux, lorsqu'ils s'ouvraient, brillaient d'un bleu pur comme le ciel d'été.

Elle s'éveilla soudainement, son cœur battant la chamade. Un bruit sourd résonnait dans l'abbaye, des voix rauques et des rires bruyants se mêlant aux fracas de métal. L'horreur la saisit alors qu'elle comprenait ce qui se passait : l'abbaye était attaquée.

Paniquée, elle se redressa dans son lit, cherchant un refuge, un endroit pour se cacher. Mais il était trop tard. La porte de sa cellule claqua violemment contre le mur et un guerrier imposant entra. Ses yeux brillaient d'une lueur bestiale, et un sourire cruel se dessina sur ses lèvres alors qu'il s'approchait d'elle.

« Voilà une proie plus précieuse que de l'or ! » gronda-t-il, tendant la main pour la saisir.

Aelfwynn recula, son cœur battant à tout rompre. Sa robe fine semblait soudainement trop légère, trop fragile face à la menace qui s'approchait. Elle se débattit désespérément, mais l'homme était trop fort. Il l'attrapa par le bras, la tirant vers lui avec une force brutale. L'odeur de la sueur et du sang émanait de lui, la rendant presque étourdie. Sa main rugueuse glissa sur le tissu, serrant ses poignets avec une violence qui la fit crier.

Le regard du viking était chargé de désir et de cruauté. Il se pencha vers elle, son souffle chaud contre sa peau, et murmura d'une voix rauque : « Ce que j'ai ici est plus précieux que tout le reste. Je vais te prendre pour moi, ici et maintenant. »

Elle sentait la panique la submerger. Sa gorge se noua alors qu'elle cherchait une échappatoire, quelque chose pour le repousser. Elle tenta de crier, mais le son se perdit dans un sanglot étouffé. L'homme était sur elle, la forçant à se coucher sur le lit, ses mains glissant sur le tissu léger qui la recouvrait à peine.

Juste au moment où elle pensait que tout était perdu, une autre voix s'éleva au-dessus du tumulte.

« Lâche-la ! »

Le guerrier s'arrêta net, tournant la tête pour voir son chef, Eirik, se tenir à l'entrée de la cellule. Ses yeux d'acier étaient rivés sur lui, une colère froide y bouillonnant.

« Cette femme est sous ma protection, » déclara Eirik d'une voix qui ne laissait place à aucune contestation. Le silence tomba dans la pièce, chaque mot résonnant comme un coup de marteau.

Le viking, toujours agrippé à Aelfwynn, hésita, surpris par l'ordre inhabituel de son chef. Mais l'autorité implacable dans le regard d'Eirik le convainquit rapidement. Il relâcha son emprise, laissant la jeune femme s'écrouler au sol, haletante et terrifiée.

Eirik avança lentement, son ombre imposante se projetant sur Aelfwynn. Il tendit la main pour l'aider à se relever, mais elle le repoussa, ses yeux brillants de peur et de défi.

« Ne m'approchez pas ! » s'écria-t-elle, sa voix tremblant. « Je préfère mourir que de devenir l'épouse d'un barbare ! »

Eirik s'arrêta, ses yeux plissés, mais il ne recula pas. « Tu n'as pas le choix, femme. Tu vivras, mais tu vivras sous mon toit, à mes conditions. »

Aelfwynn recula encore, cherchant désespérément quelque chose pour se défendre, son regard se posant sur une petite dague posée près de son lit. Elle la saisit, ses mains tremblant, et la pointa vers lui.

« Je me tuerai avant de vous laisser me prendre ! »

Eirik sourit, un sourire froid et dénué de toute pitié. « Tu n'en feras rien. Tu n'as pas l'âme d'une guerrière. Mais tu as une autre valeur... Et je compte bien l'exploiter. »

D'un mouvement rapide, il désarma la jeune femme, la saisissant par les poignets. Aelfwynn poussa un cri de douleur, mais Eirik l'ignora. Il la tira brusquement vers lui, son visage à quelques centimètres du sien.

« Tu es à moi maintenant, que tu le veuilles ou non, » murmura-t-il, ses yeux brûlant d'une intensité féroce. « Tu seras ma femme. Tu n'as pas le choix. »

Les larmes montèrent aux yeux d'Aelfwynn, mais elle savait qu'il avait raison. Elle était piégée, sans aucune échappatoire, seule dans un monde brutal et hostile. Sa seule option était de survivre, peu importe le prix.

Et pour l'heure, cela signifiait se soumettre à cet homme redoutable.