𝐏𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐎𝐦𝐛𝐫𝐞

𝟺. 𝐶𝑟𝑦𝑠𝑡𝑎𝑙 𝑆𝘩𝑜𝑤 𝐶𝑙𝑢𝑏

Helsinki, Finlande
21h00

𝒥𝒶𝓁𝒾𝒶

Les lumières de la ville se reflètent sur les vitres teintées de la voiture, créant un contraste étrange entre le monde extérieur et l'intérieur oppressant du véhicule. Veeti conduit en silence, les yeux fixés sur la route, tandis que Paavo, à ses côtés, joue distraitement avec un couteau, faisant tourner la lame entre ses doigts. La tension dans l'air est palpable, lourde comme une tempête qui menace d'éclater à tout moment.

À l'arrière, je suis immobile, les mains moites serrées sur mes genoux. Le cuir du siège est glacial sous ma peau, et chaque vibration de la route semble se répercuter jusque dans mes os. Ce silence m'oppresse. Je sens que quelque chose se prépare, quelque chose de terrible, mais je suis incapable de l'anticiper.

Tu sais ce que tu dois faire ce soir, n'est-ce pas ? murmure Veeti, rompant le silence d'un ton détaché, presque désinvolte.

Je hoche la tête sans répondre. Je connais mon rôle, mais cela ne rend pas la situation moins effrayante. Mon cœur bat plus fort à l'idée de ce qui m'attend.

- Tu ferais mieux de ne pas échouer, Natacha. Paavo se tourne vers moi, son sourire cruel fendant son visage d'une manière qui me donne envie de disparaître. Nikolaï Andreev n'est pas un homme à sous-estimer. Si tu le trahis... disons simplement que ce que Veeti te ferait serait un doux souvenir.

Mon estomac se retourne. Nikolaï Andreev. Un nom qui résonne dans les bas-fonds de la ville comme celui du diable en personne. Il est réputé pour sa cruauté, pour son intelligence implacable. Un homme que personne n'ose approcher sans une peur sourde au creux du ventre.

Ah, et pour cette soirée, je m'appelle Natacha.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi ?demandai-je d'une voix rauque.

Veeti allume un cigare, sa silhouette massive à peine visible dans la faible lueur des lampadaires. Il tire une bouffée de fumée, la relâche lentement, puis se tourne légèrement vers moi.

- Nikolaï aime les femmes qui savent se vendre. Qui savent capturer l'attention. Tu vas entrer dans ce club, et tu vas faire en sorte qu'il te remarque.

Un frisson de dégoût parcourt ma colonne vertébrale.

Et ensuite ?

- Ensuite, tu l'amènes à toi, murmure Veeti, les yeux perçants dans le rétroviseur. Et tu fais ce que tu dois faire pour l'endormir.

La pression monte en moi, mon esprit tentant de comprendre les implications de ses paroles. Faire ce que je dois faire. Je connais ces mots. Ils veulent dire tout ce que Veeti veut que je fasse. Tout ce que Nikolaï attendra de moi. Mon corps n'est plus qu'un pion dans ce jeu macabre. Mais je n'ai pas d'autre choix.

- Si je réussis, tu tiens parole pour ma liberté ? demandai-je, ma voix brisée d'un mélange de peur et de désespoir.

Veeti rit, mais il n'y a pas d'humour dans son rire. Seulement une promesse tacite de violence.

- Si tu fais ce qu'on te dit, peut-être que tu auras ta liberté. Peut-être.

Le "peut-être" s'écrase sur moi comme une vague glaciale. Aucun espoir. Seulement une possibilité, mince et vacillante.