07. J'ai envie de dormir

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☂︎︎


Ilian



4 octobre, Paris



"Ouais, j'te jure ! Apparemment elle s'est pris trois heures de colle pour le coup du labo."


"Pas possible ?! Alors qu'elle vient tout juste d'arriver !"


Je pouvais enfin poser un nom sur la responsable. Selena Mathers.


Ce jour-là, les cris fusaient dans la salle de classe.


Entre deux cours, je tentais sans réel espoir de grappiller quelques minutes de sommeil. Ma nuit avait été agitée à cause de l'un de mes frères : Assen. Il n'avait que deux ans mais cette nuit, son objectif était très clair : nous maintenir tous éveillés jusqu'au lever du soleil.


Malheureusement, il avait réussi.


Rien n'y faisait, c 'était un garçon turbulent et agité et ça n'allait pas en s'arrangeant.


Parfois, il m'arrivait de penser qu'être fils unique devait être un pur plaisir, puis je me remémorais ces moments de joie pure que j'ai passé avec ma famille et puis je remercie Dieu de les avoir fait entrer dans ma vie. Sans eux, j'aurais été seul. Sans eux, je ne serais plus de ce monde pour raconter cette histoire.


Mais oh je me répète déjà et je m'égare. Autour de moi, le brouhaha ne cessait pas et mon esprit fut trop embrumé pour réfléchir de manière limpide. Je ne faisais attention à rien, et il fallut que le professeur entrant me rappelle à l'ordre pour que je me décolle de ma chaise.



A peine quelques secondes plus tard, je m'assoupis de nouveau. Ce n'était pas la première fois pourtant, rien à faire, il m'était impossible de rester éveillé. Mes sens étaient engourdis, j'avais besoin de dormir. Ce ne fut qu'une heure plus tard, lorsque la cloche sonna, que je me réveillai.



– Monsieur Klarkoff, je vous prie de venir me voir, tonna la voix grave de mon professeur.



Un frisson me parcourut alors qu'il me réprimandait. Pour un élève parfait, c'est toujours dur de se faire reprendre. Surtout deux fois dans le même mois par le même professeur, Monsieur Matthieux. Je crois que j'abusais un peu de sa patience.



« Combien allais-je prendre ? » Je me demandais. « Une heure de colle ? Deux ? Trois ? Au-delà ça me parait exagéré. »



Puis la sanction tomba.



– Cela fait deux fois monsieur Klarkoff. J'ose espérer que ce n'est pas moi qui vous ennuie ?



Je secouai lentement la tête.



— Mon frère fait ses dents. Pas très pratique pour dormir.



Malgré son air dur et ses cheveux gris, son regard cachait la douceur d'un père et je le remerciai du regard pour son indulgence.



— Bon, disons que pour septembre vous êtes excusés, mais dès le prochain cours, ce sera la retenue. (Il soupira.) Et tant que vous y êtes, apportez ces papiers en salle des profs, s'il vous plaît. J'ai une faim de loup et je n'ai plus une minute à perdre si je veux avoir mon panini. Vous me devez bien ça.



Sans que je n'aie le temps d'acquiescer, il déposa une tonne de feuilles sur mes bras avant de s'éclipser. J'étais devenu son serviteur personnel. Quand je vous dis que j'ai toujours été le préféré des professeurs, je ne mentais pas.



LES ENNUIS DE SELENAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant