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Je venais à peine de rentrer à l'appartement quand je remarquai un petit bouquet posé sur la table du salon. Des tulipes blanches. Leur douceur éclatante se détachait dans la pièce, presque irréelle. Je m'approchai, incertaine, mon cœur battant un peu plus vite. Qui aurait pu envoyer des fleurs, et pourquoi ?

Je n'eus pas besoin de me poser la question trop longtemps. Le parfum délicat des pétales évoquait immédiatement Hector. Ce n'était pas son style habituel d'agir ainsi, mais quelque chose dans ce geste, dans la couleur des tulipes, me fit comprendre. Il cherchait à se racheter. À demander pardon.

Je m'assis lentement sur le canapé, mes doigts effleurant les tiges fraîches. Les tulipes blanches... Symbole du pardon. Un sourire presque imperceptible s'échappa de mes lèvres. Hector savait-il vraiment à quel point ces fleurs résonnaient avec ce que je ressentais en ce moment ? Ou était-ce simplement un geste, une tentative maladroite d'apaiser la tension entre nous ?

Les souvenirs de notre conversation chez le coiffeur me revinrent. Sa voix, ses regards incertains, le ton presque désolé qu'il avait employé. Et puis, cette envie de comprendre, de s'adapter, malgré les blessures et la confusion qui flottaient entre nous.

Je me penchai en arrière, les tulipes reposant maintenant sur mes genoux, et je laissai mes pensées s'étirer lentement. Que devais-je faire de ce pardon qu'il m'offrait ? Une partie de moi avait encore du mal à oublier cette conversation entendue plus tôt. Ces mots prononcés dans le vent, où il avait parlé de moi comme d'une simple "assurance". Je n'avais jamais voulu être ça pour personne. Une garantie. Une option de secours.

Pourtant, en dépit de ma colère, je ne pouvais nier qu'il essayait. Il se donnait du mal pour me montrer qu'il avait compris. Mais est-ce que cela suffisait ? Est-ce que ces tulipes, aussi belles et pures soient-elles, pouvaient effacer la douleur, les doutes ?

Je me rappelai de la chaleur de ses bras, de cette nuit dans la tente. Comment il avait réussi, sans un mot, à me réconforter, même si mes pensées étaient en désordre. Peut-être que la réponse n'était pas aussi simple. Peut-être que le pardon ne se trouvait pas uniquement dans ces fleurs, mais dans le chemin que nous avions commencé à parcourir ensemble.

Alors que je restais perdue dans mes réflexions, j'entendis la porte de la chambre s'ouvrir doucement. Bella apparut, un large sourire curieux sur le visage.

« Eh bien, eh bien, qui t'a envoyé ces merveilles ? » demanda-t-elle en s'approchant.

Je haussai les épaules, tentant de minimiser l'importance du geste, même si mes mains serrées sur les tulipes trahissaient mon émotion. « Hector, je pense. »

Bella sourit, s'asseyant près de moi. « Il essaie de se faire pardonner, hein ? »

Je baissai les yeux vers les fleurs, une petite lueur d'espoir s'élevant malgré moi. « Oui, mais est-ce que ça suffit ? »

Elle pencha la tête, réfléchissant quelques instants avant de répondre. « Le pardon, c'est toujours plus compliqué qu'on ne le pense. Ce n'est pas un geste, ni même des mots. C'est un processus, tu sais. »

Je hochai doucement la tête, consciente de la justesse de ses paroles. Mais quelque chose en moi luttait encore contre cette idée. « Et si je ne parviens jamais à lui pardonner complètement ? Et si cette part de doute reste toujours là, entre nous ? »

Bella posa une main réconfortante sur mon bras. « Alors tu devras décider si ça vaut la peine d'essayer. Parfois, même avec tout l'effort du monde, les choses ne reviennent pas à la normale. Mais ça ne veut pas dire que tu ne dois pas essayer. »

Je laissai un soupir s'échapper, le poids de la situation pesant sur mes épaules. La chaleur des tulipes sous mes doigts me rappela la douceur du pardon, ce geste subtil qu'Hector avait voulu m'offrir. Mais au fond de moi, je savais que ce ne serait pas suffisant. Pas encore.

« Je crois que j'ai besoin de plus de temps, » murmurais-je, plus pour moi-même que pour Bella.

Elle hocha la tête, compréhensive. « Prends tout le temps qu'il te faut, Amara. Le pardon ne se précipite pas. »

Le silence s'installa entre nous, confortable, tandis que je fixais à nouveau les tulipes. Peut-être qu'Hector avait compris plus que je ne le pensais. Peut-être qu'il savait que ce n'était que le début. Et peut-être, juste peut-être, que ces fleurs étaient sa manière de me dire qu'il était prêt à attendre, à se battre pour retrouver ma confiance.

Mais pour l'instant, tout ce que je pouvais faire, c'était respirer, et décider, un jour après l'autre, si j'étais prête à accepter ce pardon, et à lui en offrir un en retour.

Je suis assise là, à fixer les tulipes blanches depuis un moment, comme si elles détenaient une réponse que je n'arrive pas à saisir. Ma nouvelle couleur, ce blond cendré que Bella m'a aidée à choisir, a déjà fait son effet. Hector l'a vue, il a réagi. Mais, au fond de moi, je ne suis pas sûre que ce soit suffisant. Le changement, bien qu'extérieur, ne me libère pas de ce que je ressens encore.

Sierra est en train de faire défiler son téléphone sur le canapé à côté de moi, silencieuse, tandis que Chiara est retournée dans sa chambre, probablement pour étudier. Le calme dans l'appartement me donne un étrange sentiment de paix, mais aussi d'inconfort. Tout semble trop tranquille, trop figé, alors que mon esprit est agité, en pleine tempête.

Je serre mes genoux contre ma poitrine, le regard toujours fixé sur les fleurs. Elles sont belles, pures, mais elles me rappellent constamment ce qu'Hector essaie de faire passer. Pardon. Est-ce que je peux vraiment lui pardonner ? Est-ce que j'en ai envie ?

Sierra lève soudainement les yeux de son téléphone. « Toujours à penser à lui, hein ? » Elle pose doucement une main sur mon épaule. « C'est pas facile, je sais. »

Je lui lance un sourire timide, sans vraiment savoir quoi répondre. Je sens que mes pensées s'embrouillent. Est-ce que je pense vraiment à lui, ou est-ce que je pense à ce que je devrais ressentir ? Tout est tellement confus.

« Il t'a dit quoi, au juste, quand il t'a vue avec ta nouvelle couleur ? » demande Sierra avec curiosité.

Je me souviens de ce moment, juste après être sortie du salon de coiffure. Hector m'avait attendue, un peu nerveux, comme s'il savait qu'il y avait plus en jeu que simplement une nouvelle coupe de cheveux. Quand il m'a vue, il est resté silencieux pendant une seconde, ses yeux se posant sur mes mèches blondes. Puis il avait dit, presque doucement : « Amara, tu es magnifique. »

Ces mots auraient dû me réconforter, m'apaiser. Mais ils avaient sonné creux, comme si je cherchais à entendre autre chose. Comme si je voulais qu'il dise plus, qu'il me prouve que ce n'était pas qu'une question d'apparence.

« Il m'a dit que j'étais magnifique, » finis-je par répondre, d'une voix basse. « Mais... je ne sais pas, Sierra. Je ne sais pas si ça veut dire quelque chose. »

Sierra s'assoit un peu plus près de moi, son regard bienveillant. « Peut-être que tu attends trop de lui, » dit-elle doucement. « Ou peut-être que tu as besoin de temps pour savoir ce que *toi* tu veux vraiment. »

Je baisse les yeux, sentant une vague d'émotion monter en moi. Sierra a raison. Peut-être que ce n'est pas Hector le problème. Peut-être que c'est moi, qui cherche encore à comprendre ce que je ressens vraiment.

« Ces tulipes... » Je laisse ma voix traîner, caressant un des pétales délicats du bout des doigts. « Elles sont censées représenter le pardon, mais je ne sais pas si je suis prête à pardonner. Pas encore. »

Sierra ne dit rien, elle se contente de rester là, à mes côtés, partageant ce silence qui semble maintenant si plein de sens. Je ferme les yeux un instant, essayant de trouver la réponse en moi-même.

Desire's Struggle | Hector FortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant