Desire's Struggle | Hector Fort

17

Je marchais, les jambes un peu lourdes, mais surtout le cœur serré. Chaque pas me semblait pesant, comme si la terre elle-même cherchait à m'ancrer, à me retenir dans ce tourbillon d'émotions qui m'oppressait. Les autres continuaient à parler, leurs voix un bourdonnement lointain, comme des murmures que je n'arrivais plus à distinguer. Je n'étais plus là, pas vraiment. Mon esprit était figé sur ce que je venais d'entendre, sur ces mots terribles qui tournaient en boucle dans ma tête : *me lâcher*, *assurance*...

Je tentais de calmer la tempête en moi, de faire taire cette voix qui me disait sans cesse que j'avais été stupide, aveugle. Mais rien n'y faisait. Hector, celui en qui j'avais mis toute ma confiance, celui avec qui j'avais partagé des moments si intimes, n'avait fait que jouer avec moi. Pour lui, je n'étais qu'une option. Une assurance.

Un rire amer faillit s'échapper de mes lèvres, mais je l'étouffai. C'était presque ironique, non ? Moi, toujours si prudente, si méfiante avec les autres, je m'étais laissée berner par ses mots doux, par son sourire. Je me revoyais la veille encore, blottie contre lui dans cette tente, ses bras m'entourant comme une protection. Et maintenant, ces mêmes bras semblaient avoir été un piège.

Je jetai un coup d'œil vers lui, marchant un peu plus loin avec Marc, Joao, et Fermin. Ils riaient tous, mais Hector semblait ailleurs, son regard parfois se tournant vers moi, inquiet, comme s'il sentait que quelque chose n'allait pas. Comme s'il savait qu'il était en train de tout perdre. Mais je ne voulais plus de ses regards. Plus de ses explications. Il avait eu l'occasion de tout dire, de tout clarifier, et il avait choisi le mensonge.

Bella s'approcha de moi, le visage plein de cette tendresse habituelle. "Ça va, Amara ? Tu es très silencieuse depuis tout à l'heure."

Je lui fis un petit signe de la tête. "Je... Je pense à des choses. Rien de grave." Je ne voulais pas en parler, pas encore. L'idée de partager ma douleur me semblait insupportable, comme si la dire à haute voix la rendrait encore plus réelle, encore plus palpable.

Nous continuions à avancer, le sentier devenant plus escarpé. Chaque pas était une petite lutte, mais j'accueillais la fatigue avec une certaine gratitude. Au moins, elle détournait un peu mon esprit de la colère. Le paysage autour de nous était magnifique, pourtant je n'arrivais pas à l'apprécier. La nature, avec ses montagnes majestueuses, ses arbres imposants et son air frais, aurait dû me calmer, me réconforter. Mais rien ne semblait pouvoir apaiser ce trou béant que je sentais en moi.

Hector finit par se détacher du groupe des garçons et s'approcha doucement de moi. Mon cœur se serra instantanément, mais je fis de mon mieux pour garder mon visage impassible. Il ne méritait pas de voir combien il m'avait touchée. Combien ses actes avaient réussi à fissurer mes défenses.

"Amara," murmura-t-il, la voix pleine d'hésitation. "Je sais qu'on doit parler."

Je ne répondis pas, continuant à marcher, les yeux fixés droit devant moi. Je n'avais pas envie d'entendre ses excuses ou ses explications maladroites.

Il soupira, puis continua : "Je... je suis désolé si ça t'a blessée. Ce n'est pas ce que je voulais."

Ces mots... Ces mots vides de sens. Pourquoi les gens pensent-ils que s'excuser suffit à effacer la douleur qu'ils causent ? Un frisson d'agacement parcourut mon corps. Je me stoppai net et le regardai enfin, mes yeux s'ancrant dans les siens avec une froideur que je ne me connaissais pas.

"Tu es désolé ?" répétai-je, la voix calme, mais tremblante de colère retenue. "Désolé de m'avoir utilisée ? Désolé de m'avoir menti ? Désolé d'avoir pensé que j'étais juste une assurance pour toi ?"

Il baissa les yeux, incapable de soutenir mon regard. "Ce n'était pas comme ça..."

"Pas comme ça ?" Je laissai échapper un rire sec. "Et c'était comment alors, Hector ? Explique-moi. Parce que de mon côté, tout semble très clair."