Monsieur le professeur

Chapitre XXIII - Descente aux enfers

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Un peu plus d'une semaine s'était écoulée, et Jordan continuait de sombrer. Ses problèmes, loin d'être résolus, semblaient s'aggraver. Les moments qu'il passait avec Gabriel se limitaient aux câlins furtifs entre deux cours au collège, des instants volés qui ne suffisaient plus à combler la distance grandissante entre eux. Chaque soir, Gabriel tentait d'inviter Jordan à sortir ou simplement à passer du temps ensemble, mais Jordan déclinait systématiquement, prétextant la fatigue ou des obligations qu'il n'expliquait jamais vraiment.

En parallèle, les fréquentations de Jordan commençaient à inquiéter ceux qui le connaissaient bien. En plus de Romain, qui l'entraînait de plus en plus souvent au casino, deux autres figures du passé de Jordan avaient fait leur retour : Jérémy et Marion. Tous deux partageaient des souvenirs de soirées arrosées avec Jordan, et ils avaient rapidement repris leurs habitudes ensemble. Les soirées s'enchaînaient, mêlant alcool et excès, et Jordan, déjà fragilisé, s'y abandonnait sans retenue.

Gabriel, malgré ses efforts, voyait bien que Jordan lui échappait. Chaque tentative de discussion sérieuse était repoussée ou éludée par Jordan, qui préférait s'enfoncer davantage dans ses nouvelles habitudes destructrices. Les sourires de façade au collège ne trompaient plus personne, et même les élèves commençaient à remarquer la mine fatiguée et les absences fréquentes de leur professeur.

Jordan, de son côté, se sentait pris dans une spirale dont il ne voyait plus la sortie. La pression des attentes, la culpabilité de décevoir Gabriel, et la tentation constante de fuir ses responsabilités le poussaient encore plus loin dans ses travers. Il savait, au fond, qu'il devait reprendre le contrôle, mais chaque soir passé à boire ou à jouer au casino le faisait s'éloigner un peu plus de la personne qu'il voulait être, et surtout, de la relation qu'il aurait aimé construire avec Gabriel.

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Mercredi après-midi, Gabriel, épuisé d'attendre des nouvelles, décida qu'il ne pouvait plus rester les bras croisés. Il devait parler à Jordan, comprendre ce qui se passait réellement et, surtout, essayer de l'aider avant que la situation ne devienne irréversible.

Il se rendit chez Jordan, priant pour que ce dernier soit chez lui et surtout qu'il ne trouve pas une nouvelle excuse pour éviter la confrontation.

Devant la porte de l'appartement de Jordan, Gabriel hésita une seconde avant de frapper. Le silence de l’autre côté semblait interminable, chaque seconde amplifiant son appréhension. Finalement, il entendit des pas lourds s'approcher, et la porte s'ouvrit sur un Jordan visiblement fatigué, les traits tirés et les yeux marqués par le manque de sommeil.
"Gabriel... qu'est-ce que tu fais ici ?" demanda Jordan, sa voix empreinte d'une lassitude qu'il ne chercha même pas à dissimuler.

Gabriel inspira profondément, essayant de contenir l'émotion qui montait en lui.
"Je ne pouvais plus attendre, Jordan. On doit parler, sérieusement. Je ne sais pas ce qui se passe avec toi en ce moment, mais je ne peux pas rester sans rien faire pendant que tu t’éloignes de moi... de nous."

Jordan baissa les yeux, incapable de soutenir le regard suppliant de Gabriel. Il savait que ce moment devait arriver, mais il s'était persuadé qu'il pourrait le repousser encore un peu, se cacher derrière ses excuses et ses fuites habituelles.
"Écoute, ce n'est pas le bon moment. Je suis fatigué, et..." commença Jordan, mais Gabriel l'interrompit, sa voix se faisant plus pressante.

"Jordan, arrête de te défiler ! On sait tous les deux que ça ne peut plus continuer comme ça. Je vois bien que tu vas mal, et je veux t’aider. Mais pour ça, il faut que tu me dises ce qui se passe vraiment. Pourquoi tu m’évites en dehors du boulot ? Qu’est-ce qui t’arrive vraiment ? "