20 ∙ all my friends are falling (in love)

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Le contraste entre la brumeuse fin des vacances et la reprise fut saisissant. Mary avait l'impression de passer chaque moments de sa journée à faire quelque chose et craignait un nouveau débordement magique. Les enseignant∙es les surchargeaient de devoirs et exigeaient plus que jamais d'elleux qu'iels sachent ce qu'iels allaient faire de leurs vies. 

Raisonnable, la jeune fille tentait de repousser les responsabilités, les questionnements, comme le lui avait conseillé toutes les personnes qu'elle connaissait, inquiet∙es. C'était vicieux quand on savait que d'un autre coté, ces mêmes attendaient d'elle qu'elle soit responsable et indépendante comme elle l'avait toujours été. Elle n'en avait plus la force. Elle avait certes moins de secrets à garder, mais le revers de la médaille était lui aussi difficile : plus personne ne lui confiait rien, et elle se sentait seule. Son rôle en matière d'amitié avait été évincé, elle savait d'avance qu'elle mettrait un temps fou à en trouver un autre. 

Le fait que chaque membre de son groupe d'ami∙es soit désormais emmêlé dans un couple n'arrangeait rien. Entre Lily et James, Remus et Sirius, Dorcas et Marlène, elle ne pouvait pas passer un instant avec l'un∙e sans qu'iel ne parle de sa moitié, que celle-ci ne les rejoigne, ou pire, qu'on tente de la faire tomber dans cette toile d'acromentule, elle aussi. Elle se sentait perpétuellement comme la troisième roue du carrosse. Ça la désolait. 

Les années précédentes, elle avaient le droit à de vraies conversations avec ses ami∙es : des débats politiques, des apprentissages sur les cultures de certaines créatures fantastiques, des conversations sur les langues sorcières, la magie, des échanges sur moins pointus les livres, l'avenir, la famille ou les profs. Plus le temps avait passé, plus tout le monde avait grandit et plus c'était les relations romantiques qui prenaient de la place. C'était une régression, se disait-elle. Si elle avait jusque-là échappé aux séances de reluquement de garçons (avec deux lesbiennes, l'échange n'allait pas bien loin) elle avait désormais le droit à tout. Les filles, les garçons, les sentiments, le mariage. Son entourage s'en donnait à coeur joie. Iels parlaient de s'installer ensemble après la guerre, de faire leurs premières fois, de se glisser dans les dortoirs les un∙es des autres, d'organiser des tas de sorties entre couple. Mary avait la vilaine sensation de tenir la chandelle. Et elle s'était juré que si elle voyait encore une fois un couple s'embrasser sans pudeur dans les couloirs elle allait demander à Peeves de leurs jeter un saut d'eau sur la tête. Elle voulait bien être tolérante mais il n'y avait pas à s'exhiber non plus ! 

Elle avait envisagé d'expliquer que pour elle, ça ne marchait pas comme ça. Que la romance ne l'intéresserait pas et que la sexualité la dégoutait. Elle avait trop peur qu'on la traite de prude, qu'on pense pas extension qu'elle avait un coeur de pierre. Elle aimait ses ami∙es d'un amour inconditionnel qu'elle considérait bien plus important que n'importe quelle relation amoureuse, pourtant... Et puis elle ne voulait pas tout figer dans le marbre. Qui pouvait savoir ? Ça passerait peut-être ? Peut-être allait elle, elle aussi, tomber folle amoureuse ? Les choses seraient bien plus simples. Aussi il était difficile de savoir si tout le monde n'était pas comme elle, si tout le monde ne se forçait pas un peu. Ça lui semblait irréel quand elle entendait Dorcas dire que quand elle voyait une belle fille elle ressentait des frissons, une envie de l'embrasser... Mary n'avait jamais ressentit ça pour personne, mais, et si elle n'était juste pas assez attentive à ses sensations ? En se concentrant, après tout, elle arrivait à trouver des personnes belles. Belles, mais jamais attirantes

Quand elle n'en pouvait plus de ses ami∙es et que continuer à réviser aurait paru excessif elle allait trouver Peter, qui était bien la seule personne qu'elle avait envie de voir. Ensemble au moins, iels ne parlaient jamais d'amour. 

« Ton patronus, c'est aussi un chat ?

Iels étaient installé∙es sur un canapé reculé de la salle de duel, aménagé à la vas-vite par des passioné∙es en un club d'échecs. Des restes de pièces gisaient encore sous la table basse. À cette heure-ci cependant, il n'y avait personne. La plupart des autres années étaient en cours et les plus âgés révisaient. Mary s'était allongé, repliant les genoux pour laisser de la place à Peter qui en prenait si peu, à coté d'elle. Il s'occupait d'une plante, qui soit disant avait besoin d'ombre et d'une atmosphère colérique pour se developer. À ce demander comment elle pouvait être inoffensive. 

- Mm. Pourquoi ? 

- Mon patronus est un rat. Tu crois que mon animagus en aurait été un ?

- C'est pas toujours comme ça que ça marche mais... oui, sans doute. C'est le cas pour tout∙es les autres du groupe. 

- Tu aurais eut envie de me manger ?

Mary grimaça. Elle avait déjà chipé une croquette pour tester, elle devait l'avouer, ça n'avait pas été mauvais, mais sa part humaine la réfrénait de manger un animal vivant comme pouvait le faire les vrais chats. Quand un petit animal bougeant vite lui donnait envie de jouer sous sa forme féline elle se retenait. Elle se serait un peu sentit comme une meurtrière, autrement. 

- Non. Je peux manger des souris ou des oiseaux, je crois, c'est comestible puis et j'imagine que mon palais de chat aimerait bien mais... mon cerveau d'humain met tout de suite un stop, ça me dégoute. Je suis pas prête d'essayer. 

Peter poussa malgré lui un soupir soulagé qui fit glousser Mary. 

... Pourquoi ? Tu avais peur à se point que je te mange ? 

- Bien sûr que non ! rougit Peter, gêné. 

Il donna sans le faire exprès un coup à sa plante et lui marmonna des excuses, ce que Mary trouva mignon. S'excuser à une plante, c'était le genre de choses incongrues qu'elle aimait bien chez les gens.

- Dis, tu veux pas faire semblant de sortir avec moi, par hasard ? 

Peter ouvrit les yeux jusqu'à ce qu'ils soient rond comme des cognards. 

- Pardon ? 

- Je pense que c'est un bon moyen pour qu'iels nous fichent la paix avec le couple, qu'iels arrêtent de nous regarder de haut, qu'on arrête de se sentir exclu∙es parce qu'on est les seul∙es à pas connaitre ça. Et puis, c'est un moyen de savoir pour sur si ça nous plait vraiment pas où si ça vas nous passer. En plus ça nous occuperait ! J'en peux plus de voir tout le monde se bécoter. 

- Je ne veux pas te bécoter ! Sans offense. 

- Pas besoin ! On est pas non plus du genre très tactiles, personne ne sera étonné qu'on ne montre rien ! Si on l'annonce, qu'on se tien un peu la main et qu'on traine ensemble, ça suffira. 

Peter leva pour de bon les yeux de sa plante. 

- C'est vrai que les gars commencent vraiment à me saouler parce que je n'ai pas de copine... 

- Alors voilà ce sera un cristal, deux coups ! 

- Ça me va. 

Iels hochèrent la tête, un peu démuni∙e avant que Mary ne prenne les commandes :

« On a juste à faire une liste de conditions. 

Dans le feu de l'action, elle arracha un morceau de parchemin, sorti sa plume et son encrier. Toute une liste n'était peut-être pas nécessaire, car elle pris un moment avant de savoir quoi rédiger.

- Si l'un∙e de nous tombe vraiment amoureux∙se, on arrête tout. dicta Peter.

- On ne s'embrasse pas. La limite c'est de se tenir la main. Ça te va ?

- Mhm. Et pas de surnoms bizarre non plus, ça me met mal à l'aise. "Pete'" ça va, mais pas de... (il grimaça)"chéri", etc. 

- J'aime pas ça non plus. approuva Mary.

- Pas de rencard horrible chez Mme Piedodu. J'ai des limites. 

- Ça me va. Droit d'aller voir ailleurs si jamais on a envie d'explorer un truc pour une raison ou une autre ?

- Vendu. »

Quelques autres conditions se dessinèrent sur le papier, et à la fin, un mélange de confusion et d'excitation était peint sur le visage des deux jeunes adultes. Iels ne savaient pas vraiment si c'était une erreur, une expérience interessante ou une idée de génie. Ça faisait peur mais ça les faisait se sentir comme des enfants qui jouaient au prince et à la princesse. 

« Voyons d'abord comment ça se passe. »

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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