III - Réparé

7 3 2
                                    

Ça y est. J'y suis. C'est l'adresse que m'a donnée l'Iris. L'immeuble dans lequel tu es censé vivre.
J'ai beau m'y être préparé, mon cœur s'affole en s'imaginant une pléiade de scénarios plus ou moins probables. Et si tu avais déménagé ? Et si tu avais été attrapé, avec ton faux passeport ? Et si tu avais rencontré quelqu'un ici ? Et si... Et si tu m'avais oublié ?
Le doigt suspendu à un centimètre du premier chiffre du code – fourni par l'Iris, encore une fois – j'hésite, peu confiant. Trois mois ont passé depuis que nous avons été séparés. Il peut se passer tant de choses en trois mois. Comment être sûr que tu veuilles encore de moi ?
Je finis par me laisser tomber sur les marches, la tête entre les mains. Pourquoi est-ce si difficile ? Je ne peux pas avoir fait tout ça pour rien. Mais j'ai beau y mettre toute ma volonté, je n'arrive pas à calmer mon esprit, passé en mode négatif depuis que je me tiens devant la porte de ton immeuble.
Je me relève et fixe la porte, indécis. Je lève une main, m'arrête encore une fois à quelques centimètres des touches usées. Je baisse le bras, le remonte, sans savoir quoi faire, et c'est là que j'entends ta voix, derrière moi, aussi fluette qu'au dernier jour, un peu plus assurée, peut-être :
– Asterion ?
Je me retourne lentement, sans en croire mes oreilles. À tous les coups, mon imagination me joue des tours et personne ne se tient derrière moi. Mais tu es bien là, avec tes cheveux blonds un peu bouclés, un brin plus courts qu'avant, ta peau si lisse et immaculée, tes yeux de ce délicat marron à la douceur inégalable, et ce petit grain de beauté au coin de ta bouche que je ne peux jamais m'empêcher d'embrasser. J'écarquille les yeux, mon cœur s'emballe, mais je reste figé sur place, incapable de faire ne serait-ce qu'un seul geste. J'ai beau m'être préparé, tout ce que j'arrive à faire, c'est lâcher un misérable :
– Lud...
Mon cerveau n'a pas le temps de trouver autre chose à dire. Tu t'es déjà précipité vers moi pour me serrer contre toi, et je referme tes bras sur toi dans un geste instictif. Je plonge le nez dans tes mèches soyeuses et respire leur odeur familière à plein poumons tandis que tu m'étreins plus fort, la tête contre mon épaule.
– Tu... Tu m'as tellement manqué, Ast', murmures-tu au creu de mon cou.
– Toi aussi, Blondinet. Je t'ai cherché, tu sais ? Je croyais que tu étais encore dans un camp... Je me suis tellement inquiété, je...
– Je sais, moi aussi... Je n'arrive pas à y croire ! Tu es là, vraiment là, tu t'en es sorti ! Est-ce que tu es passé par...
Même si tu ne finis pas ta question, je comprends ce que tu veux dire.
– Non, une autre organisation, l'Hyacinthe, a fait sauter les rails juste devant le camp pour faire évader un maximum de futurs détenus. J'ai pu m'échapper, mais comme on n'a pas tous pu s'enfuir, je croyais que tu avais été attrapé... J'ai appris l'existence de l'Iris il y a seulement une semaine, et c'est eux qui m'ont dit ce qui s'était passé avec le train et qui m'ont indiqué l'endroit tu étais censé vivre.
– Quoi ? Sérieux, quelle était la probabilité que...
Tu laisses ta phrase en suspens dans un éclat de rire avant de mettre une main sur ma nuque et de poser tes lèvres sur les miennes. Je caresse ta joue d'une main et resserre mon étreinte de l'autre en répondant à ton baiser, avec l'impression que mon cœur va exploser de joie.
Je t'ai retrouvé, et c'est comme si toutes les pièces de mon monde se remettaient en place.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Aug 27 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Histoires d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant