Cela faisait cinq jours que John gardait Lola.
Cinq jours depuis la rencontre à la station service. Quatre jours depuis la dernière dose d'héroïne de celle ci. Trois jours depuis son dernier repas. Deux jours depuis qu'il avait quitté Santa Rosa pour arriver à leur seconde destination : le ''Paradise motel''. Un jour depuis que John avait tué une prostituée devant elle.
Ils étaient partis tôt, très tôt ce matin, miss USA, saignée, dans le coffre de la Shelby. Lola avait regardé le ''Paradise motel'' disparaître dans la noirceur du matin à travers le rétroviseur. Il faisait déjà chaud.
-On va vers la mer, avait dit John.
Pas de réponse. Normal, Lola n'était pas enthousiaste à l'idée de blablater avec son kidnappeur mais ça, ça commençait à taper sur les nerfs de John. Quelle attitude de gamine pourrie gâtée! Il lui apprendrai les bonnes manières.
-Tu veux une cigarette ?
-Oui monsieur.
-On dit "s'il vous plaît".
-S'il vous plaît, monsieur.
-Tu peux te servir Lola...
Il désigne une boîte de Lucky Strike posé sur le tableau de bord sans quitter la route des yeux. Lola l'attrape, l'ouvre et la laisse tomber de stupeur. Elle pousse un petit cri, John rit. La boîte de cigarettes, qui ne contient aucune cigarette, est remplie de dents. De dents humaines à ne pas en douter. Lola la ramasse vite et la repose à sa place du bout des doigts.
Elle se tourne vers John, visiblement très fière de lui. Quel connard! Ça aurait pu être drôles, si il n'était pas un tueur en série et que Lola était sure que ces dents étaient les siennes. Mais c'était un tueur en série et les dents n'étaient certainement pas les siennes, ce n'était pas drôle.
John lui tend une cigarette, une vraie cigarette, qu'il vient de sortir de sa poche.
-Aller, c'était une blague petite.
Elle prend la cigarette dans sa bouche et l'allume avec son briquet à elle. Connard, connard, connard! Elle est si distraite qu'elle se brûle les doigts. John allume sa propre cigarette et balance l'allumette par la fenêtre ouverte de la Mustang rouge. Connard! Elle lui tourne le dos.
C'était une vraie gamine. Idiote, naïve, pourrit gâtée, boudeuse et hautaine. Cela lui demandait tout son self control de ne pas lui éclater la tête contre le tableau de bord, là, maintenant, mais il l'aimait bien. Comme un petit animal de compagnie qu'on s'amuse à maltraiter. Cela lui plaisait. Lui donnait envie de la garder un peu plus longtemps.
C'est en plein désert qu'ils se sont arrêtés. Le soleil au zénith les narguait. Il avait asséché toute les montagnes, colline et terres à l'horizon. Il était fière et rayonnant.
John avait dévié de la route principale, la route noir rayé jaune qui cuisait, ils étaient maintenant au bout d'un chemin de terre. Au milieu de rien. John était sorti, adossé à la voiture. Ça puait. Ça puait la pute morte. C'est ici qu'on déposait miss USA.
Lola était sorti aussi, sous les ordres de John. Il lui avait tendu une pelle gigantesque qu'elle tenait, le manche contre son cœur.
-Creuse.
Donc elle creuse, à grand coup de pelle dans le sable et la roche. Elle décharge toute sa rage à chaque coup sur le sol. La poussière vole, les cailloux aussi, ses bras tirent sous le poids de la pelle. Ses larmes se perdent dans la sueur sur sa face rouge.
Des grognement s'échappent de ses dents serrées. De sa gorge et de son estomac. Elle tremble et le trou s'approfondit.
Ça fait du bien de se concentrer sur autre chose que ce qu'il y avait dans sa tête depuis les derniers jours. Son cerveau se soule a l'effort et se noie dans la douleur installé dans ses biceps. Ça fait du bien d'avoir mal.
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Best American Killer
Mystery / ThrillerElle l'appelait 'monsieur' et lui l'appelait par son prénom. Voilà comment on aurait pu résumer la relation entre John et Lola. C'était durant la période des plus grands, "l'âge d'or", comme disait John. La police en arrêtait tous les jours, des com...