𝟏𝟕

216 8 1
                                    

Lincoln, États-Unis.

PDV : Daisy

Je suis dans cette maison, l'odeur âcre du renfermé et de la peur me saisit à la gorge. Les murs, autrefois blancs, semblent maintenant se recroqueviller sur eux-mêmes, me toisant avec une menace silencieuse. Je me retrouve dans ma chambre d'enfant, le lit défait, les jouets éparpillés, tous mes doudous en désordre par terre comme si le temps s'était arrêté. Comme si personne n'y était rentré depuis un bon bout de temps.

J'entends ses pas lourds dans le couloir, de plus en plus proches de ma chambre. Mon cœur s'emballe, un battement sourd dans mes tempes. J'essaie de me cacher sous les couvertures, mais je sais que c'est inutile. La porte s'ouvre brusquement, et là, elle est, mon bourreau, mon ombre. Son regard noir perfore le mien, ses lèvres se tordent en un rictus cruel.

- Tu crois que tu peux m'échapper Daisy ? Je crois bien que c'est un échec encore une fois un peu comme tout ce que tu fais quel dommage. sa voix rauque résonne dans la pièce, me glaçant jusqu'aux os. Je me blottis contre le mur, les larmes aux yeux, mais elles ne coulent pas. Je suis paralysée par la peur.

Elle avance vers moi, lente et menaçante. Chaque pas est un coup de marteau sur mon cœur. Elle se penche sur moi, son haleine fétide me brûle le visage. Je sens ses doigts glacés caresser ma joue, une caresse qui me glace d'effroi.

- Tu es à moi, marmonne-t-elle, sa voix de plus en plus rauque. Tu m'appartiens. N'oublie pas ça Daisy.

Je ferme les yeux, espérant que ce cauchemar prendra fin. Mais c'est pire. Je sens ses mains me soulever, me tirer hors du lit. Je me débats, mais c'est inutile. Elle est plus forte que moi. Je suis qu'une enfant impossible de faire le poid. Elle me traîne dans le couloir, les murs semblent se refermer sur nous, l'espace se rétrécit.

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Je suis trempée de sueur, mon corps tremblant. Je regarde autour de moi, l'obscurité de la chambre de Mila me rassure mais aussi son odeur me rassure. Ce n'était qu'un rêve, mais la peur est toujours là, palpable. Je me blottis sous les couvertures, cherchant un refuge contre les fantômes de mon passé.

Je me tourne et me retourne dans le lit mais impossible de me rendormir surtout après cela. Puis je suis prise d'une envie soudaine de boire d'un coup comme si ma gorge allais se dessécher, j'ai aussi besoin de prendre un peu l'air, je sors de la couette et ouvre doucement la porte veillant à ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Mila.

Mes pas sur le carrelage sont aussi léger qu'une plume, à peine audible impossible d'être réveillé. Avoir une mère avec des problèmes ça à ses avantages on apprend à se faire toute petite comme une souris cherchant refuge pour fuir le chat. Je me suis donc dirigée vers la cuisine. J'ai ouvert un placard, espérant y trouver un verre, mais rien. Pas un seul verre. La frustration grandit en moi, un écho sourd à la colère que j'avais enfouie au plus profond de moi.

J'ai abandonné l'idée de boire, la soif n'était plus qu'un détail face à l'angoisse qui m'envahissait. J'ai ouvert la fenêtre de la cuisine et j'ai inspiré profondément l'air frais de la nuit. Un instant de calme, puis le souvenir de mon paquet de cigarettes m'est revenu. Je les ai sorties de mon sac, en ai allumé une et je suis sortie sur le balcon. Accoudée à la balustrade, j'ai regardé la ville s'étendre à mes pieds, baignée dans la lumière tamisée des réverbères. La fumée s'est élevée dans l'air, se mêlant à mes pensées tourbillonnantes. Chaque bouffée était une tentative d'étouffer les souvenirs, de les noyer dans un nuage de nicotine. Mais ils étaient là, tenaces, revivant les moments les plus sombres de mon enfance.

Soudain je sentis à mes côtés une présence que j'avais vite reconnue c'était Grazia. Elle s'est accoudée elle aussi à la balustrade. D'une main elle m'a pris ma cigarette afin de pouvoir en avoir une bouffée. Je décide donc de briser le silence et dit,

- Je t'ai réveillée ?

- Non ne t'inquiète pas c'est souvent que je me lève la nuit, mais toi que fais-tu ici à fumer en pleine nuit ?

- J'ai fait un cauchemar du coup j'avais soif sauf que je n'ai trouvé aucun verre alors j'ai sorti une cigarette.

- Cette merde va te tuer un jour Daisy sache le. Dit-elle en frissonnant à cause du vent

- Je sais c'est bien pour ça que je fume.

En la voyant frissonner, j'enlève ma veste et lui mets doucement autour du cou ce à quoi elle sourit en guise de remerciement.

- Et si on rentrait ? me propose-t-elle en me tirant par le main.

Nous rentrons à l'intérieure de sa maison et nous nous dirigeons vers son lit . Lorsque Mila brise enfin le silence et dit,

- Tu as l'envie de me raconter ton cauchemar ? Si tu n'as pas envie ne le fais pas, je ne veux te forcer à rien d'accord ?

- Et bien, j'étais dans ma chambre d'enfance et j'essayais de me cacher sous ma couette mais sans succès puis ma mère est arrivée et elle a commencé à me tirer hors de mon lit jusqu'au couloir..

PDV : Mila

- Ne te sens pas obligée de continuer Daisy.

Elle me regardait avec son regard rempli de tristesse avec les larmes aux yeux.

Le silence pesait dans la pièce, lourd et chargé d'émotions. Je l'observais, allongée sur le lit adossé à la tête de lit, les yeux fixés sur le mur. Ses épaules tremblaient doucement, sa respiration était irrégulière. Je me rapprochai d'elle, lentement, comme si je craignais de la faire fuir.

- Ça va aller, murmurai-je, ma voix à peine plus forte qu'un souffle. Je posai une main sur son épaule, la sentant se raidir un instant avant de se détendre. Elle se tourna vers moi, les yeux rougis et les traits tirés.

- C'était horrible je t'assure Mila. Dit-elle, sa voix tremblante. Je lui souris doucement, un sourire triste. Je savais ce que c'était que d'être hanté par ses cauchemars. Je me penchai vers elle, rapprochant doucement mon visage du sien. Nos regards se croisèrent, et je vis dans les siens une telle détresse que mon cœur se serra.

Sans plus attendre, je l'embrassai. C'était un baiser doux, tendre, comme une promesse de réconfort. Je sentis son corps se détendre sous le mien, ses lèvres s'ouvrir légèrement pour accueillir les miennes je mis doucement ma main au niveau de son cou. Je l'embrassai dans un deuxième baiser qui ne demandait rien, qui n'offrait rien d'autre que de la chaleur et de la compassion.

Rapidement nos lèvres se rejoignirent dans un baiser brûlant, nos langues s'enroulant l'une autour de l'autre dans un ballet sensuel. C'était la première fois que je l'embrassais ainsi la première fois que l'on s'embrassai également, et chaque seconde était une découverte. J'explorais sa bouche avec une curiosité insatiable, tandis qu'elle répondait à mes avances avec une passion égale.

Nous restions un long moment, nos lèvres collées, nos corps entrelacés. Lentement, je me retirai, posant mon front contre le sien. Je respirai profondément, puis murmurai : Je suis là. Toujours.

Elle ferma les yeux et s'appuya contre moi. Je la serrai fort dans mes bras, la berçant doucement comme un enfant. Puis elle fini par s'endormir petit à petit sur ma poitrine en guise d'oreiller. Moi aussi je partie paisiblement rejoindre les bras de Morphée au côté de Daisy.

A suivre...

AcusadoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant