Chapitre 6.5 : Sarinah

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Sarinah

Environ une semaine s'est écoulée depuis mon retour du sous-sol, et je dois admettre que ces jours ont été pour le moins déconcertants. Le temps semble s'écouler à une vitesse étrange ici, où chaque seconde s'étire dans une lenteur oppressante, comme si l'atmosphère même du château influençait le passage du temps. Rien de véritablement notable ou excitant ne s'est produit depuis, et mes journées se sont déroulées dans une routine qui, bien que sécurisante, devient rapidement lassante. Il est facile de se perdre dans ce quotidien répétitif et monotone, où l'on a l'impression que rien ne change, jour après jour. La plupart du temps, je suis restée enfermée dans ma chambre, cette pièce qui, bien qu'ornée de meubles somptueux et de tissus luxueux, n'est qu'une cage dorée. Elle m'isole du reste du monde, un lieu où le silence règne en maître, interrompu seulement par les bruits lointains du château qui semble presque respirer autour de moi.

Je passe de longues heures allongée sur mon lit, mes pensées dérivant vers des réflexions sans fin. Chaque jour est une lutte pour retrouver une forme d'énergie et de motivation après les événements bouleversants que j'ai vécus. Je m'efforce de récupérer, physiquement et mentalement, mais cette tranquillité forcée ne fait que raviver les souvenirs de cette expérience traumatisante, des souvenirs que j'aimerais tant oublier. Mon corps, épuisé par la tension accumulée, se remet lentement, tandis que mon esprit reste en alerte, incapable de se détendre complètement. Je mange, je bois, je dors, tentant de m'accrocher à ces petites routines comme à des bouées de sauvetage dans un océan de tourments intérieurs.

Heureusement, Isaac et Lexie, mes compagnons dans cette étrange période d'isolement, se sont montrés d'un soutien inestimable. Leur présence, aussi étrange que cela puisse paraître dans ces circonstances, a été une véritable bouffée d'air frais. Ils ont pris à cœur leur rôle de guides et d'amis, une tâche qu'ils accomplissent avec une assiduité presque surprenante. Chaque jour, ils veillent à ce que je ne manque de rien, mais ce n'est pas seulement leur attention matérielle qui m'aide à traverser cette période difficile. Leur enthousiasme débordant, leur énergie et leur joie de vivre, bien que parfois un peu envahissants, sont un baume sur mes pensées sombres.

Ils m'ont raconté de nombreuses histoires sur le château, des anecdotes qui, bien que fascinantes, ont pour moi un goût amer. Ce lieu est pour eux un véritable trésor, un joyau de l'histoire et de l'architecture, et ils semblent déterminés à me faire partager leur admiration. Ils se sont même lancés dans une visite guidée improvisée des lieux, une tentative touchante mais vaine de me distraire de mes propres tourments. Ils m'ont montré les vastes corridors ornés de tapisseries anciennes, des œuvres d'art qui semblent raconter des histoires d'un autre temps, d'un passé révolu mais toujours présent dans ces murs. Les immenses fenêtres à vitraux colorés filtrent la lumière du jour, projetant des éclats multicolores sur le sol en pierre, créant une ambiance presque mystique.

Chaque pièce est richement décorée, un véritable témoignage de la grandeur passée de cette forteresse. Les meubles sont sculptés avec une minutie incroyable, chaque détail témoignant de l'habileté des artisans qui ont contribué à leur création. Les murs sont ornés de portraits de personnages qui semblent me scruter avec un mélange de curiosité et de réprobation, comme s'ils savaient que je ne devrais pas être ici. Ce château, avec toute sa splendeur, est indéniablement un lieu d'une beauté impressionnante. Mais malgré cette magnificence, je ne peux m'empêcher de me sentir prisonnière, et cette beauté devient alors un rappel cruel de ma situation.

Je garde pourtant mes pensées pour moi, ne souhaitant pas briser l'illusion qu'ils tentent de créer. Leur désir de me montrer la magnificence de leur résidence contraste vivement avec mon propre désir de m'en échapper, un contraste que je me garde bien de leur révéler. Je me contente donc de sourire poliment, d'acquiescer à leurs remarques, tout en cachant au fond de moi une douleur sourde, une envie de fuir ce lieu qui, malgré sa beauté, n'est rien d'autre qu'une prison.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant