Le soir, à la tombée de la nuit, nous étions rentrés à l’appartement – où ce dernier me mettait d'ailleurs toujours autant mal à l’aise depuis ces derniers jours, à cause de sa grandeur et sa luxure. Venant d’une petite campagne japonaise, toute cette modernité chic était trop nouvelle pour moi, et surtout difficile à accepter. Sans parler des habitudes françaises, où la différence culturelle était bien trop grande.
« Trop grande, mais pas si mal après tout ».
C’est vrai. Je pense que si j’avais vécu mon adolescence en France, j’aurais été probablement plus heureuse. Déjà, pour la majorité civile. Les personnes de plus de 18 ans qui peuvent passer leur permis, boire de l’alcool et sortir en boîte de nuit ? Sérieusement ?
Puis, le fait également qu’il n’existe pas de couvre-feu pour les personnes mineures, les assurances maladies, le droit à l’avortement… Rin m’a fait découvrir tellement de contextes politiques et économiques que j’avais l’impression d’avoir atterri dans un autre monde.
Alors certes, j’aurais probablement été plus heureuse, mais ma vie aurait été complètement contraire à celle que j’ai actuellement. Je n’aurais jamais rencontré Rin, et encore pire, je n’aurais jamais eu de « Nao » dans ma vie. Alors si je devais choisir entre une vie à la parisienne et cette vie-là… Le choix aurait été rapide.D’ailleurs, Rin se trouvait avec Nao, dans la chambre d’ami, en train de raconter une histoire à ce dernier pour l’endormir. Je venais de finir de prendre ma douche et entrai dans la grande chambre de mon petit-ami, étonnamment propre, bien rangée, et bien évidemment, tout aussi luxueuse que les autres pièces de la maison. Bordel, il fallait vraiment que je finisse par m’y faire si je comptais passer plus de temps ici. Loin que le luxe ne soit une qualité qui me déplaise – à qui ça ne plairait pas, de toute façon – c’était plus un quotidien qui pouvait nous rendre facilement mal à l’aise si nous n’y étions pas habitués. Quant à moi, me retrouver soudainement projeter dans ce genre d’environnement, sachant que j’étais plutôt du genre à être « simple et efficace » pouvait non seulement me rendre mal à l’aise, mais aussi très nerveuse quant aux comportements sociaux qui changent incontestablement. Lorsque tu rentres dans cet univers où le monde autour de toi devient « somptueux » c’est toute ta personne qui le devient également. Tu changes tes habitudes quotidiennes, ta garde-robe, ta façon de parler, de manger, de voir le monde autour de toi…
« En bref, tu n’es plus du tout la même personne. »
Une sorte de nervosité me prit en pensant à tout cela, tandis que je regardai autour de moi la pièce assombrit par la nuit de l’extérieur : est-ce que j’étais prête à tout ça ? À changer ma façon de vivre, ma façon de me comporter en société ? Certes, il est vrai que le comportement d’une personne peut varier ou se mûrir au fil du temps, ma maternité en est la preuve même. Mais là, le contexte était différent ; j’avais changé parce que je le devais, et parce que la venue de mon fils dans ma vie m’a incité à devenir une nouvelle personne. Qu’en serait-t-il dans ce cas ? Je devrais changer pour être accepté auprès des autres, auprès de Rin ? Parce que Rin avait changé. Pas en mal, mais il avait changé. Et si moi je ne changeais pas à mon tour, si je décidais de rester la même personne, peut-être penserait-t-il que je ne fais pas d’effort, ou que même, je ne souhaite pas m’investir dans notre relation…
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Soulmates - Partie 2
أدب الهواة《 Je ne comprenais pas pourquoi mes larmes menaçaient de couler. Sae a été odieux avec moi, et je ne méritais certainement pas de pleurer pour les mots de ce sale type. 》 « Alors pourquoi je me sentais si mal ? » Deuxième partie de Soulmates - Et ta...