Est du Japon - 20h plus tôt
Les valises finalement bouclées, me voilà lancer un soupir de soulagement, observant avec fierté les deux sacs posés contre le matelas de mon lit. Mes yeux se levèrent par la suite vers l’horloge accroché au mur de ma chambre, qui indiquait 10h30.
Wow. Plus que 8h avant notre départ, 8h avant de le retrouver.
J’avais beau jouer les filles indifférentes, qui s’en va juste quelques temps en vacances avec son fils, je ne pouvais ni nier, ni cacher mon impatience et ma joie sachant que j’allais dans quelques heures retrouver l’homme que j’aime. La preuve, c’était la deuxième fois que je (re)faisais ma valise, alors qu’elle était prête depuis deux jours.
Je n’en revenais pas du temps qu’il s’était passé depuis la dernière fois qu’on s’était vus. 4 mois que Rin était reparti en France pour son match, 4 mois alors que je pensais que j’allais encore attendre 3 ans ou une éternité avant de le revoir, et voilà que cette lettre mystère est arrivé quelques semaines précédentes ; une enveloppe, avec comme contenu deux billets d’avion, deux allers simples pour la France – première classe évidemment – avec une lettre signée Rin Itoshi : « je vous attends cet été ». Une ligne, une phrase et cinq mots qui ont réussi à faire exploser mon cœur de joie.« C’est bien réel…»
Oui, ce n’était pas un rêve.
Rin nous invitait chez lui, en France.
Bordel de merde que c’était bien réel.
J’étais à la fois excitée et anxieuse à l'idée de ce voyage. Excitée car, ça faisait longtemps que nous n'avions pas été réunis pour une longue période, et j’espérais que cette fois, ce soit enfin le cas, à cause des déplacements constants de Rin entre la France et le Japon.
Anxieuse car, n’ayant jamais voyagé dans un autre pays, une part de moi était assez perturbée à l'idée de découvrir un endroit totalement inconnu. J'ai toujours aimé avoir le contrôle des choses, une longueur d’avance sur tout histoire d’être bien organisée, mais là, j’avais l’impression que je pouvais perdre tous mes moyens dès la seconde où j’arriverais là-bas, ne sachant absolument pas quoi faire, ni à quoi m'attendre.- Stressée ?
Ma mère débarqua derrière moi dans ma chambre, sans que je n’aie eu l’attention d’entendre ses pas, ni sentir la fumée toxique qui s’échappait de sa cigarette. Elle se tenait contre la porte et m’observait, sourire taquin aux lèvres.
- T’es immobile et tu regardes ta valise depuis tout à l’heure.
- Ah bon ?
Cette fois, elle se mit à rire avant de s’approcher de moi pour m’enlacer par derrière.
- Tu as peur, c’est ça ?
- Pas du tout ! Je pensais à toutes les photos géniales que j’allais prendre là-bas. Et dégage ta cigarette !
Je lui donnai un léger coup d’épaule pour éloigner son haleine toxique, ce qui la fit rire davantage.
- Bri, c’est normal d’avoir la trouille. Tu t’en vas pour la première fois dans un pays autre que le Japon, et qui est carrément dans un autre continent.
- Oui c’est vrai, mais bon… il faut bien une première fois à tout non ? Rin nous attend là-bas en tout cas. Et je compte bien le rejoindre avec Nao.
- Tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne ? Me demanda-t-elle alors en se plaçant face à moi, les yeux rivés sur les valises. Peut-être que toi et Rin voudriez des petits moments d’intimités de temps en temps, sans Nao.
Son large sourire narquois me fit dire qu’elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle disait. C’est pourquoi je le lui rendis par la suite, avant de lui répondre :
- Ça va aller, merci. Je ne pense pas que ce sera Nao qui gâchera nos petits moments d’intimités si tu venais avec nous.
- Oh Bria, je suis terriblement vexée par ton attitude !
Nous nous mîmes de là à rire, avant de s’enlacer tendrement. Oui oui, vous avez bien lu, enlacer. Il y a 3 ans, je n’aurais jamais cru ma mère capable de me prendre dans ses bras, aussi apathique et insensible qu’elle était. Aujourd’hui, malgré le fait qu’elle n’est pas « totalement » changé, je dois souligner le nombre d’efforts qu’elle a pu faire depuis que je suis à mon tour devenu mère. Alors que moi, Bria Kagana, pensait que son état serait pire que la précédente, lorsque je n’étais qu’une adolescente « dénuée de tous sentiments », tout le contraire s’était produit en ayant à mes côtés une mère attentionnée – façon de parler – me soutenant dans mes choix de vie et celle de mon fils, sans interférer ou juger mes prises de décisions (hormis la fois où je ne voulais pas que Rin apprenne pour Nao, j’avoue).
- Bon allez, dis-je en la relâchant, c’est pas tout ça mais, je pars chercher Nao à son dernier jour d’école.
- Je viens avec toi, faut que je m’achète des clopes.
Je me tournai vers elle, une expression blasée sur mon visage.
- Quoi ? Ton fils n’est pas là, donc tu n’as rien à me dire.
Un petit sourire s’échappa de mes lèvres en la voyant si enfantine pour des cigarettes – comme toujours. Nous partîmes par la suite chercher Nao à l’école, des clopes pour ma mère, le tout sans oublier dans mon esprit qu’il ne restait plus que 8 heures, 10 minutes, et 34 secondes avant que notre famille soit de nouveau réunie.
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Soulmates - Partie 2
Fanfiction《 Je ne comprenais pas pourquoi mes larmes menaçaient de couler. Sae a été odieux avec moi, et je ne méritais certainement pas de pleurer pour les mots de ce sale type. 》 « Alors pourquoi je me sentais si mal ? » Deuxième partie de Soulmates - Et ta...