Chapitre 23

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Alessia

Le sang se glace dans mes veines, mes mains commencent à trembler. La lettre tombe de mes mains, et tombe doucement jusqu'au sol, comme si, même le papier lui-même cherche à échapper à la menace qu'elle contient.

Tout autour de moi semble se figer, les sons deviennent un bourdonnement lointain, comme si le monde entier s'est effacé, ne laissant que la peur palpable, étouffante, qui étreint ma poitrine.

Je jette un coup d'œil autour de moi, les visages des invités se transforment en un flou indistinct, ils ont l'air anonymes et menaçants.

Chaque sourire semble maintenant dissimuler une intention cachée, chaque regard posé sur moi me donne l'impression d'être déshabillée, vulnérable sous des yeux invisibles.

Je ne sais plus où me tourner, ni qui pourrait être en train de m'observer.

Sans perdre une seconde, je me retourne et pars à toute vitesse, et me fraye un chemin à travers la foule.

J'atteins enfin les toilettes et m'y engouffre, le cœur qui bat à tout rompre.

Les néons blafards remplissent l'espace d'une lumière crue et impitoyable, accentuant les ombres dans chaque recoin.

Je m'enferme dans les toilettes, et me
laisse glisser contre la porte.

Les murs étroits semblent se refermer, et je lutte pour maîtriser la peur qui me submerge. Le silence dans l'étroite pièce est troublant, seulement interrompu par le bruit irrégulier de ma respiration. J'écoute, chaque son me fait sursauter, chaque bruit me semble être une menace.

Et si quelqu'un était là, juste de l'autre côté de cette porte, à m'attendre ?

Un instant, je crois voir une ombre bouger sous la porte des toilettes, et mon cœur manque un battement.

Je ne vois que des images terrifiantes, des scénarios où ce monstre m'attrape, m'emporte, me laissant à jamais disparaître, sans que personne ne le sache.

Je sens les larmes monter, brûlantes et incontrôlables.

L'air dans la cabine semble manquer, et je lutte contre la sensation oppressante de suffocation.

Mais au fond de moi, une certitude se fait, je ne suis pas en sécurité ici, ni nulle part ailleurs. Le masque est là, quelque part, et attend le moment pour m'attraper.

La porte des toilettes s'ouvre avec fracas et je sursaute.

— Alessia ? Ça va ? demande une voix familière.

C'est Gustavo.

Son ton est doux, mais il y a une inquiétude dans sa voix.

Je n'ose pas répondre tout de suite, luttant pour reprendre un semblant de contrôle sur mes émotions.

Il se tient de l'autre côté de la porte, ses doigts tapotent doucement contre le bois, un geste qui se veut réconfortant mais qui m'envoie des frissons glacials dans le dos, venant de lui.

Son insistance à me trouver ici, à ce moment précis, ne fait qu'accentuer ma méfiance.

Je sais que je dois sortir, affronter ce qui m'attend de l'autre côté, ne fait qu'accroître mon malaise.

D'une main tremblante, j'essuie mes larmes, et me force à respirer plus lentement, cherchant la force de me relever.

Je déverrouille lentement la porte et l'entrouvre, mes yeux encore humides et bouffis.

Il me regarde avec inquiétude, dans ses yeux on pourrait croire une seconde que c'est une bonne personne, mais je n'oublie pas qui il est vraiment.

— Je t'ai vue partir précipitamment, et je me suis inquiété, dit-il avant de refermer doucement la porte.

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