Chapitre 10 : Le Poids des Sentiments

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Le lendemain, une atmosphère lourde et chargée de non-dits enveloppait le village. Aelfwynn se réveilla avec un poids sur le cœur, encore perturbée par les événements de la nuit précédente. Elle savait qu'éviter Eirik serait difficile, mais elle était déterminée à ne pas montrer sa vulnérabilité.

En sortant de sa hutte, elle fut surprise de voir Soren qui l'attendait, un sourire chaleureux sur le visage.

« Bonjour, Aelfwynn, » dit-il doucement. « J'espérais que tu voudrais peut-être marcher un peu avec moi. »

Reconnaissante pour cette distraction bienvenue, elle hocha la tête. Ils marchèrent ensemble à travers le village et dans les champs environnants, discutant de tout et de rien. La présence de Soren avait un effet apaisant sur Aelfwynn, et elle se surprit à rire de ses plaisanteries et anecdotes.

Pendant ce temps, Eirik se tenait à l'écart, observant la scène avec un mélange de jalousie et de frustration. Freydis, consciente de son regard distrait, tenta de le ramener à elle en le prenant par le bras.

« Pourquoi la regardes-tu autant ? » demanda-t-elle, une pointe d'acrimonie dans la voix.

Eirik la repoussa doucement, mais fermement. « Ça ne te concerne pas, Freydis. »

Freydis plissa les yeux, sentant sa prise sur Eirik se desserrer. « Tu te trompes, Eirik. Ça me concerne plus que tu ne le crois. »

Elle s'éloigna, laissant Eirik seul avec ses pensées. Il savait qu'il devait parler à Aelfwynn, mais il redoutait la confrontation. Ses sentiments pour elle étaient devenus si intenses et complexes qu'il avait du mal à les comprendre lui-même.

Alors qu'il réfléchissait, le Yarl du village, un homme imposant aux cheveux grisonnants et à l'autorité naturelle, s'approcha de lui. À ses côtés se trouvait son fils aîné, Leif, un homme au regard perçant et à l'attitude énigmatique.

« Eirik, » appela le Yarl d'une voix grave. « Nous devons parler. »

Eirik se redressa, respectueux de l'autorité du Yarl. « Oui, Yarl. »

« J'ai entendu des rumeurs sur cette femme que tu as ramenée, » continua le Yarl. « Qui est-elle vraiment ? »

Leif, silencieux jusqu'alors, observa attentivement Eirik, semblant peser chaque mot.

Eirik hésita un moment avant de répondre. « Elle s'appelle Aelfwynn. C'est une captive, mais elle est plus que cela. Elle... elle compte pour moi. »

Le Yarl haussa un sourcil, intrigué. « Plus que cela, dis-tu ? »

Eirik acquiesça. « Oui. »

Leif prit enfin la parole, sa voix douce mais ferme. « Pourquoi ne nous as-tu rien dit à son sujet, Eirik ? Que cache-t-elle ? »

Eirik sentit la tension monter. « Elle ne cache rien, Leif. Elle est simplement... différente. »

Leif hocha la tête, comme s'il comprenait quelque chose que les autres ne voyaient pas. « Très bien. Mais sois prudent, Eirik. »

Pendant ce temps, Aelfwynn et Soren revenaient de leur promenade. Ils passèrent près du Yarl et de Leif, qui les observèrent avec intérêt. Leif s'attarda sur Aelfwynn, son regard perçant semblant chercher à percer ses secrets.

La journée continua dans une tension latente. Aelfwynn sentit les regards posés sur elle, certains curieux, d'autres méfiants. Freydis, elle, continuait à surveiller Eirik, sa jalousie grandissante.

Le soir venu, une grande fête fut organisée pour célébrer une victoire récente du clan. Les villageois se rassemblèrent autour du grand feu, buvant et festoyant. Eirik, assis à une table, semblait perdu dans ses pensées. Freydis s'approcha de lui, s'installant à ses côtés et posant une main possessive sur son bras.

Aelfwynn, de l'autre côté de la place, observait la scène avec une douleur sourde. Elle était en compagnie de Sigrid, qui faisait de son mieux pour la distraire.

« Tu devrais essayer de t'amuser, » conseilla Sigrid. « Oublier tout ça, ne serait-ce qu'un moment. »

Aelfwynn soupira. « C'est difficile. »

Soudain, Soren fit irruption, un sourire malicieux aux lèvres. « Aelfwynn, viens danser avec moi ! »

Avant qu'elle ne puisse protester, il l'entraîna vers le cercle de danseurs. Les rires et la musique emplirent l'air, et malgré elle, Aelfwynn se sentit emportée par l'énergie de la fête. Elle oublia momentanément ses soucis, se laissant aller à la joie du moment.

Eirik, voyant cela, sentit une pointe de jalousie. Il se leva brusquement, se dirigeant vers Aelfwynn. Freydis, surprise, tenta de le retenir, mais il se dégagea.

« Aelfwynn, » dit-il en l'attrapant par le bras. « Nous devons parler. »

Elle se tourna vers lui, son visage montrant un mélange de surprise et de défi. « De quoi veux-tu parler, Eirik ? »

« De nous, » répondit-il, ses yeux brillant d'émotion.

Elle secoua la tête. « Il n'y a rien à dire. Tu as fait ton choix. »

« Non, Aelfwynn, tu ne comprends pas... »

Freydis, furieuse, les rejoignit. « Qu'est-ce que tu fais, Eirik ? Tu m'as déjà, pourquoi veux-tu cette fille ? »

Aelfwynn sentit une rage monter en elle. « Tu peux le garder, Freydis. Je n'ai pas besoin de lui. »

Eirik, frustré, tira Aelfwynn à l'écart. « Arrête de fuir, Aelfwynn. »

Elle se dégagea de son emprise. « Je ne fuis pas, Eirik. C'est toi qui ne sais pas ce que tu veux. »

Avant qu'il ne puisse répondre, elle s'éloigna, laissant Eirik seul avec ses sentiments conflictuels.

Plus tard dans la nuit, Aelfwynn se retrouva près de la rivière, contemplant les étoiles. Soren la rejoignit, s'asseyant à ses côtés.

« Tu vas bien ? » demanda-t-il doucement.

Elle hocha la tête. « Oui, merci, Soren. »

Ils restèrent silencieux un moment, appréciant la tranquillité de la nuit. Puis Soren parla à nouveau.

« Eirik est compliqué, mais il tient à toi, Aelfwynn. »

Elle soupira. « Je sais. Mais il ne peut pas avoir les deux. »

Soren acquiesça. « Il devra faire un choix. En attendant, tu as des amis ici. »

Aelfwynn sourit légèrement. « Merci, Soren. »

Leur moment fut interrompu par des bruits venant du village. En se retournant, ils virent Eirik et Freydis entrer dans une hutte. Aelfwynn sentit son cœur se serrer, sachant ce qui allait se passer.

Elle se leva brusquement, décidée à ne plus se laisser affecter par les actions d'Eirik. Soren, sentant sa détermination, la suivit.

« Viens, allons ailleurs, » proposa-t-il. « Je connais un endroit calme où nous pourrons parler. »

Ils s'éloignèrent du village, laissant derrière eux les bruits de la fête et les conflits du cœur. Aelfwynn savait que la route serait longue et difficile, mais avec des alliés comme Soren et Sigrid, elle se sentait prête à affronter les défis à venir.

L'Ombre du VikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant