Chapitre 2 - Partie 2

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Le banquet avait pris fin. Il fut étonnamment calme, chacun le nez dans son assiette d'argent, concentré à découper un morceau de gigot rôti ou à fixer son reflet dans une coupe de vin. Les conversations habituelles avaient été réduites à des murmures à peine audibles, interrompues seulement par le tintement de la vaisselle et le craquement des bûches dans la cheminée.

La brise fraîche de la nuit joua avec les petites mèches qui s'échappaient de la tresse de Domos. Il s'assit dans la noir, sur un rocher surplombant la vallée, observant les lumières des lanternes accrochées aux fenêtres du palais royal. De loin, le palais semblait encore plus imposant, avec ses tours énormes s'élançant vers le ciel étoilé. Les murs de pierre blanche réfléchissaient la lumière des torches des gardes qui patrouillaient en silence, leur armure émettant de faibles cliquetis à chaque pas. De temps en temps, on pouvait voir des ombres furtives se déplacer derrière les lourds rideaux, preuve que la vie continuait, même en cette heure tardive.

Domos se mit sur ses gardes en entendant un craquement de branche derrière lui. Il se retourna brusquement, prêt à se défendre.

— Belle soirée, n'est-ce pas ? fit une voix familière.

Josias s'assit à même le sol en face de son nouvel ami. Il portait sa sacoche en cuir usé en bandoulière, qui contenait sûrement son carnet et ses plumes. D'ailleurs, il s'en servait souvent pour échanger avec Domos. D'un geste nerveux, il ébouriffa ses cheveux noirs avant de lever les yeux vers le ciel, un sourire rêveur aux lèvres.

— Des fois, j'aimerais être comme les étoiles, dit-il en mimant une explosion avec ses mains. Me remplir d'énergie et imploser.

Domos secoua la tête en signe de désaccord. Bien que le poids du monde semblait lui peser sur les épaules, il savait que fuire n'était certainement pas la solution.

Le jeune homme rit doucement, admirant l'inflexibilité de son ami face à la tempête intérieure qui le tourmentait.

— Alors, je te propose que nous allions en ville boire un coup pour nous vider l'esprit, dit Josias avec un sourire encourageant. Même si, au fond, s'enfiler des hanaps serait le plus proche de la sensation d'imploser.

Domos refusa à nouveau en silence, secouant la tête avec fermeté. L'idée de boire ne l'attirait pas, surtout pas ce soir. Il ne cherchait ni l'ivresse ni l'oubli ; il avait besoin de réponses, de clarté, en particulier sur la proposition de Paoulos. Et puis, il savait qu'il tenait mal l'alcool. Ses sens, normalement acérés, se trouvaient vite ravagés par les effets de l'ivresse, le laissant vulnérable.

— Qu'y a-t-il, mon ami ? Que puis-je faire pour t'aider ? demanda Josias avec une sincérité désarmante, ses bras entourant ses genoux alors qu'il fixait Domos avec une intensité bienveillante. Te voir si tourmenté me fend le cœur.

Domos hésita. Le poids de ses pensées pesait lourd sur son esprit, mais il sentait que Josias était quelqu'un de confiance. Après tout, il était le frère de Paoulos. Peut-être connaissait-il des détails que le prince avait omis de mentionner intentionnellement.

Comme s'il avait deviné le trouble de son ami, Josias sortit le carnet de son sac et le lui tendit, accompagné d'une plume argentée brillante. Domos prit le carnet avec une main résolue. La couverture en cuir, usée par les années et les nombreuses manipulations, était gravée de motifs complexes qui se perdaient dans un entrelacs de lignes élégantes. Il détacha la lanière qui maintenait le carnet fermé, le bruit sec du cuir se détachant résonna dans la nuit calme.

Le carnet s'ouvrit avec un léger craquement, révélant des pages soigneusement remplies de schémas et de croquis. Les feuilles étaient couvertes d'un enchevêtrement de dessins méticuleux : des machines d'ingénierie complexes, des dispositifs de siège élaborés, et des plans détaillés des entrailles du château. Chaque esquisse était réalisée avec une précision impressionnante, des lignes nettes et des annotations minutieuses bordant chaque détail technique. Il ignora tout cela et trouva une page vierge.

Danse du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant