Monsieur le professeur

Chapitre XXII - Plan

Jordan se leva le lendemain avec une sensation de vide pesant dans la poitrine. La dispute avec Gabriel tournait en boucle dans sa tête, chaque mot résonnant comme un écho douloureux. Il avait l'impression d'avoir perdu le contrôle de sa vie, et la honte d'avoir frappé Stéphane l'étouffait presque plus que celle d'avoir replonger dans ses vieux travers.

Il se regarda dans le miroir, observant les cernes sous ses yeux, les traces de fatigue et les restes de ses blessures. Ce n'était pas seulement physique; c'était une représentation de son état intérieur, de son esprit en désordre.

En arrivant au collège ce lundi-là, Jordan avait l'impression que chaque couloir se refermait sur lui, que les murs murmuraient ses erreurs. Les regards des élèves et des collègues pesaient comme un jugement silencieux, et il ne pouvait plus supporter cette pression. La culpabilité le rongeait, et il se sentait de plus en plus étranger dans cet environnement qui lui avait autrefois apporté du sens et de la satisfaction.

Au lieu d'aller en cours, Jordan tourna les talons et sortit du collège, ses pas l’amenant instinctivement vers l'appartement de Romain. Il avait besoin de s'évader, de se déconnecter de cette réalité écrasante. Romain l'accueillit sans poser de questions, un sourire complice aux lèvres et une proposition qui n'avait rien de surprenant,
"On va au casino ce soir ? Ça te changera les idées."

Jordan savait que c'était une fois de plus une mauvaise idée. Son esprit lui hurlait de refuser, mais il se sentait piégé dans un tourbillon de regrets et de colère. L'appel des lumières scintillantes du casino, du bruit des jetons et des cartes, le plongeait dans une fausse promesse d'évasion.

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Une semaine plus tard, Jordan semblait être sur une pente glissante. Il avait évité toute conversation sérieuse avec Gabriel, répondant à peine à ses messages et se tenant à distance. Son absence prolongée au collège avait commencé à susciter des inquiétudes parmi ses collègues et ses élèves. Chaque jour qui passait, Jordan sentait qu'il perdait le contrôle de plus en plus. Il avait déjà accompagné Romain au casino trois fois depuis le fameux soir, et les vieux démons de son addiction refaisaient surface de plus en plus rapidement..

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De son côté, Gabriel était rongé par l'inquiétude. Chaque jour, il envoyait des messages à Jordan, essayant de comprendre ce qui se passait, mais sans jamais recevoir de réponse satisfaisante. Ses appels restaient sans réponse, et lorsqu'il sonnait chez lui, il n'y avait jamais personne. L'angoisse montait, et l'absence de Jordan commençait à peser lourdement sur son esprit.

Au collège, la situation n'était guère meilleure. Les élèves avaient rapidement remarqué l'absence prolongée de Jordan et, à chaque cours commun, les questions fusaient.
"Pourquoi Monsieur Bardella n'est-il pas là ? Est-ce qu'il va bien ?" demandaient-ils sans cesse.

Gabriel, forcé de feindre un calme qu'il ne ressentait pas, leur répondait avec des excuses vagues, tentant de masquer son propre désarroi.

La distance et le silence de Jordan devenaient de plus en plus insupportables pour Gabriel. Il savait que quelque chose de grave se passait, et il se sentait impuissant.

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Le mardi matin, Jordan fit enfin son retour au collège. Son arrivée ne passa pas inaperçue : les élèves murmurèrent en le voyant traverser la cour, certains échangeant des regards surpris tandis que d'autres souriaient timidement, heureux de revoir leur professeur.