Maraudes heureuses

2 ∙ Hunky Dory

Tw : mégenrage (involontaire), masturbation (c'est très soft ça fait trois ligne mais bon je préfère prévenir) et lesbophobie internalisée

L'air du soir était doux et frais. Ça sentait la terre et le bois. Le soleil baissait dans le ciel, éclairant le château d'une lumière orangée. Dorcas avait été la première à arriver sur le terrain de Quidditch, détestant prendre du temps dans les vestiaires. Elle n'y allait que pour récupérer son balais, désormais. Elle venait toujours déjà prête et repartait de la même façon, se lavant dans la salle de bain du dortoir plutôt que dans les douches communes qu'occupaient ses coéquipières. Petite, elle s'était permise de se changer avec les autres, mais quand les corps avaient commencé à changer, qu'elle avait commencé à les regarder autrement, elle avait décidé de s'en éloigner. Non pas qu'elle soit attirée par l'une des sorcières de l'équipe, elle avait seulement peur qu'on devine ses préférences et qu'on lui reproche d'en avoir profité. 

Quoi que, ses fameuses attirances, elle n'en était même pas sûre. Elle savait juste qu'elle ne regardait pas les garçons comme les autres filles le faisaient et qu'elle ressentait quelque chose de très bizarre pour Marlène, qu'elle ne savait pas gérer. Sans mettre de mot dessus, pour que ce ne soit pas trop réel, elle se plaisait à regarder les bouts de silhouettes qu'elle pouvait saisir. La finesse d'un bras, la marque d'une taille, la rondeur d'une cuisse, les traits d'un visage ou le timbre d'une voix, peu importait. Elle régalait ses yeux quand personne ne pouvait la surprendre. C'était toujours bref, parce qu'elle était honteuse d'elle et honteuse de regarder les filles comme des objets. Mais elle se surprenait toujours à le faire. Elle ne regardait personne comme Marlène. 

Marlène dont elle appréciait non seulement la beauté mais aussi la présence. Elle avait envie de l'embrasser, qu'elle la serre fort contre elle et elle rêvassait parfois à un futur où elles vivraient toutes les deux, amoureuses et heureuses avec leurs ami∙es et leurs familles. Mais c'était impossible. De toutes façons sa famille croyante n'aurait jamais accepté ça. Elle s'en voulait pour ça, tantôt se disant qu'elle avait bien le droit de penser à ce qu'elle voulait tant que c'était dans sa tête, tantôt se trouvant irrespectueuse envers sa meilleure amie, qui, à l'évidence, ne la voyait pas comme ça. Elle n'osait même pas imaginer le visage de son père qui jurerait sur tout leurs ancêtres et irait prier pour la faire changer, invoquant son arrière grande-tante Tituba, qui s'était battue en duel magique avec une enchanteresse pour avoir des enfants. Un vrai conte de fée. Que diraient-iels, alors, si elle admettait ne pas en vouloir, elle ? Elle savait que vivre avec une femme rimait à ça, on le lui avait dit. 

« Allez, on s'échauffe ! Ordonna Mme Bibine qui débarqua sur le terrain, sa longue cape trainant derrière elle. 

Elle tenait toujours à ce que les joueurs s'échauffent avant de monter sur leurs balais, puis fassent des exercices avant de jouer un match. Ça exaspérait Dorcas qui adorait les matchs et s'ennuyait de tout le reste. L'échauffement en particulier, lui semblait inutile. Elle avait supporté toute une première journée de cours et fait l'effort de venir jusqu'au terrain ce soir exprès pour s'entrainer au prochain grand match qui aurait lieu contre les Serpentard, ce n'était pas pour perdre du temps à s'échauffer. 

... On ne grimace pas comme ça, Meadowes ! continua la professeure, la réprimandant. Certains d'entre vous n'ont pas joué des vacances. Si vous ne voulez pas avoir l'impression d'être monté∙es à dos de dragon demain, je vous conseille de vous échauffer. »

Dorcas soupira, prenant la même position ridicule que les autres sous prétexte d'étirer ses bras. Elle échangea une grimace avec James, à quelques mètres d'elle, qui tentait de se pencher en avant sans faire tomber ses lunettes.