Chapitre 3

35 3 12
                                    

Domos étalait la pommade qu'Hector lui avait donnée pour apaiser les rougeurs qui s'étaient manifestées peu après son arrivée. Sa peau, blanche et délicate, réagissait mal au climat rude et au soleil implacable. Bien que les taches se soient estompées, il continuait à appliquer l'onguent par précaution, cherchant à éviter toute nouvelle irritation.

Assis en tailleur sur son tapis, torse nu, il s'appliquait à la tâche avec soin, massant ses épaules de l'onguent apaisant. La texture de la pommade, épaisse et blanchâtre, glissait sur sa peau.

Soudain, la porte s'ouvrit à la volée et Irusphène fit irruption dans la chambre comme un ouragan, manquant de renverser le pot de pommade qui reposait sur le couvercle incurvé de sa malle. Le jeune prince semblait hors de lui, les mains agrippant ses mèches avec une telle force qu'on aurait dit qu'il s'apprêtait à les arracher. Sa respiration était haletante, chaque inspiration presque douloureuse.

Sans un mot, Irusphène dégrafa les boutons de sa chemise de lin d'un geste brusque, à la recherche d'oxygène.

Avant que Domos ne puisse réagir, il sentit une main puissante saisir son cou, et en un instant, il fut plaqué contre le mur auquel le lit était adossé. La poigne d'Irusphène était implacable, les doigts serrés comme des serres autour de sa gorge.

— Tout cela est de ta faute ! cria Irusphène, son visage déformé par la colère, tandis que des éclats de salive jaillissaient de sa bouche, atterrissant sur le visage de Domos.

Irusphène sembla tout d'un coup, remarquer que sa prise était torse nu. Son regard glacial parcourut le corps qu'il maintenait fermement contre le mur, s'attardant sur chaque détail de la peau pâle et des muscles sculptés par des années d'entraînement. Domos, bien que conscient de sa supériorité physique, se surprit à ne pas tenter de se libérer de l'emprise du jeune prince. Quelque chose dans le comportement d'Irusphène, imprévisible et pourtant désarmant, l'empêchait de réagir avec violence. Il aurait pu inverser les rôles sans difficulté, pourtant il ne le fit pas, comme si une intuition profonde le retenait.

Irusphène, plus grand et imposant, le dominait de toute sa hauteur. Leurs regards se croisèrent, Domos fixant les yeux perçants du prince avec une intensité inquisitrice. Comment une créature aussi belle pouvait-elle incarner tant de tourments ? S'interrogea t-il ne quittant le prince des yeux. Ses traits semblaient sculptés par les dieux eux-mêmes, une perfection troublante qui contrastait avec sa nature farouche et instable. Les sourcils épais et soigneusement dessinés de l'héritier formaient une ligne sévère au-dessus de ses yeux clairs qui, à cet instant, le dévoraient et brûlait sa peau, parcourant chaque courbe, chaque ombre de son corps.

Lentement, Irusphène se rapprocha, ses yeux dérivant vers les lèvres de Domos. Le contact de ses mains se fit plus léger, presque caressant, et peu à peu, sa prise se relâcha autour du cou du guerrier. La proximité entre eux se réduisit à un souffle. Irusphène murmura, d'une voix si basse que même à cette distance, Domos eut du mal à l'entendre :

— Tu... tu sens tellement bon.

Le souffle chaud du prince effleurait les lèvres de Domos. Ils étaient si proches que chaque respiration de l'un faisait écho dans la poitrine de l'autre. Domos, le souffle court, sentit une chaleur inattendue monter en lui. Son corps semblait réagir de sa propre volonté, un frisson parcourant son échine et un désir inattendu s'éveillant en lui, plus vif et plus pressant que jamais. Il se rappela d'un autre temps, d'un autre lieu, lorsqu'il épiait Louison se baignant dans les cuves chaudes, mais même ces souvenirs n'avaient jamais suscité en lui une telle urgence.

Le rouge lui monta aux joues, se propageant jusqu'au pourtour de ses oreilles, un feu intérieur le consumant de honte et de confusion. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Pourquoi, en dépit de tout, se sentait-il attiré par cet être complexe et troublant qui oscillait constamment entre le mépris et une forme singulière d'affection ?

Danse du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant