Monsieur le professeur

Chapitre XV - Curiosité

En ce premier vendredi du mois d'octobre, un peu plus d'une semaine s'était écoulée depuis cette fameuse nuit et depuis, les deux hommes filaient le parfait amour. Leur relation évolué naturellement à chaque moment passé ensemble.
Cependant, les rumeurs en salle des professeurs continuaient de circuler, alimentées par les murmures curieux et parfois malveillants de certains collègues. Les regards en coin, les conversations abruptement interrompues lorsqu'ils entraient dans une pièce, tout cela faisait désormais partie de leur quotidien au collège. Pourtant, Jordan et Gabriel avaient choisi de ne pas se laisser abattre par ces commérages. Ils continuaient de se voir discrètement en dehors des heures de cours, partageant des moments de complicité et d'affection qui les rendaient plus forts face aux jugements extérieurs.
Parmi leurs collègues, Monsieur Tanguy, le professeur de SVT, s'était rapidement imposé comme leur grand défenseur. Ayant compris la nature de leur relation, il s'était fait un point d'honneur de désamorcer les discussions malveillantes chaque fois qu'il en avait l'occasion.

Ce vendredi-là, alors que la cloche venait de sonner la récréation, Jordan et Gabriel se retrouvèrent en salle des professeurs pour finaliser quelques détails sur leur projet de sortie scolaire avant de devoir le présenter au proviseur et à la CPE le lundi suivant.
Comme à leur habitude, ils faisaient en sorte de garder une distance professionnelle, mais leurs regards trahissait la connexion qui les unissait. Assis à une table un peu plus loin, quelques collègues chuchotaient entre eux en jetant des coups d'œil furtifs dans leur direction. Monsieur Tanguy, qui avait remarqué la scène, se leva et se dirigea vers le petit groupe.

"Vous savez," dit-il en haussant la voix suffisamment pour que tout le monde puisse entendre, "les rumeurs sont une chose, mais la vérité en est souvent une autre. Il me semble que vous feriez mieux de vous concentrer sur votre travail plutôt que de vous mêler des affaires des autres."

Son ton était ferme, et les professeurs concernés baissèrent rapidement la tête, gênés par la réprimande implicite. Jordan, qui avait suivi la scène du coin de l'œil, échangea un regard de gratitude avec Gabriel. Savoir qu'ils avaient un allié en Monsieur Tanguy leur donnait un peu plus de confiance pour affronter les prochaines semaines.

La cloche sonna la fin de la récréation, le cours commun de Jordan et Gabriel commença sur une note particulièrement positive. Leurs élèves, un mélange de 4ème et de 3ème, semblaient captivés par le projet pédagogique qu'ils avaient mis en place. L'atmosphère était détendue, les deux professeurs se complétant à merveille dans leurs explications. Les élèves participaient activement, et tout se déroulait à la perfection pendant la première heure.
Cependant, au milieu de la deuxième heure, le petit groupe d'élèves qui avait depuis un moment remarqué la complicité entre leurs professeurs commença à s'agiter. Hugo, Léo, et Sarah, trois élèves connus pour leur perspicacité, leur curiosité et surtout leur grand talent pour trouver le moindre truc pour perturber les cours, échangèrent des regards entendus avant que Hugo ne prenne la parole, une étincelle malicieuse dans les yeux.

"Monsieur Bardella, Monsieur Attal," lança Hugo, se redressant sur sa chaise, "on se demandait... est-ce que vous passez beaucoup de temps ensemble en dehors des cours ? Vous vous entendez tellement bien que c’est comme si vous étiez... de vrais amis, non ?"

Sa question était innocente en apparence, mais le ton taquin ne trompait personne. Quelques élèves pouffèrent de rire, et un murmure parcourut la classe. Jordan et Gabriel échangèrent un regard complice avant de répondre.
Jordan, avec un sourire en coin, répondit d'abord.

"Eh bien, Hugo, tu sais, quand on travaille sur un projet aussi important que celui-ci, il est normal de passer du temps ensemble pour tout organiser. C’est ce qu’on appelle du professionnalisme."