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Le calme de la randonnée s'étendait autour de nous, chaque pas en avant résonnant doucement sur le sentier boisé. L'air frais de la forêt était vivifiant, et pour un moment, j'avais presque réussi à mettre de côté mes inquiétudes. Presque.

Hector, Marc, Fermin, et Joao marchaient devant, leurs voix basses se mélangeant au murmure des arbres. Leurs éclats de rire atteignaient parfois mes oreilles, provoquant un sourire malgré moi. Mais, en même temps, je me sentais légèrement en retrait, comme si une partie de moi observait cette scène de loin, incapable de se laisser aller complètement.

Je ralentis mon pas sans vraiment m'en rendre compte, laissant un peu de distance se creuser entre eux et moi. Les filles marchaient derrière, discutant tranquillement de la prochaine étape du sentier. Mais mes pensées étaient ailleurs, flottant autour de ce qui m'attendait à mon retour à Barcelone.

Soudain, un éclat de voix, un peu plus fort que les autres, attira mon attention. C'était Hector, et son ton semblait... différent. Curieuse, et un peu inquiète, je tendis l'oreille, ralentissant encore pour ne pas faire de bruit.

"...C'est pour ça que je vais la lâcher la semaine prochaine," dit-il, son ton léger, presque désinvolte.

Je me figeai, mon cœur s'arrêtant une seconde avant de repartir à toute allure. Était-ce vraiment Hector qui venait de dire ça ? Mes oreilles bourdonnaient, mais je me forçai à rester immobile, à écouter.

"Quoi ? Sérieux ?" répondit Marc, incrédule. "Et pourquoi ça, mec ? Je pensais que t'étais bien avec elle."

"Elle n'était qu'une assurance," répliqua Hector, et je sentis mon estomac se nouer à ces mots. "Tu sais comment ça marche. Il fallait juste que je sois sûr d'être dans l'équipe , c'est tout. Maintenant que son père part du club , je peux passer à autre chose."

Une vague de froid déferla sur moi, contrastant violemment avec la chaleur qui régnait autour de nous. Je ne pouvais plus respirer. Les mots d'Hector tourbillonnaient dans ma tête, me laissant vide et ébranlée.

"Pas mal, mec," commenta Fermin avec un rire nerveux. "T'es vraiment un maître du jeu."

Les rires qui suivirent cette déclaration résonnèrent à mes oreilles comme un coup de poignard. J'eus l'impression que le sol s'ouvrait sous mes pieds. Hector... mon Hector... n'était-il qu'un manipulateur, jouant avec mes sentiments comme s'ils n'avaient aucune valeur ?

"Et après, tu comptes faire quoi ?" demanda Joao, son ton curieux. "Tu sais qu'elle va pas le prendre bien."

"Je m'en fiche," répondit Hector avec une nonchalance glaciale qui me fit frémir. "Je suis déjà ailleurs. Elle n'a été qu'un moyen d'assurer mes arrières. Maintenant que j'ai ce que je veux, il est temps de passer à autre chose."

Le choc qui avait figé mon corps quelques instants plus tôt laissa peu à peu place à une vague de colère bouillonnante. Chaque mot que j'avais entendu résonnait dans ma tête, gravé comme une blessure qui ne cesserait jamais de brûler. Hector, l'homme en qui j'avais placé ma confiance, n'était qu'un menteur, un manipulateur. Et le pire, c'est que je m'étais laissée berner, aveuglée par ce que je croyais être de l'amour.

Je ne pouvais pas laisser passer ça. Je refusais d'être l'idiote silencieuse qui se laisse trahir sans dire un mot. Si Hector pensait qu'il pouvait jouer avec moi comme avec un pion, il se trompait lourdement. J'allais le confronter, ici et maintenant. Le feu de ma colère me poussait en avant, chaque pas résonnant plus lourdement sur le sol.

Je serrai les poings, les ongles s'enfonçant dans la paume de mes mains. Je pouvais sentir le sang battre contre mes tempes, mon cœur résonnant comme un tambour dans ma poitrine. J'accélérai le pas, rejoignant le petit groupe de garçons qui marchaient devant. Leur discussion avait baissé d'intensité, remplacée par des rires étouffés, comme s'ils ne prenaient pas au sérieux ce qu'ils venaient de dire. Mais je n'avais pas le temps pour leurs plaisanteries.

En m'approchant, je relevai la tête, fixant Hector avec une intensité que je n'avais jamais ressentie auparavant. Il ne me vit pas tout de suite, absorbé par une blague de Fermin qui lui faisait esquisser un sourire. Un sourire qui me donna envie de hurler.

"Alors, c'est ça, ton plan, Hector ?" lançai-je, la voix tremblante de rage.

Hector se figea, le sourire disparaissant immédiatement de son visage. Les autres se retournèrent vers moi, surpris, leurs expressions passant de la confusion à une gêne palpable. Hector, lui, me regarda avec des yeux ronds, pris de court. Il ne s'attendait clairement pas à ce que j'aie entendu quoi que ce soit.

"Amara... Qu'est-ce que tu—"

"Tu vas me lâcher la semaine prochaine, c'est ça ? Parce que je n'étais qu'une assurance pour toi ?" Je crachai ces mots comme du poison, avançant encore d'un pas vers lui.

Il resta silencieux, cherchant visiblement ses mots, ce qui ne fit qu'amplifier ma colère. Le silence des autres autour de nous était écrasant, mais je n'y prêtai pas attention. Mon regard restait fixé sur Hector, guettant la moindre réponse.

"Écoute, Amara, ce n'est pas ce que tu crois," commença-t-il enfin, ses mots glissant avec une maladresse qui me semblait presque pathétique.

"Ah oui ?" répliquai-je, ma voix chargée de sarcasme. "Alors explique-moi ce que c'est, Hector. Explique-moi comment tu comptes me jeter une fois que tu auras obtenu ce que tu veux."

"Tu as mal compris," balbutia-t-il, tentant de me prendre la main, que je retirai immédiatement. "Je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça."

Je le dévisageai, sentant une fureur froide se répandre dans mes veines. "Alors comment voulais-tu que je l'apprenne, Hector ? Quand tu m'aurais déjà remplacée par quelqu'un d'autre ? Quand tu aurais pris tout ce dont tu avais besoin de moi ?"

Il ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Derrière lui, Marc, Fermin et Joao restaient silencieux, évitant mon regard. Ils savaient. Ils savaient tous ce qu'Hector comptait faire, et ils n'avaient rien dit. Leur complicité, leur lâcheté, me dégoûtaient autant que les paroles d'Hector.

"Je croyais que tu étais différent," continuai-je, ma voix plus basse, mais tremblante de rage. "Je croyais que je pouvais te faire confiance. Mais apparemment, je me suis trompée. Encore."

"Amara, ce n'est pas si simple," tenta-t-il de justifier, l'inquiétude perçant maintenant dans sa voix. "Tu sais que la situation est compliquée avec tout ce qui se passe. Je ne voulais pas te blesser."

Je laissai échapper un rire amer, secouant la tête. "Pas me blesser ? Mais tu viens de le faire, Hector. Tu m'as trahie. Et tu penses vraiment que je vais rester là sans rien dire ? Que je vais te laisser me traiter comme une option de secours ?"

Il baissa la tête, incapable de soutenir mon regard. Cette vue me fit presque mal, un vestige du Hector que je croyais connaître. Mais je ne pouvais plus me laisser attendrir. Ce n'était pas le moment d'être faible.

"Je mérite mieux que ça," déclarai-je finalement, ma voix ferme. "Je mérite mieux que quelqu'un qui joue avec mes sentiments pour son propre intérêt. Si tu ne peux pas le comprendre, alors c'est fini. Tu ne pourras plus jamais me considérer comme ton assurance."

Les mots laissèrent un silence lourd entre nous, Hector ne trouvant rien à répondre. Une part de moi espérait qu'il dirait quelque chose, qu'il me prouverait que tout cela n'était qu'un malentendu. Mais il ne fit rien, restant là, figé par la culpabilité et l'incapacité de répondre.

Je pris une grande inspiration, sentant le poids de la situation peser sur mes épaules, mais avec une détermination nouvelle. Je me retournai, laissant Hector et ses complices derrière moi, décidée à ne plus jamais être celle qu'on trahit sans conséquences.

Les filles me rejoignirent rapidement, me jetant des regards inquiets, mais je secouai la tête, signifiant que je ne voulais pas en parler. Pas maintenant. Nous avions une randonnée à finir, et j'avais encore trop de colère à évacuer pour pouvoir expliquer tout ça calmement.

Mais une chose était certaine : plus jamais je ne me laisserais manipuler de la sorte. Plus jamais je ne serais l'assurance de qui que ce soit.Surtout pas de Hector.

Desire's Struggle | Hector FortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant