Confiance perdue

23. Nouvelle complicité

EVA

Ma tête est plus lourde que mon propre corps, mes paupières sont closes et je me sens allongé. L'endroit où je me trouve est silencieux et je ne pourrais me dire où je me situe. J'ouvre légèrement les yeux, la pièce est tellement sombre que je ne vois ni les meubles, ni la couverture qui est posée sur mes jambes. L'ensemble de mon corps est courbaturé et j'ai d'ailleurs du mal à me redresser. Je me rappelle soudain des événements de la soirée, je leur ai expliqué ma théorie et pouf, plus rien. Alors si je réfléchis bien, je serais dans ma chambre et à ma droite, il y aurait ma lampe de chevet. Je me rapproche du bord du lit, cherchant du bout des doigts le bouton pour mettre un peu de lumière dans la pièce. J'ai eu visiblement raison, j'allume la lumière, ce qui me brûle d'ailleurs les yeux. Je tourne mon corps essayant de revenir au milieu du lit mais je suis tellement surprise de voir un corps endormi juste à côté du miens que je tombe du lit en me fracassant la tête contre le sol et en poussant un petit cri de surprise. Ce qui n'aide pas à passer mon mal de crâne. Je me relève seulement que le buste, étourdi par la chute, quand la personne qui dormait à mes côtés de dirige vers moi l'air paniqué.

Je n'ai pas besoin de regarder sa tête pour le voir lui, avec ses tatouages. Il se jette à mes côtés en me disant:

-Tout va bien ? T'es sûr que ça va ? On va aller voir Lènor. Je....désolé, je voulais pas te faire peur...Je n'aurais pas d-

-Dylan, ne parle pas si fort s'il te plaît, dis-je en massant mes méninges.

-Oh oui désolé, je pars si tu veux encore te reposer. Excuse- moi. me propose t-il.

Pourquoi s'excuse-t-il autant ?

Je me relève, pas sans l'aide de Dylan et je soupire, je suis encore épuisée à vrai dire, mais j'ai encore des choses à faire avec ce Tomas. Je veux le retrouver, lui faire cracher les mots, me venger, lui crever les yeux, lui arracher son sourire pour m'avoir parlé naturellement comme s'il n'avait pas tué mon frère. Je veux me venger.

Certaine que ma fatigue se voit sur mon visage, je me dirige vers ma petite salle de bain, ressentant le regard lourd de Dylan. Et effectivement, je suis affreuse, mes cheveux gras et attachés à la va vite me donne l'air d'une fille négligée, mes cernes violacées me donne l'air d'une zombie et mes lèvres sèches d'une assoiffée. Rien ne va. Même avec un rafraîchissement facial, je ne me sens pas mieux. Les boutons apparaissent sur mon visage depuis quelques jours. J'ai l'impression de retomber dans la pré adolescence et ça me répugne. Tellement que j'en reste figée devant mon reflet. Je respire un coup, espérant que ce visage se transforme en quelque chose de mieux. Ma peau est très sèche à certains endroits de mon visage au point que ça brûle. J'ai conscience que plusieurs personnes me trouvent mignonne ou même belle. Mais ça fait mal de voir que personne ne tient à moi pour ce que je suis réellement, au fond de moi.

C'est tellement dur de réaliser que le harcèlement que j'ai reçu au collège et partit d'un simple "vote" pour élire la plus belle fille de la classe. Pour ainsi dire que les garçons se sont déchaînés. J'avais gagné et avant même de savoir qu'il avait créé ce stupide jeu, j'étais déjà devenus la paria d'une fille, puis de deux, puis de trois et tout le monde à suivis. Puis ce harcèlement s'est transformé en quelque chose de plus profond et recherché. On dit souvent qu'être considéré comme une personne belle est un privilège, mais cela peut aussi être la pire malédiction, comme dans mon cas.

Je m'éloigne de la glace avant que tous mes souvenirs remontent et me démolissent encore plus que je le suis déjà. Revenu dans la chambre, Dylan est adossé contre un mur en regardant son téléphone, comme s'il... m'attendait.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Il lève à peine la tête avant de partir de la pièce. Je reste surprise de ce qu'il vient de se passer, je n'arrive pas à réfléchir clairement. C'était une illusion ? Si non pourquoi recommence t-il à mettre une distance entre nous ?