Chapitre 16 : Engueulade

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Musique : Breakin’ Dishes - Rihanna (ça va chier)  (commencez bien la musique lorsque vous commencez à lire le premier paragraphe.)

Point de vue : Stéphane

J’entends des pas dans les escaliers puis la porte qui s’ouvre. Cela fait plusieurs heures que j’attends dans le canapé du salon. L’effet de l’alcool ne s’est pas estompé et ma rage n’a fait qu’augmenter. La porte se referme sans un bruit.

Je ne sais pas pour qui il me prend.
Je ne sais pas pour qui il me prend.
Je ne sais pas pour qui il me prend.
Je ne sais pas pour qui il me prend.

Je sais que Gabriel marche sur la pointe des pieds, pour éviter de faire du bruit et donc éviter de me réveiller.

Il est venu ici à 3 heures et demi de l’après-midi et est rentré chez lui un peu plus tard, à 3 heures et demi du matin.
J’ai été cool, j’ai été con.

Je me lève précipitamment du canapé et vais dans la cuisine. Il est toujours à l’entrée, se déchaussant. Le lave-vaisselle est propre, je décide alors de commencer à le vider. Je commence par les couverts, en me retenant d’aller lui planter une fourchette en plein milieu du front.

Non, je veux attendre qu’il vienne dans la cuisine pour qu’il puisse voir la colère qui bouillonne en moi.

En devant me retenir de l’attaquer de la sorte, une autre vague de rage m’envahit, mêlée à une idée des plus tordues.

Je finis de vider l’étage des couverts pour ensuite m’attaquer à celui des assiettes.

Et je décide d’en prendre une en main et de l’éclater violemment au sol.

Les morceaux s’éparpillent un peu partout.

J’en prends une autre qui subit le même châtiment que la précédente.
Puis encore une autre.
Et encore une autre.

Je vais me battre avec un homme ce soir.
Je vais me battre avec un homme ce soir.
Je vais me battre avec un homme ce soir.

Le son de la porcelaine brisée sur le sol me donne un sentiment d’assouvissement. C’est comme si les bouts de porcelaine brisés étaient les morceaux de son cœur, que je compte bien détruire pour de vrai.

« Stéphane bordel ! A quoi tu joues ? crie Gabriel en entrant précipitamment dans la cuisine.

- CE QUE JE FAIS ? hurle-je dans tout l’appartement. JE DEVRAIS PLUTÔT TE DEMANDER QU’EST-CE QUE TU FAISAIS ! »

Mes paroles ne sont qu’un déferlement de haine et de rage pures.

Qu’est-ce que ça fait du bien de se défouler.
Et ce n’est que le début.

Je vois en premier de l’incompréhension sur son visage, qui est vite remplacée par de la culpabilité.

« Écoute, Steph…

- NE M’APPELLE PLUS COMME ÇA GABRIEL ! »

Ma voix tonne dans tout l’appartement.

Je vois bien que Gabriel a peur de moi. Et je me nourris de cette peur.

Je regarde autour de moi pour voir ce que je pourrais encore jeter.

« Stéphane, continue-t-il, ce...je n’ai pas voulu...c’est Jordan qui a pris les devant et…

- ET APRÈS QUOI ? TU T’ES LAISSÉ FAIRE, JE L’AI VU ! »

Je prends une autre assiette et la jette contre le mur, juste à côté de la porte d’entrée où il se trouve. Il lâche un cri de peur.

Et je ne vais pas m’arrêter jusqu’à ce que la police arrive.

Je vais me battre avec un homme ce soir.
Je vais me battre avec un homme ce soir.
Je vais me battre avec un homme ce soir.

Je ne sais pas comment les voisins font pour ne pas entendre le vacarme et venir sonner à la porte.

Je respire vite et fort. Je reprends encore une assiette dans le lave-vaisselle que je viens ensuite éclater par terre.

Je me tiens au plan de travail pour espérer récupérer un peu d’air dans mes poumons.

Il y a un moment de silence. Silence dans lequel j’arrive à reprendre une respiration à peu près correcte. Gabriel se tient toujours là, une peur visible sur son visage.

« Je ne sais pas pour qui tu me prends vraiment, mais sache que j’en ai rien à foutre à présent, dis-je, haletant toujours.

- Stéphane, je suis tellement désolé…, reprend le porte-parole après avoir calmer son angoisse grandissante.

- Je vais casser ce qui est brisé sans arrêt. Je vais venir briser les morceaux.

-Mais…

- LES MOTS NE SUFFISENT PLUS, PLUS RIEN NE SUFFIT.

- Stéphane…

- Je t’ai déjà préparé ta petite valise, dis-je en redescendant d’un ton, car sinon je n’allais plus avoir de voix. Elle n’est pas finie, démerde toi pour la faire. Déjà que je l’ai commencée…

- Attends...Quoi ? Tu me dégages comme ça de l’appart ?

- OUI, hurle-je, prenant une énième assiette que j’écrase au sol. Et je ne t'oublierai pas. C'est la guerre. Et tu verras ce qui t'attend.»

Je vais tout casser dans ce putain d’appart, y compris sa sale gueule. Non, je n’y arriverai pas.

Le bruit de porcelaine brisé se répète encore et encore dans le logement.

« Gabriel, t’as de la chance d’avoir cette gueule. Je vais rien te faire physiquement, j’en suis incapable. Mais bordel, tires toi d’ici. Et vite. »

Je ne me fais pas prier. Il se retire dans la chambre, met ses affaires correctement dans sa valise et en prend d’autres, puis sort de la chambre pour aller en chercher d’autres dans le salon et dans la salle de bains.

Il rejoint ensuite la porte d’entrée et me jette un dernier regard désolé.

J’ai failli me battre avec un homme ce soir.
J’ai failli me battre avec un homme ce soir.

Putain...

J’explose encore une assiette en lâchant un cri bestial.

Je pense avoir gagner cette dispute, bien que je n’ai plus de vaisselle...

Amour sur le Fil ~ Attal x Bardella Où les histoires vivent. Découvrez maintenant