Ayfa : L'Ombre de la succession

03

Amsterdam, PAYS-BAS
17h30


  

Ayfa

Je lève mon poignet en jetant un œil à ma montre, 17h30. Les rues commencent à peine à s'assombrir, je sens l'air frais d'automne effleurer ma peau alors que je marche aux côtés d'Anil.

Les rues du quartier que nous traversons abrite assez de petits appartements familiaux, qui me fait penser au nôtre. Les rues d'Amsterdam sont calmes ce soir, contrairement à hier. Néanmoins, je peux dire que grâce à moi un petit garçon a retrouvé sa maman, et c'est grâce à cette nouvelle que j'arrive à faire impasse sur ce dont j'ai fait face un peu avant.

Je jette un coup d'œil à mon cousin, qui marche en sifflotant légèrement, une main enfouie dans la poche de sa veste et l'autre maintenant son sac de sport.

Moi — Alors, t'as bien réussi ton entraînement aujourd'hui ?

Je demande en souriant, connaissant déjà la réponse. Il hoche la tête avant d'esquisser un sourire étirant ses lèvres.

Anil — Ouais, on m'appelle Johan Cruyff là bas.

J'éclate de rire. Cet imbécile et son assurance m'amusent toujours autant. Surtout que ses potes puissent l'associer à une icône néerlandaise du foot comme lui.

Moi — Rien que ça ? Fallait jamais te le dire, ça va te monter à la tête.

Anil — Ah moi je les crois !

Moi — Tu m'étonnes...

On échange un regard complice, et un silence paisible s'installe alors que nous sommes sur le point de tourner au coin de la rue pour regagner la maison.

En arrivant, je perçois au loin la lumière chaude de la vitrine de la boulangerie qui attire les premiers clients de la soirée. J'hésite un instant avant d'aller rejoindre tante Alba, ou rentrer avec Anil qui lui semble fatiguer, puis finalement je l'entraîne avec moi et nous entrons dans la boulangerie.

L'odeur familière de cannelle et de pain chaud m'enveloppe. Sa mère, derrière le comptoir nous sourit avant de lever les yeux de l'assiette.

Alba — Vous voilà enfin ! J'espère que vous êtes prêt à m'aider, c'est l'heure de pointe.

Je ricane en voyant la tête d'Anil se décomposer, c'est sûr qu'il ne faut pas compter sur lui pour ce genre de choses. Je pose mon sac à main et enfile mon tablier, prête à me mettre au travail tandis qu'Anil file à l'arrière de la boulangerie sûrement pour dérober à manger.

À peine ai-je commencé à ranger quelques pâtisseries dans l'étal, qu'une femme entre, essoufflée. Je ne lève pas la tête en la saluant en retour, mais quand elle m'annonce sa commande j'ai l'impression que sa voix m'est familière. Intriguée je relève la tête, quand son regard se pose sur moi à son tour un sourire éclaire son visage.

Elle — Mon Dieu mais c'est vous, vous avez sauvé mon fils hier !

Effectivement, c'est bien la femme que j'ai rencontré après la fusillade d'hier. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je replace une mèche derrière mon oreille avant de lui répondre, tout en essayant de minimiser gênée par les regards curieux des autres clients faisant la queue.

Moi — C'était vraiment rien, je n'ai fais que l'aider.

Mais la femme insiste, racontant comment j'ai veillée sur son fils, me remerciant une nouvelle fois d'avoir été à ses côtés dans un moment critique.